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Christoblog

Articles avec #niels schneider

Les choses qu'on dit, les choses qu'on fait

Pour peu qu'on ne soit pas allergique au style et aux motifs récurrent d'Emmanuel Mouret (des gens parlent ad libitum de leurs peines de coeur, et tout le monde veut coucher avec quelqu'un d'autre que celui ou celle avec qui il ou elle est), on considérera que ce dernier film est le grand oeuvre du cinéaste marseillais.

Le marivaudage élégant qui constitue sa marque de fabrique se teinte ici de tonalités plus graves et plus profondes. Le résultat est donc aussi brillant que d'habitude, une fois que la musique romehrienne des dialogues très écrit est intégré, mais également plus émouvant.

Toutes les composantes de Les choses qu'on dit, les choses qu'on fait semblent d'ailleurs bonifiées : l'écriture est souveraine, le découpage du film parfait, l'utilisation de la musique (une sorte de best of de morceaux classiques pour piano) très pertinente, et même la mise en scène, usuellement quelconque chez Mouret, prend ici des couleurs.

Mais l'arme fatale du film, c'est le haut niveau d'incandescence que semblent atteindre acteurs et actrices. Camélia Jordana est brillante, Niels Schneider convaincant en Candide indécis, Guillaume Gouix impérial en goujat malgré lui et Vincent Macaigne trouve ici un de ses meilleurs rôles. Emilie Dequenne porte enfin le dernier arc narratif du film sur ses épaules et propose un personnage bouleversant. Sa prestation, exceptionnelle, justifie à elle seule la note maximale accordée au film.

Du grand Mouret.

 

4e 

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Sympathie pour le diable

Tiré du livre du journaliste Paul Marchand, qui a couvert le siège de Sarajevo, Sympathie pour le diable coche toutes les cases du film de guerre réussi : une impression de réalité absolument sidérante (et je pèse mes mots), une sensibilité à fleur de peau, des morceaux de bravoures.

Le film de guerre se dédouble rapidement : il  sera non seulement question de rendre compte de ce que les Serbes ont fait à Sarajevo, mais aussi de dresser le portrait sans concession d'un ego surdimensionné, d'un journaliste tourmenté qui petit à petit se fait dévorer par la guerre.

C'est peu dire que le film est admirablement fait. L'interprétation est fantastique, les choix de mise en scène brillants, la direction artistique très convaincante. On est happé par le rythme du film, les ambiances cotonneuse de l'hiver à Sarajevo, l'impression d'enfermement que procure, entre autre, la taille de l'écran 4/3.

C'est du grand art.

 

4e

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Sibyl

Qui trop embrasse mal étreint : voilà qui pourrait résumer Sibyl

Sur le papier tout est formidable : un scénario hitchcokien, une actrice au sommet, une réalisatrice en pleine phase ascendante. 

Pourtant, rien ne parvient à fonctionner à l'écran. Les tonalités tout le temps changeantes du film, le découpage inutilement compliqué, les commentaires en voix off qui alourdissent le film, les redites qui surlignent le propos : Sibyl croule finalement sous l'accumulation de ses intentions. 

Si Virginie Efira est magnifique et Sandra Hüller parfaite, les autres acteurs tournent un peu en mode automatique : Adèle Exarchopoulos excelle dans ce qu'elle sait le mieux faire (pleurer avec excrétion), Niels Schneider est joli à regarder et Gaspard Ulliel n'est pas très bon.

En somme, le film aurait pu être bon, mais il patine, faute à une surabondance d'effets. On n'en voudra pas à Justine Triet, qui ne parvient jamais à nous intéresser vraiment à ces personnages, et on attendra l'essai suivant.

 

2e

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Un amour impossible

Je n'attendais pas grand-chose de ce film : Catherine Corsini m'a parfois déçu, Christine Angot m'insupporte et si j'aime bien Virginie Efira, force est de constater que sa carrière n'en est encore qu'à ses débuts.

Le choc éprouvé hier après-midi n'en est que plus grand.

Commençons par la prestation des acteurs et actrices. Virginie Efira est magnifique, alternant détermination positive, douleur intériorisée et candeur amoureuse avec une classe incroyable. J'ai vraiment eu l'impression d'assister dans Un amour impossible à la naissance d'une très grande actrice, de la classe de Catherine Deneuve par exemple. Le reste du casting est parfait: Niels Schneider sidérant en salaud séduisant, Jehnny Beth incroyable de vérité en Chantal adulte. Le moindre des seconds rôles (la soeur de Rachel, ses collègues de bureau, l'ami mauricien, le père de Philippe) semble parfaitement à sa place.

La mise en scène de Catherine Corsini est ensuite brillante. Les mouvements de caméra sont à la fois inspirés et signifiants, ce qui est bien le propre des grandes réalisatrices. Pour ne donner qu'un exemple, la discussion entre Rachel et sa fille dans le café parisien est un grand moment de cinéma : les lentes oscillations de la caméra, très proche des deux visages, sont bouleversantes.

Il y a dans Un amour impossible une alchimie parfaite entre la direction artistique (quelle belle restitution de chaque époque !), la rigueur de la mise en scène et du montage, l'intensité de la progression dramatique et la densité du jeu des acteurs.

Le résultat est qu'on est littéralement emporté dans cette histoire terrible et haletante, souvent ému au larmes et confondu par ce sentiment d'une vie qui s'écoule sous nos yeux. C'est superbe.

Catherine Corsini sur Christoblog : Trois mondes - 2012 (**) / La belle saison - 2015 (***)

 

4e 

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Diamant noir

Il faut un certain cran à Arthur Harari pour se lancer dans un scénario de film noir complexe à l'occasion de la réalisation de son premier film.

L'intrigue de Diamant noir est particulièrement alambiquée, sans être profondément originale : il est question d'un petit délinquant qui apprend la mort de son père, perdu de vue depuis longtemps. Ce père s'avère avoir été spolié par sa famille, des diamantaires d'Anvers. A l'occasion des funérailles, l'occasion va être donnée au fils de s'incruster dans la-dite famille et d'y faire à la fois son trou et le lit de sa vengeance.

Disons-le, l'intérêt du film n'est pas vraiment dans le scénario, ni dans l'interprétation artificielle du pourtant magnétique Niels Schneider, mais dans la mise en scène et ses parti-pris formels tout à fait étonnants : éclairages artificiels néo-expressionistes en couleurs, rêveries suréalistes, accumulations de gros plans inquiétants, scènes émergeant d'un inconscient torturé (le quasi-viol par exemple), mélange malsain des genres, récurrence des motifs narratifs.

Le tout donne au film une tonalité hitchcockienne post-moderne (on songe aussi au Coppola de Tetro ou encore à De Palma) pas désagréable. 

A suivre.

 

2e

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Les rencontres d'après-minuit

http://fr.web.img5.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/pictures/210/014/21001475_20130425104314435.jpgDifficile de parler de ce film dont les différents pitchs possibles ne rendront dans tous les cas que très partiellement compte de son contenu.

Par exemple :

- Au cœur de la nuit, un jeune couple et leur gouvernante travestie préparent une orgie. Sont attendus La Chienne, La Star, L’Etalon et L’Adolescent (Allociné)

- Béatrice Dalle sadise un Eric Cantona au sexe surdimensionné dans une cage irréelle 

- Un film que la fierté de son verbe comme de sa mise en scène propulse comme en véritable manifeste d'"expressionisme pop" (Cahiers du cinéma)

- Un mélange formel d'Art Déco, d'années 80 et de design rétro-futuriste dans lequel de nouvelles Shéhérazades racontent l'histoire de leurs traumas

- Yann Gonzalez impose une voie singulière, celle d'une artificialité assumée d'où nait une émotion terrassante (Le Monde)

- Imaginez Eric Rohmer qui aurait écrit " La Partouze à sept n'aura pas lieu"

Certains seront forcément déboussolés par cet objet sorti de nulle part et y retournant, comme si Le Manuscrit trouvé à Saragosse avait croisé par hasard le marquis de Sade, d'autres (c'est mon cas) se laisseront charmer, emportés (en tout cas par moment) par l'inventivité forcenée de la démarche : on n'a réellement JAMAIS rien vu de pareil, et cela devient de plus en plus rare.

Il n'y a pas tant de films que ça pour lesquels la meilleure critique paraisse être au final : allez-y voir par vous-même.

 

3e

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Les amours imaginaires

MK2 DiffusionLes amours imaginaires est une petite chose pimpante, qui va plaire aux amateurs de friandise.

Le bonbon est sucré, coloré, avec juste un peu d'amertume. Le résultat n'est pas désagréable.

Xavier Dolan emprunte à beaucoup de monde dans ce film : à Wong Kar Wai le ralenti amoureux et le battement de cil de 3 secondes, à Gus Van Sant la manie de filmer les gens marchant par derrière, à Gregg Araki une scène (celle de la pluie de marshmallows), à Christophe Honoré Louis Garrel (un faux blond, puis le vrai), à Almodovar ses couleurs et ses rouges à lèvres, à Audrey Hepburn son sourire, etc.... Je trouve qu'il ne fait pas preuve en cela d'une grande maîtrise et ne fonde pas un style très personnel. Le résultat est fait de bric et de broc, répétant des recettes à satiété (zoom avant arrière saccadé, filtre de couleurs...). L'émotion n'est jamais venue en ce qui me concerne, même dans les témoignages de personnes étrangères à l'histoire, un procédé beaucoup plus réussi dans Poetry.

Finalement ce qui m'a le plus plu dans le film ce sont les acteurs. Dolan lui-même est très bien. Il a de bonnes chances de rejoindre dans cette catégorie des acteurs-réalisateurs de talent : Allen, Moretti, Eastwood.

Monia Chokri est excellente, vintage jusqu'au bout des ongles, très "nouvelle vague". Niels Schneider m'a énervé, ses airs ne m'ayant jamais convaincu et son personnage ne crédibilisant pas le scénario.

Certaines scènes sont amusantes (les deux ruptures, la visite de la mère), caustiques sans être véritablement cruelles.

Une oeuvre de jeunesse, à mon avis en mode mineur, d'un cinéaste dont on devine qu'il peut beaucoup plus.

 
2e

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