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Christoblog

Articles avec #samuel benchetrit

Cette musique ne joue pour personne

Je ne suis habituellement pas du tout friand de l'ambiance des films de Samuel Benchetrit, que je trouve trop froids et distanciés. J'ai en particulier détesté Asphalte.

C'est donc avec une certaine appréhension que j'ai découvert son dernier film au Festival de Cannes, en juillet dernier.

Peut-être est-ce l'ambiance de la Croisette, ou la présence dans la salle de l'équipe (impressionnant JoeyStarr !), mais j'ai cette fois-ci trouvé le film plutôt plaisant, notamment grâce à l'interprétation délicieuse du toujours parfait François Damiens.

Tout n'est pas bon, loin de là, et la machine tourne toujours un peu à vide, mais les lumières et les ambiances du Nord donnent ici une substance légèrement poétique au film, qui le rend plus chaleureux que les précédents. J'ai beaucoup aimé en particulier le couple JoeyStarr / Bouli Lanners en Réservoir dogs franchouillards, alors que Kervern m'a, comme d'habitude, laissé assez froid. L'insert aux airs de fable décalée, dans lequel Vincent Macaigne se fait adopter par une famille indienne, est hilarant. 

Un divertissement plutôt réussi, qui confronte habilement éléments contemporains (réseaux sociaux, télé-réalité) et bon vieux clichés de salut par l'art "à l'ancienne" (poésie, théâtre).

Samuel Benchetrit sur Christoblog : Asphalte - 2015 (*)

 

2e

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Au bout des doigts

Au bout des doigts est un film très qualité française. J'entends par là qu'il a les qualités et les défauts classiques du cinéma français milieu de gamme :  une interprétation solide, un scénario charpenté mais vulgaire, des seconds rôles sacrifiés et une bonne utilisation des décors.

Deux éléments permettent au film de se distinguer. Tout d'abord une façon de filmer la musique classique exceptionnelle. On est vraiment absorbé par la force de la musique et l'implication de Jules Benchetrit (oui, c'est le fils de Samuel Benchetrit et Marie Trintignant). Sous cet angle il y a un petit peu de Whiplash dans le film de Ludovic Bernard. L'autre point fort d'Au bout des doigts, c'est Kristin Scott Thomas, comme toujours formidable.

Le dynamisme de la mise en scène et l'élan amoureux pour la musique classique qui traversent le film finissent par l'emporter (de peu) sur la gêne provoquée par les énormes ficelles du scénario.

Un respectable film de dimanche soir sur TF1.

 

2e

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Asphalte

Asphalte est au cinéma ce que les chatons sont à Internet : ça ne fait de mal à personne et beaucoup sont prêts à aimer (le "c'est trop mimi ! " se transformant ici en "un véritable coup de coeur ! ").

Le film est un brouet de bons sentiments qui s'auto-exaltent dans un décor de banlieue parsemé d'habitants hébétés, ce qui permettra à quelques critiques de s'exclamer "On n'a jamais filmé les cités comme ça ! "

D'abord, le mec désagréable et dans la lune, Gustave Kervern, reprend son rôle de Dans la cour. Comme la vie est bien faite, il sera puni de sa mauvaise action initiale, puis il rencontrera par hasard une infirmière désespérée (mais qui revêt les traits d'une grande bourgeoise de Valeria Bruni Tedeschi). La vie est belle : il s'inventera photographe et se lèvera de son fauteuil roulant (miracle de l'amour !) pour une marche zombiesque d'un ridicule extrême.

Ensuite, une actrice sur le retour (Isabelle Huppert, follement crédible) séduit platoniquement un jeune homme qui boit du lait et n'aime pas les films en noir et blanc, mais les aime quand même au final, parce que tu vois l'actrice est jolie quand elle est jeune, et le cinéma ça peut être bien quand l'histoire est bien. Même en noir et blanc. Vous voyez la légèreté du truc.

Et enfin, un cosmonaute américain atterrit chez une maman arabe qui lui fait sa meilleure recette de couscous. Comme elle lui donne le maillot de l'OM de son fils, alors l'américain est heureux et lui répare une fuite d'eau. Mais il n'y arrive pas. Alors un hélicoptère de la NASA vient le chercher dans la cité (sans se faire caillasser).

Voilà. Tout cela serait simplement mauvais si l'emballage n'allait piocher insidieusement chez plusieurs auteurs : la façon de filmer la ville chez Kaurismaki, le décalage chez le trio Gordon/Abel/Romy, le personnage joué par Kervern chez Salvadori, l'aspect grinçant des premières scènes justement chez le duo Délépine/Kervern, les plans fixes de personnages mutiques chez Roy Andersson, etc.

Du coup Asphalte n'est pas simplement un navet, il en devient une escroquerie intellectuelle. 

 

1e

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