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Christoblog

Articles avec #josiane balasko

Quand vient l'automne

Aller voir le nouvel Ozon est devenu un rituel semblable à celui qui consistait il y a quelques temps à aller voir le nouveau Woody Allen : l'assurance quasi-annuelle de retrouver les fondamentaux d'un auteur, et la quasi certitude de ne pas voir un chef d'oeuvre.

La filmographie du réalisateur / scénariste / producteur semble s'accélérer ces dernières années avec une série de films produits à une cadence effrénée (c'est son sixième opus depuis 2019, covid compris !). 

Cela explique probablement l'impression vague de brouillon que dégage pour moi certains de ses films récents, dont celui-ci. C'est comme si le Ozon scénariste rechignait à peaufiner ses premiers jets. Ici par exemple, la très longue première partie de mise en place de l'intrigue semble un peu molle et aurait mérité à mon sens plus de concision. La deuxième partie du film vire au thriller chabrolien, sans la noirceur malsaine que ce dernier parvenait à donner à ses films.

Si on retrouve dans Quand vient l'automne cette immoralité décomplexée qui est un des thèmes préférés d'Ozon, il faut avouer que l'ennui n'est jamais très loin, souvent écarté de justesse par la prestation parfaite de la merveilleuse Hélène Vincent. 

Un film de dimanche soir pluvieux, pas assez bon pour être vraiment désirable.

François Ozon sur Christoblog : 8 femmes - 2001 (**)Swimming pool - 2003 (**) / Angel - 2007 (*)Potiche - 2010 (***) / Dans la maison - 2012 (**) /  Jeune et jolie - 2013 (*) / Une nouvelle amie - 2014 (***) /  Frantz - 2016 (***/ L'amant double - 2017 (**)Grâce à Dieu - 2019 (****) / Eté 85 - 2020 (**) / Tout s'est bien passé - 2021 (**) / Peter von Kant - 2022 (**) / Mon crime - 2023 (**)

 

2e

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Grâce à Dieu

En choisissant de s'attacher au cheminement personnel de trois des victimes du père Preynat, plutôt qu'à l'enquête en elle-même, François Ozon réussit un coup de maître.

Son film évite en effet du coup le piège du film-dossier et celui du film à charge : Grâce à Dieu est avant tout le portrait sensible de trois personnalités fort dissemblables qui vont devoir lutter contre le même démon, avec des armes bien différentes, mais une pugnacité équivalente.

Le spectateur est plus d'une fois submergé par l'émotion durant ce film. Le scénario à la fois fin et détaillé, la mise en scène sobre et prenante : tout concourt à nous prendre à la gorge, au coeur, et aux tripes.

Mais le plus remarquable dans ce très beau film, c'est la prestation des trois acteurs principaux. Melvil Poupaud, en fervent catholique tenace et un peu naïf, est comme d'habitude parfait. Denis Ménochet trouve dans ce film un rôle qui lui convient à merveille : athée gouailleur et gentiment éruptif, il a un petit quelque chose de Depardieu. Quant à Swann Arlaud, il livre une prestation exceptionnelle, donnant ici le meilleur de lui-même : sensible, écorché et fragile.

Le film est un miracle : il parvient à émouvoir constamment sans accabler les bourreaux, qui paraissent au final faibles et ridicules. 

Le meilleur film d'Ozon, et probablement un des meilleurs films français de 2019.

 

4e 

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Un beau soleil intérieur

Le cinéma de Claire Denis peut être agaçant.

L'association de son écriture si particulière à la plume de Christine Angot rend le scénario de Un beau soleil intérieur un peu bancal, et produit des dialogues souvent horripilants.  

Répétitions et ellipses, manque de naturel, sentiment généré d'entre soi et d'élitisme, les mots que Angot met dans les bouches des personnages sont rarement beaux, mêmes s'ils sont parfois frappants.

Ce qui sauve finalement le film ce sont les performances d'acteurs. Juliette Binoche est exceptionnelle de virtuosité, Xavier Beauvois parfait en goujat lubrique, Gérard Depardieu très convaincant en voyant inspiré, Nicolas Duvauchelle glaçant en torturé distant. Même les petits rôles, comme celui qui échoit à l'impayable Philippe Katerine, sont délicieusement croqués.

La caméra de Claire Denis est parfois très inspirée, et Un beau soleil intérieur est donc plutôt agréable à regarder.

Le film plaira donc aficionados de Juliette Binoche, à ceux de la réalisatrice et plus généralement aux amateurs de scénario décalé et de dialogues énervants.

Claire Denis sur Christoblog : Les salauds - 2013 (**)

 

2e

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