Shame
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Dans Shame, on voit très bien ce qu'à voulu faire Steve McQueen. Malheureusement, on voit aussi très bien, et en continu, à quel point il n'y arrive pas.
Ce qu'il a voulu faire, c'est montrer l'enfer d'une addiction peu abordée au cinéma, l'addiction au sexe, dont on a commencé à parler récemment seulement, à travers les cas de certaines personnalités, comme Tiger Woods ou Hugh Grant. Le réalisateur tente donc de nous décrire la spirale pulsion / passage à l'acte / sevrage / rechute / pulsion / etc, assez classique dans ce genre de situation.
Le souci est qu'on ne s'intéresse jamais vraiment aux problèmes de son personnage. Sûrement d'abord par la faute d'un scénario tout à fait bancal, amorçant des pistes tout de suite refermées (le boss, l'amourette avec la jolie secrétaire), et introduisant le rôle de la soeur de façon totalement artificielle.
Carey Mulligan semble ainsi se spécialiser dans les rôles de cruche, après la maman cruche de Drive, elle s'essaye ici à la cruche pouffiasse avec une conviction moyenne et un résultat déplorable. Jamais je ne suis arrivé à voir les deux personnages comme frère et soeur. Le climax complètement raté (la tentative de suicide alors que Brandon se paye une soirée bien gratinée) est symptomatique de la lourdeur du scénario, qui ne nous épargne aucun cliché.
Le film souffre donc globalement d'un déficit de crédibilité et de mise en perspective.
Shame est glacial, glacé, et Fassbender (qui pour une fois semble avoir des difficultés à tenir le manche, si je puis dire) est obligé d'en faire des tonnes (rictus, larme en coin, grimace et prostration) pour nous faire bien comprendre qu'il est mal. La mise en scène, qui m'avait ravie dans Hunger, est ici ampoulée et ne sert rien d'autre qu'elle-même. Bien sûr certains cadres sont bien vus (comme celui du pré-générique) mais c'est le moins qu'on puisse attendre d'un plasticien.
L'ennui n'est jamais loin, et la déception cruelle.
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