Les chevaux de Dieu
Il est intéressant de comparer Les chevaux de Dieu au récent film de Philippe Faucon, La désintégration, qui traitait du même sujet : comment en vient-on à être un martyr de l'Islam dans un attentat suicide ?
Autant le film de Faucon était intellectuel, presque désincarné dans une France froide et austère, autant celui de Nabil Ayouch, tourné au Maroc, est chaleureux, sensuel et romanesque.
On suit tout d'abord l'enfance d'une bande de gamins : Yachine et son frère Hamid, Nabil, Fouad, et quelques autres. L'aspect presque documentaire du tournage dans un bidonville de Casablanca, les péripéties dramatiques de cette période rendent le film tout à fait plaisant.
La montée en puissance de l'islamisme radical est ensuite analysé d'une manière exhaustive et passionnante. On retrouve évidemment les causes habituelles (mais ici subtilement incarnée) : sentiment d'entraide, révolte de classe, utilisation du sentiment d'injustice, glissement progressif du sentiment religieux vers une haine de l'autre, promesse d'un paradis inaccessible, etc.. Beaucoup plus palpitantes encore sont les pistes ouvertes par le film vers des explications plus osées et plus liées aux personnages du film : compétition fraternelle, frustations sexuelles (homo et hétéro).
La mise en scène est de qualité, élégante et énergique, et on se demande bien comment ce film exemplaire n'a pas fait plus parlé de lui. A voir de toute urgence.
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