Le disciple
Petite sensation du dernier festival de Cannes, ce premier film du russe Kirill Serebrennikov est une curiosité un peu piquante.
Le film est adapté d'une pièce de Marius von Marienbourg, que j'ai vu l'année dernière à Tourcoing. Bien que l'époque et le contexte aient été changé, Le disciple reste fidèle à sa source : il s'agit de montrer un jeune chrétien qui se radicalise à partir d'une lecture littérale de la Bible. On voit bien sûr le rapport à l'actualité récente.
Le réalisateur utilise un procédé qui surprend, mais auquel on s'habitue progressivement : les sources bibliques des citations apparaissent en incrustation sur l'écran. Cette lancinante énumération qui parfois tient lieu de dialogue, prouve qu'on peut faire dire n'importe quoi à n'importe quel texte, en sortant des éléments soigneusement choisis de leur contexte.
L'intérêt du scénario réside dans la façon dont les institutions russes donnent du crédit à ces élucubrations contre l'avis d'une jeune prof qui tente (maladroitement) de faire valoir la valeur du raisonnement scientifique.
Tout cela se finira mal, évidemment, du fait notamment du substrat de refoulement (homo ?) sexuel qui explique d'une façon peut-être un peu trop évidente l'attitude du jeune homme.
La mise en scène est superbe, à base de plans-séquences de toute beauté. A voir si vous avez le temps.
Commenter cet article