We need to talk about Kevin
Le problème avec les films comme We need to talk about Kevin, c'est que leur scénario est tellement fort qu'il vampirise le film.
Autrement dit, l'histoire garde sa force que le film soit un chef d'oeuvre, ou qu'il soit tourné avec les pieds, ce qui est plutôt le cas ici.
Rappelons brièvement le pitch : les relations amour / haine d'une mère et de son fils, conduisant (ou pas ?) ce dernier à tuer quelques uns de ses camarades de classe, dans la plus pure tradition Columbine.
Ce que je reproche au film tient principalement en deux points : il n'a pas de style, et il est beaucoup trop explicatif.
Sur le style, pas la peine de s'étendre, il ne ressemble à rien. Les flashbacks sont placés au petit bonheur, Lynne Ramsay semble toujours expérimenter de nouveaux trucs sans en fixer un en particulier, et sa direction d'acteur est très sommaire. Tilda Swinton joue sur un seul registre : bouche mi-ouverte, regard égaré. Ezra Miller a invariablement l'air de celui qui sait des choses que les autres ne savent pas, habité à l'évidence par des forces malfaisantes.
Le film nous assène ensuite tous les clichés imaginables dans ce type de situtation, dont le plus énorme : si Kevin a fait ça, c'est à cause d'Oedipe bien sûr. Et pour qu'on comprenne bien, le film accumule les scènes édifiantes : petit Kevin assiste à une fellation de maman sur papa, grand Kevin est surpris par maman en train de se masturber. Bref, c'est lourd, c'est surligné au fluo, c'est léger comme un char d'assaut. De plus Lynne Ramsay évite de nous montrer les scènes charnières du film (ce qui concerne la petite fille, le massacre lui-même). Vous allez me dire que c'est plein de délicatesse, mais je pense que c'est plutôt un évitement. Je trouve enfin que tout le film baigne dans une atmosphère non réaliste qui est assez gênante.
Si We need to talk about Kevin laisse tout de même une "impression durable de malaise", suivant l'expression consacrée, c'est donc presque à son insu.
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