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Christoblog

12 years a slave

Quel ennui ! 12 years a slave prouve une fois de plus que bons sentiments et grand cinéma ne coïncident que rarement.

Tout est malheureusement très lourd et très fadasse dans ce troisième film de Steve McQueen. Les méchants y sont très prévisiblement méchants, les opprimés sont tous très gentils. Le soleil se couche (on a donc droit à plusieurs couchers de soleil), la lune brille la nuit, l'eau coule, la nature est belle, et le Noir se laisse gagner par l'irrépressible besoin de chanter un gospel.

La progression de l'histoire est édifiante, le film didactique et profondément académique, jusqu'à ses choix de cadres, de mouvements de caméra ou de plans. Par exemple : la pelletée de terre sur la caméra lors d'un enterrement, je pensais que plus personne n'osait ça de nos jours. Les scènes accumulent une telle quantité de poncifs que le film finit par desservir la cause qu'il devrait servir.

Du Steve McQueen de Hunger, il ne subsiste que l'acteur, le toujours impressionnant Michael Fassbender, quelques très gros plans et une coloration doloriste. Ce qui faisait l'originalité de ce premier film (le mémorable plan de 22 minutes par exemple) s'était déjà perdu en route, dans le calamiteux Shame.

On dirait que Steve McQueen a volontairement conçu un produit pour les Oscars : lisse, sans accroc, mais sans véritable enjeux dramatiques non plus. Il est fort étonnant de constater que toutes les scènes prétendument insupportables sont totalement désamorcées par l'indigence du scénario, du montage, et parfois du jeu approximatif des acteurs.

Un film de dimanche soir sur TF1.

 

2e

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M
Salut, <br /> Je conçois que le rythme est un peu lent, mais je trouve que les acteurs réalisent une bonne performance. Je salue aussi la mise en scène du réalisateur. Pour ma part j’ai bien aimé !
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C
Je te trouve très dur. Oui en effet, le film est parsemé de quelques clichés. L'ennuie c'est que quand on n'a pas aimé un film, on lui trouve tous les défauts du monde. C'est ce qui t'ai arrivé. Ca arrive de ne pas du tout aimer un film, passer littéralement à côté. Je ne trouve pas 2 years a slave exceptionnel mais je pense que c'est un film très intéressant à regarder culturellement, et aussi physiquement (une belle mise en scène). Je te conseille de le revoir un peu plus tard, quand il passera sur TF1 :D
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J
A quoi ça sert de faire la critique d'un film quand on est intellectuellement incapable d'en comprendre la subtilité ?
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P
C'est marrant &quot;espèce écervelé&quot; comme qualificatif... <br /> C'est marrant aussi le (vieux) coup du &quot;dis-donc fais-en donc un de film, espère de trou du cul, après tu pourras critiquer&quot;, qu'on peut allègrement transformer en &quot;fais-en donc une de critique, espère de bon à rien&quot;, ensuite on pourra discuter.
M
Craché juré, ce n'est pas moi qui se cache derrière cet imbécile.
C
Cher James, vos remarques m'amusent beaucoup :<br /> - je peux me distraire en dénombrant vos fautes d'orthographe<br /> - je suis ravi de vous faire perdre votre temps<br /> - j'espère que vous allez continuer longtemps à augmenter les stats de fréquentation de mon blog, ce qui indirectement contribue à renforcer ma notoriété sur le net<br /> Merci !
J
L'anonymat sur internet est un genre de pléonasme espèce d'écervelé, A quoi ça vous sert de connaitre mon nom ? vous allez vous plaindre auprès de vos mères ? <br /> En plus, l'insulte ne vient pas de moi, mais de cet ignare qui ne sait pas critiquer correctement un film, insultant tous ceux qui ont travaillé dessus. <br /> Décidément, ce blog est fait par un con et lus par des individus à son image. <br /> Pour reprendre votre notion de courage, il serait bon que notre &quot;auteur&quot; préféré puisse avoir le courage d’arrêter ses critiques bidons, et d'essayer quelque chose de plus constructif... Un film pourquoi pas, pour qu'enfin d'autres individus aussi malin que lui le descendent sans raisons apparentes..
P
Quel courage, mystérieux James, de venir insulter gratuitement et anonymement quelqu'un.<br /> Il y a pourtant ici de la matière pour opposer ses propres arguments à l'auteur de ce blog.<br /> Mais vous préférez l'insulte, la banale insulte. C'est juste lamentable.
B
Je comptais aller voir ce film mais là franchement, je n'ai plus du tout envie ! Mais j'irai quand même ! Merci pour cette super critique !
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P
Zut. J'ai répondu en-dessous...
P
Je tiens tout d'abord à remercier l'ami Mymp pour me citer à deux reprises. Je rejoins d'ailleurs tous ses arguments.<br /> Chris, je ne suis pas d'abord sur l'idée qu'Epps, du fait de sa nature dérangée, occulterait tout le reste. Le personnage de Ford, qui arrive en premier (et c'est important), exprime très clairement la mécanique de l'asservissement. C'est là que le sujet est posé.<br /> Epps est une conséquence directe de cette situation, sorte de bourreau collatéral du système économique et social de l'esclavage, comme Tibeats avant lui. Ce système qui dérègle de fait l'humain, crée FORCÉMENT et en majorité, des types comme Epps, puisqu'il est basé sur le pouvoir absolu donné à certains hommes sur d'autres. Et, en effet, Epps est très proche du personnage de DiCaprio dans Django, seul personnage intéressant du film de Tarantino d'ailleurs (mais c'est un autre sujet).
M
Je reprends tes... &quot;arguments&quot; pour te répondre en même temps :<br /> <br /> - &quot;J'aurais aimé que certains (noirs) soient faibles, furieux, suicidaires, collabos, dépressifs, irritables : Patsey est suicidaire (la scène où elle demande à Solomon n'est pas ridicule, elle est glaçante, terrible parce qu'une femme a décidé d'en arriver là...), celle à qui on a pris son enfant est faible et furieuse, Solomon est furieux... Les autres sont faibles aussi quand Solomon reste pendu à son arbre, et que personne ne bouge (sauf une qui viendra lui apporter à boire). Je cite Pierre : &quot;On dit aussi que les noirs seraient ici trop gentils et les blancs trop méchants. Les compagnons de bateau de Solomon sont-ils gentils à ce point ? Le domestique qui interdit à Solomon de monter un escalier, l'esclave affranchie devenue Maîtresse Shaw et ne remettant rien en cause, sont-ils irréprochables ? Et comment fallait-il montrer les maîtres blancs ? Comme des victimes du système ? Même Ford, qui se croit bon, est un négrier. En réduisant les uns à n'être plus rien, en faisant des autres leurs tortionnaires, l'esclavage retire à chacun toute part d'humanité.&quot;<br /> <br /> - Ford n'est pas transparent, au contraire, je l'ai trouvé affable et finalement hypocrite : je sais être gentil, mais j'ai quand même des esclaves. La femme de Epps aussi, qui semble accepter cela avec résignation. Elle n'est pas particulièrement mauvaise, limite elle s'en fout des Noirs, c'est juste une femme aigrie et terriblement jalouse. C'est un personnage plus complexe qu'il n'y paraît que j'ai trouvé très intéressant (et n'y voir qu'une épouse sadique d'un sadique, c'est la réduire machinalement, c'est ne pas chercher à comprendre, à voir, c'est chercher la facilité pour critiquer...).<br /> <br /> - &quot;En faisant de Epps une sorte de cliché de nazi&quot; : qu'a-t-il de si différent du personnage de DiCaprio dans Django ? Pas grand-chose je trouve. Il y en avait des types comme ça, et tu te contredis même en écrivant &quot; il aurait été bien plus fort de montrer un esclavage ordinaire, ignoblement neutre&quot;, c'est-à-dire EXACTEMENT le personnage de Ford que tu trouves... transparent ! Ahhh, la mauvaise foi...<br /> <br /> - &quot;La plupart des constructions de scènes sont clichés&quot; : à part celle que tu cites (McQueen pose juste les bases de la vie de Solomon sans s’appesantir dessus puisqu'on ne verra plus sa famille, qui n'est pas le sujet du film) et celle de la&quot;pelle&quot; (franchement Chris...), à te lire on a l'impression que tout le film est une succession de clichés... Je ne chercherai même pas à aller contre cet argument qui n'en est pas un.<br /> <br /> - &quot;Non, elle le sera pour le moins bon motif qui soit : vouloir être propre !&quot; : j'ai justement trouvé ça fort et tellement dérisoire en même temps (et puis ça n'a pas été écrit par McQueen, n'oublie pas que le film est adapté d'un livre) face au déchaînement de violence de Epps. Quand elle brandit son savon comme si celui-ci allait la sauver, on voit bien à quoi les esclaves sont réduits, sauver leur peau coûte que coûte. Baisser la tête, oublier qui on est, &quot;réduit au rang de silhouettes, n'avoir plus de vraie personnalité&quot;...<br /> <br /> - &quot;La nature est filmée comme dans un reportage du National Geographic (oh le joli bayou)&quot; : parce que Nuri Bulge, il la filme comment la campagne turque dans Il était une fois en Anatolie (ou dans Les climats) ???? Je cite Pierre encore : &quot;L'image est magnifique. Certains en font le reproche, comme s'il avait fallu que les paysages fussent moches, comme si la nature avait dû elle aussi s'allier aux négriers pour pourrir la vie des esclaves&quot;.<br /> <br /> - &quot;La scène des retrouvailles en rang d'oignons de la fin est ridicule dans son hiératisme forcé&quot; : donc il aurait fait du tire-larmes, tu aurais critiqué aussi. Tu ne lui laisses aucune chance à McQueen ! J'ai trouvé cette fin juste : McQueen va à l'essentiel, et il y va vite (encore une fois, le sujet n'est pas la famille perdue de Solomon) en évitant les violons et l'émotion au kilomètre.<br /> <br /> Ce qui m'agace particulièrement par rapport à 12 years a Slave, c'est que, d'entrée, beaucoup (comme tu peux le voir sur SensCritique) ont décidé de ne pas aimer le film (et SANS MÊME LE VOIR pour certains) ! Parce que des Oscars, parce qu'une B.A. putassière et ratée, parce que tout le barouf autour du film, parce que je ne sais pas... Quand je lis tes &quot;arguments&quot;, je me dis que tu fais partie de ces gens (mais peut-être me trompe-je, dis-moi que je me trompe-je...).
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C
Bon, on va pas y passer non plus une semaine. Je pense que nous avons compris l'un l'autre nos arguments. Je n'avais pas d'a priori envers le film, si ce n'est la bande-annonce, qui, je trouve, restitue bien l'esprit du film.<br /> Si j'essaye de comprendre vraiment pourquoi je n'ai pas aimé du tout le film, je pense que je dirais qu'il dénature le fait profond de l'esclavage, par le biais que constitue la personnalité sadique de Epps. Si le film avait développé sur la durée le personnage de Ford, cela aurait été bien plus intéressant. D'ailleurs jusqu'à la scène de la pendaison je faisais encore crédit au film. <br /> Libération, dont j'ai lu la critique après avoir écrit la mienne, résume exactement mon point de vue : <br /> &quot;Toutefois, McQueen a pris le parti de faire de cette addition d’horreurs l’exclusif argument de son réquisitoire. Cette virulence rageuse finit par occulter involontairement une dimension essentielle. L’ignominie de l’esclavage est tout entière contenue dans son caractère institutionnel, dans le fait qu’il répondait à des besoins économiques précis. Le droit des planteurs à disposer des individus à leur guise, pour se remplir les poches ou pour assouvir leurs pires pulsions, en est la conséquence.<br /> <br /> Or, représenter les esclavagistes comme des sadiques compulsifs (Michael Fassbender en roue libre) revient à faire le procès de l’anomalie, d’une folie sanguinaire dont cette institution a toléré l’existence. Comme si la dénonciation de la mécanique d’un système abominable ne suffisait pas, et que pour susciter l’émotion - une vertu américaine -, il fallait renoncer à pointer du doigt la source du mal pour n’en montrer que les effets pervers.&quot;