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Articles avec #raphael personnaz

L'affaire SK1

Symbole d'une nouvelle qualité française un peu poussive, L'affaire SK1 ne présente pas beaucoup d'intérêt en terme cinématographique. 

Frédéric Tellier fait partie de ces réalisateurs laborieux qui n'hésitent pas à nous offrir un travelling vertical sur la Tour Eiffel quand celle-ci entre dans le champ de la caméra, comme le ferait n'importe quel touriste chinois en goguette sur le Trocadéro.

La plupart des acteurs et actrices sont mauvais (William Nadylam est catastrophique en avocat de Guy Georges) ou moyen (Raphael Personnaz est transparent, comme souvent, Olivier Gourmet et Michel Vuillermoz assurent tout juste, dans leur registre habituel). Une exception toutefois dans la grisaille du casting : l'extraordinaire prestation de Adama Niane, qui joue le tueur, et qui parvient à la fois a nous terrifier et à nous intriguer. 

Le film, s'il ne présente que peu d'intérêt en tant qu'objet cinématographique, excite un peu notre curiosité quant au fait divers qu'il représente. Le début de la traque est en particulier étonnante, avec ces coïncidences incroyables qui égarent les enquêteurs (le meurtre de Dijon, la présence de Reboul sur les différents lieux de crime). 

Petit à petit, la curiosité s'émousse cependant, la répétitivité des meurtres générant un certain ennui, ce qui contraint le réalisateur à faire le choix d'un montage "cache-misère", qui tente sans grand succès de dynamiser le film par un montage temporel alterné. On est évidemment très loin des vertiges métaphysiques que générait le Zodiac de Fincher, sur un sujet comparable.

Malgré tous ces défauts, L'affaire SK1 ne parvient pas à être totalement inintéressant : le portrait qu'il dessine de Guy Georges est suffisamment frappant pour marquer l'esprit du spectateur. A voir si vous avez le temps.

 

2e

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Une nouvelle amie

Le 20 octobre 2014 à l'UGC de Lille, projection du nouveau film de François Ozon en présence de la rayonnante Anaïs Demoustier et de Raphael Personnaz.

Parlons d'abord du film. Plutôt un bon cru à mon goût. Depuis le début de sa carrière, Ozon semble s'adoucir petit à petit, un peu comme l'a fait Almodovar : son cinéma, très violent au départ (Sitcom, Les amants criminels) devient petit à petit plus feutré, plus classique, même si le feu couve toujours sous le glaçage apparent. Il évolue progressivement vers un aspect hitchckokien qui est assez agréable, sauf quand il tourne à la caricature (Dans la maison). 

Une nouvelle amie, tourné au Canada, commence comme une parade de lieux communs à la sauce été indien. On assiste à une succession de plan brillante, qui dessine brièvement la trajectoire d'une vie pour aboutir dans un cercueil. Tous les paradoxes de Ozon sont déjà dans ce début : images glacées, effets un peu faciles mais redoutablement efficaces.

Le film m'a fait osciller constamment entre deux pôles : me laisser entraîner dans une histoire plutôt originale et bien jouée, ou m'arrêter sur quelques faiblesses de scénario. Le bilan de ces oscillations est une sorte de vertige plutôt agréable qui aboutit, dans un dernier plan compliqué, à une certaine perplexité. 

En fin de séance, la politesse bienveillante d'Ozon, le caractère taquin de Personnaz et le rayonnement enjoué d'Anaïs Demoustier ont littéralement scotché sur leur siège la totalité des spectateurs de la salle 6 de l'UGC. Des échanges ressort : que Personnaz a été casté pour le rôle finalement tenu par Romain Duris (mais y a été de son propre aveu très mauvais), qu'un des extraits du film qu'on entend dans Une nouvelle amie est Angel d'Ozon (car on ne paye pas dans ce cas de droit d'auteur, nous dit-il !), et que Ozon était terrifié à l'idée de jouer dans son propre film (le pervers dans le cinéma) et qu'il a même réalisé une autre prise de cette scène avec un "vrai" acteur, au cas où il se trouve vraiment trop mauvais. 

La salle lilloise a posé des questions plutôt pertinentes et les réponses d'Ozon ont mis en valeur le film. Une excellente soirée.

 

2e

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Trois mondes

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/90/56/81/20106605.jpgLorsque j'ai vu ce film à Cannes, je me souviens m'être demandé comment on pouvait rater son coup de cette façon.

Parce qu'au départ le film dispose de tout ce qu'il faut pour être bien : scénario pas mal (même si les scrupules suite à un accident ont déjà fait l'objet de multiples fictions, par exemple récemment dans Avant l'aube), casting excitant, réalisatrice pas manchote.

Bref, j'étais assis dans le carré VIP de la salle Un certain regard (un coup de bol m'avait procuré ce précieux sésame), juste derrière Clotilde Hesme qui était vêtue d'une robe assez incroyable, transparente en grande partie si je me souviens bien, bref, c'était la fin du festival, tout le monde en avait un peu marre, l'attaché de presse priait pour que la réception du film ne soit pas trop mauvaise (il citait comme catastrophe absolue la réception par la critique de Confession d'un enfant du siècle dans la même sélection, ce en quoi il n'avait pas tort), la salle était un peu vide et l'atmosphère respirait cette crainte inquiète de l'équipe du film qui sent que quelque chose cloche, bref, je regardais ces personnages s'ébattre à l'écran et je me suis dit, je m'en souviens très bien, je me suis dit, ils ne sont tous que des stéréotypes, sans chair ni âme, et c'est pourquoi le film ne fonctionne tout simplement pas très bien.

Bon voilà, on ne vas pas y passer des heures, l'actrice qui joue la femme lituanienne est la meilleure actrice du film. Le copain de Juliette joue très faux, comme la famille de Al ou ses copains.

L'intrigue ne fonctionne pas parfaitement, elle passe par des goulots d'étranglement qui laissent très dubitatif (pourquoi ne pas dénoncer le coupable dès l'hopital ?), on aurait aimé plus de critique sociale, ou a minima plus d'intéractions entre ces trois mondes.

On aurait aimé y croire un peu plus.

 

2e

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