Le pont des espions

Les derniers films de Spielberg m'avaient profondément déçu.
C'est donc sans beaucoup d'illusions, mais avec un peu d'espoir, que je suis allé voir Le pont des espions.
Pour commencer, le film assène une première vérité : Spielberg a besoin d'une grande histoire pour faire un bon film. Le scénario de Cheval de guerre était anémié, et le film affreux, celui du Pont des espions est complexe, et le film est beaucoup plus intéressant.
Le deuxième point fort du film, qui lui donne finalement sa structure solide, c'est l'incroyable interprétation de Tom Hanks, qui prête ses traits de marmotte viellissante (mais déterminée) à un personnage d'anthologie. L'avocat James Donovan restera en effet comme un archétype quasiment parfait du héros américain : attaché au principe de la démocratie envers et contre tout, héroïque, subtil, intelligent, opiniâtre, visionnaire.
On suit les soubresauts inattendus de cette belle histoire avec un intérêt constant. La mise en scène du maître s'avère virtuose, s'appuyant à la fois sur des mouvements de caméra complexes et sur des champ/contrechamp d'un classicisme intemporel.
C'est la direction atristique (décors, lumière) qui me chagrine un peu : elle est très belle, presque trop. Par exemple, la pauvreté de Berlin Est est trop richement reconstituée pour être crédible, et les millions de dollars se voient tellement à l'écran que cela en devient parfois gênant.
Un très bon divertissement tout de même, qui s'appuie sur un sujet passionnant (et d'actualité sous certains angles) et un casting de haut niveau.
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