A touch of sin
Je prétends depuis longtemps que Jia Zhang Ke est, avec son compatriote Wang Bing, un des plus grands réalisateurs actuels. Je suis donc ravi qu'il ait enthousiasmé le dernier Festival de Cannes, y gagnant curieusement le Prix du scénario, alors que A touch of sin est avant tout une magnifique leçon de mise en scène.
Ample, étonnant, ambitieux, parfaitement maîtrisé, le film raconte successivement l'histoire de quatre personnages qui ne feront que se croiser : le premier lutte contre la corruption, le second est un criminel qui semble dénué de tout sentiment, la troisième est une jeune femme violentée qui se venge, et enfin le quatrième est un jeune homme qui doit quitter son usine, et tombe amoureux d'une prostituée.
Ces quatre morceaux de vie sont marqués par une grande violence, parfois aussi frontale que chez Tarantino ou Miike, parfois plus sourde et plus sournoise, comme dans le très beau dernier épisode. Ils forment une fresque qui résume tous les problèmes de la Chine actuelle : prostitution, corruption, criminalité, condition de la femme, cupidité, croissance économique effrénée au détriment des ouvriers...
Le film est esthétiquement sublime, et le troisième épisode notamment comprend des scènes d'une beauté irréelle, d'une intensité qu'on ne voit plus guère au cinéma (la femme au serpent, les vaches sur la route). Jia Zhang-Ke ne possède pas son pareil pour filmer les paysages et les barres d'immeuble. On est là en présence d'un grand artiste, sans aucun doute, qui marquera très probablement le cinéma du XXIe siècle (Jia Zhang Ke n'a que 43 ans).
A voir d'urgence.
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