La chasse
Difficile d’imaginer que le cinéaste du prodigieux Festen (un de mes films préférés des années 90) soit le même qui ait commis l’indigeste La Chasse.
Dans le tourbillon cannois de cette année, le film de Vinterberg avait grandement contribué, avec Des hommes sans loi, Sur la route et quelques autres, à me faire considérer la sélection 2012 comme plate et académique.
L’idée développée par le film est rebattue : un innocent instituteur (Mon Dieu, quel beau métier que se dévouer pour l’éducation de la petite enfance !) se voit accusé injustement par une petite fille d’attouchements.
Celle dernière est tout simplement jalouse et aimerait plus d’attention de la part de son maître, la petite garce. Elle connait les détails de l’anatomie masculine par la faute de son grand frère qui mate des films porno, le pervers. Tous les habitants vont progressivement prendre leur distance avec l’innocent, méprisant par là-même la présomption du même nom, les salauds.
Les méchants voisins iront même jusqu’à exécuter le chien de l’accusé, sous la pluie, ce qui s’avèrera particulièrement cruel puisque l’infortuné devra enterrer la pauvre bestiole sous un déluge, et sous les yeux de son fils. Bouh, c'est trop triste.
Le film accumule les poncifs en tout genre comme vous pouvez vous en rendre compte en lisant les quelques lignes précédentes, sans jamais arriver à faire naître la tension, ni causer un trouble moral qui irait au-delà de « des quidams peuvent devenir méchants et injustes quand ils sont cons et nombreux», ce qui n’est ni nouveau ni passionnant.
Il manque au scénario un peu de méchanceté, un soupçon de violence ou de perversité (il aurait été à l’évidence bien plus efficace de faire douter le spectateur de l’innocence de l’instituteur, et de ne révéler celle-ci qu’à la fin).
Le jury cannois, pas à une aberration près cette année, accorda le prix d’interprétation masculine à Mads Mikkelsen. On se demande bien pourquoi, tant l’envie de botter le cul de ce dernier en lui hurlant de se révolter (ce que chacun ferait bien naturellement dans sa situation) vous étreint tout au long de ce pensum laborieux.
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