Le cochon de Gaza
Je craignais le pire en allant voir ce film. Le pire étant une pochade lourde et surtout illégitime. Rappelons que le film est tourné par un écrivain français, Sylvain Estibal, et traite de l'irruption d'un cochon du Vietman dans la vie d'un pauvre pêcheur palestinien.
Si le film fonctionne, c'est principalement grâce à deux choses.
La première est la performance assez sidérante de l'acteur Sason Gabai, qu'on avait vu former un couple exceptionnel avec Ronit Elkabetz dans La visite de la fanfare. J'avais lu qu'il évoquait lui-même Chaplin dans son approche du personnage, et cela m'avait paru très prétentieux, mais force est de reconnaître qu'il y a un peu de ça. A la fois, lunaire, décidé et pauvre, il arrive à composer un personnage crédible et attachant.
La seconde, c'est la faculté du scénario à nous contredire à chaque fois que l'on pense savoir où il va nous entraîner. Si le commencement laisse présager une fable, on comprend vite que le conflit israelo-palestinien n'est finalement que l'arrière-plan d'une entreprise de démolition qui relève plus de la farce universelle. Puis, un retournement de situation dont je ne peux parler nous entraîne carrément ailleurs, dans un registre beaucoup plus grave. Les scènes de fin décollent vers un n'importe quoi qu'on jugera salutaire si on est gentil, et foutraque si on l'est moins. En tout cas, une fois de plus, elles sont inatendues.
J'ai passé un bon moment devant ce film bizarre, mal fagotté, beaucoup moins drôle et beaucoup plus intrigant que la bande-annonce le laisse présager.
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