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Christoblog

Articles avec #uma thurman

Oh, Canada

Rarement le propos d'un film m'aura aussi peu intéressé.

Cette histoire de photographe qui s'exile au Canada ne présente pour moi aucun intérêt : les péripéties de sa vie sont communes et sans relief.  

Le contraste avec ce qui nous est montré est d'autant plus perturbant : sur son lit de mort, le photographe va être interviewé par deux étudiants journalistes avec tout un procédé très impressionnant, et en présence de sa femme. On s'attend a minima à avoir de lourdes révélations : un complot contre l'Etat américain, ou une double vie a minima. Que nenni, les secrets du pauvre homme consistent en quelques coucheries, des enfants abandonnés un peu partout et le refus d'aller au Vietnam. La belle affaire.

L'histoire est inintéressante, et Paul Schrader décide donc d'en faire des tonnes sur le dispositif du film. Nous avons donc droit à au moins quatre époques différentes dont les trames temporelles s'entremêlent, filmées dans des formats très différents (c'est pratique, comme ça on ne peut pas se tromper !). 

Un procédé spécifique est utilisé, que j'ai trouvé très déplaisant : les personnages jouent (parfois) dans les scènes du passé avec leur physique actuel, ce qui ne contribue pas à rendre ces scènes crédibles. De la même façon la voix off appartient à plusieurs personnages, ce qui là non plus n'aide pas à entrer dans la narration. A vrai dire, on est parfois perdu dans cet embrouillaminis stylistique.

J'ai beau réfléchir, je ne trouve aucune qualité à ce film.

Paul Schrader sur Christoblog : The canyons - 2014 (***)

 

1e

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The house that Jack built

Il y a quelque chose d'effroyablement triste dans la façon dont Lars von Trier saborde son talent au fil du temps.

Les petites provocations du film (dont l'ablation d'un sein dans l'indélicate intention d'en faire un porte-monnaie, une fois la peau tannée) ne paraissent finalement que roupie de sansonnet face à l'incroyable naufrage en continu que constitue la filmographie de Lars von Trier.

Le nouvel opus de l'âme damnée danoise se situe dans le prolongement de l'exercice précédent, l'inégal et indécent Nymphomaniac : scènes tirées d'une même vie à plusieurs années de distance, voix off omnisciente, focus sur une addiction mal contrôlée, le tout entrelardé de considérations diverses sans grand rapport avec le schmilblick (Glenn Gould, Gauguin, les nazis, Klimt, les cathédrales...).   

Pour ma part je n'ai pas vraiment ressenti de malaise en regardant ce film censé en générer. La logorrhée incontrôlée du personnage principal devient au fil des séquences de plus en plus ennuyeuse, et à l'initiale curiosité malsaine succède vite un ennui carabiné.

La descente finale aux Enfers n'est au final suivi que d'un oeil attristé, bien loin de l'effet dantesque qu'elle est probablement destinée produire. 

Peu dérangeant, ponctuellement séduisant, The house that Jack built finit par paraître inutile, tant l'ego malade de son auteur en vient à contaminer son oeuvre. Une petite chose.

Lars von Trier sur Christoblog : Melancholia - 2011 (**) / Nymphomaniac 1 - 2014 (****) / Nymphomaniac 2 - 2014 (**)

 

2e

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Nymphomaniac (Volume 1)

http://fr.web.img6.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/pictures/13/12/02/16/30/380373.jpgJe n'étais pas loin de craindre le pire en allant voir le dernier Lars von Trier : une sorte de démesure dans la dégradation de la femme, et de Charlotte Gainsbourg en particulier, voilà ce que le passé du réalisateur (Antéchrist), le titre et la bande-annonce me laissait présager.

Et puis vint la première scène, lors de laquelle Seligman, le personnage joué par le très bon Stellan Skarsgård, découvre Joe (Charlotte Gainsbourg) inconsciente. Elle est somptueuse. Les mouvements de caméra y sont divins, les cadrages et la bande-son audacieux, tout y est parfait.

A partir de cette entrée en matière alléchante, le film met en scène un dialogue entre une femme qui va raconter l'histoire de sa vie, et un vieil homme. Il y a de la Schéhérazade dans le personnage de Joe : Seligman est suspendu à la progression de l'histoire, et le couple s'amuse pour chacun des épisodes à faire correspondre les éléments du récit à quelque chose qui se trouve dans la pièce : une mouche pour pêcher, une fourchette à gâteau, un tableau, une cassette de musique. Ce procédé donne au film un charme intense, entremêlant détails et anecdotes philosophiques, scientifiques ou religieux  avec le récit de Joe.

Le miracle de Nymphomaniac est bien là : on croit venir voir un film porno un peu trash, et on a droit à des exposés sur la suite de Fibonacci, sur la musique de JS Bach, ou sur les feuilles de frênes. Lars Von Trier utilise des procédés de mise en scène que certains ne trouveront pas forcément de très bon goût (vraies ou fausses images d'archive, noir et blanc un peu tapageur, split-screen, accélérés, incrustations, répétitions, musiques très contrastées), mais qui contribuent à donner à l'oeuvre l'aspect d'une construction subtile et ludique.

Autre surprise, on rit franchement à plusieurs reprises, et de différentes façons. On sursaute aussi, au moins une fois, je vous le garantis. Et on est aussi agréablement mal à l'aise lors d'une scène stupéfiante, lors de laquelle Uma Thurman donne toute la mesure de son talent.

Vous pensez sûrement à ce stade de la critique : mais quand va-t-il de parler de sexe ? Eh bien au risque de vous décevoir, je ne vais pas en dire grand-chose. Joe est victime d'une addiction au sexe, mais elle pourrait être tout autant dépendante de l'alcool, du mensonge ou du risque. La multiplication des partenaires (jusqu'à 10 par jour) donne à son activité sexuelle un aspect routinier qui en enlève pratiquement tout intérêt sensuel. La nymphomanie est donc ici plutôt le prétexte à décrire la solitude de Joe d'une part, et à fournir au film des ressorts scénaristiques intéressants, d'autre part.

Pour finir, il faut signaler que tout le casting est excellent, car outre les acteurs déjà nommés, Stacy Martin (Joe jeune) est confondante, et Shia LaBeouf, que je n'apprécie pas habituellement, est ici une parfaite tête à claque. Les seconds rôles sont éclatants : Christian Slater campe par exemple le père de Joe avec une belle dignité.

2014 commence en beauté.

 

4e

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