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Christoblog

Articles avec #nathalie baye

Garçon chiffon

Il y a beaucoup de choses énervantes dans Garçon Chiffon : des acteurs qui font leur numéro sans être intégré dans l'histoire (coucou la copine de Dix pour cent, Laure Calamy), des longueurs inutiles, des tentatives de lyrisme benoîtement ratées (la chanson de la fin, n'est pas Christophe Honoré qui veut), des effets trop appuyés et au final un égocentrisme un peu trop à fleur de peau.

Et pourtant, je n'arrive pas à émettre un avis réellement négatif sur ce film, très attachant. Nicolas Maury y met certes beaucoup de lui-même, et si cela peut être parfois un peu lourd, c'est aussi par moment assez émouvant.

Le film comprend de jolies scènes à la limite du fantastique (par exemple le séjour chez les nonnes), qui possèdent un charme certain. Il sait aussi être délicatement drôle et est admirablement servi par la prestation époustouflante de Nathalie Baye, dont le visage, souvent filmé en gros plan, est bouleversant de beauté.

Garçon chiffon aurait gagné à être écourté de 20 minutes. Malgré tout, il constitue un divertissement plutôt recommandable.

 

2e

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Les gardiennes

Quel film moderne ! 

Bien sûr, certains se gausseront de cette introduction et s'étonneront : "Est-ce moderne de prendre son temps pour filmer les travaux des champs  ?" Et bla bla bla sur les champs de blé, les gros boeufs qu'il faut pousser et l'écoulement des saisons.

Pour ma part, je pense que Beauvois est aussi moderne que Millet l'a été (et je conseille la superbe rétrospective que lui consacre le Palais des Beaux-Arts de Lille). Il est en effet franchement osé en 2017 de filmer tout un film en décors naturels, en respectant les lumières et les saisons, et de proposer une histoire d'apparence classique (mais qui se révèlera pleine de surprises).

Le film s'avère être au final tout autre chose que la sage illustration des bienfaits champêtres : il est avant tout une féroce critique de l'égoïsme commun (on est toujours le pauvre de quelqu'un) et un tableau saisissant de tous les aspects de la féminité.

En plus de ses qualités mélodramatiques (on pense à Bronte, à Balzac), Les gardiennes brille aussi par des atouts plus évidents : on aura rarement aussi bien montré la richesse et la complexité de la vie à la ferme, et les images sont le plus souvent somptueuses. Les actrices sont au top, avec une Nathalie Baye plus forte que jamais. La bande-son est travaillée comme un orfèvre (ah, le crissement des souliers vernis avant la mauvaise nouvelle). 

Beauvois filme les paysages comme des visages, et les visages comme des paysages. C'est superbe.

 

4e 

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Juste la fin du monde

C'est raté.

A vrai dire, on pouvait s'en douter un peu, tellement le casting sentait la fausse bonne idée et la succession de numéros d'acteur.

Après un prégénérique plutôt réussi et typiquement dolanien (moult ralentis et une bande-son poussée à fond), le film s'écroule selon nos pires craintes dès la première scène.

On sait alors en une minute que l'on va devoir assister à une succession de stéréotypes outrés.

Ainsi, Vincent Cassel fait du Vincent Cassel : il ne semble ouvrir la bouche que pour humilier et être agressif. Léa Seydoux lui répond sur un mode ado-rebelle (elle n'est pas un peu âgée pour ce type de rôle ?) qui se drogue et crie tout le temps. Car Juste la fin du monde ne ménage pas de répit : c'est ce type de film où on hurle des répliques comme "ARRETE DE CRIER".

Marion Cotillard joue la cruche. Evidemment. Pour bien nous faire comprendre à quel point elle est bête, elle bégaye sans cesse et ne finit une phrase qu'au bout de 1h10 de film. Nathalie Baye, peinturlurée et méconnaissable, est certainement le personnage le plus intéressant du film, alors que Gaspard Ulliel joue le silencieux taciturne avec une monotonie rebutante (mais comment peut-il ne rien dire à ce point !).

Le film n'est malheureusement qu'une juxtaposition de monologues. Chaque personnage joue sa partition indépendamment des autres et jamais l'intrigue ne progresse du fait de l'intéraction entre les différents membres de la famille, chacun étant réduit à incarner sa propre caricature.

Le cinéma de Dolan, pour fonctionner, nécessite d'emporter le spectateur dans un tourbillon irrésistible, comme c'était notamment le cas dans Laurence anyways et Mommy, qui sont des films épiques, au sens dolanien.

Le huis clos ne sied pas au jeune canadien : son cinéma paraît tout à coup factice et désincarné. A ce titre, il est étonnant de constater à quel point la géographie de la maison de famille n'imprime pas le film. Alors que le Festival de Cannes était cette année plein de maisons incarnées et superbement filmées (dans Aquarius, Sieranevada ou L'économie du couple par exemple), celle de Juste la fin du monde est transparente, et peu habitée, à l'image de tout le film. 

Xavier Dolan sur Christoblog : J'ai tué ma mère 2009 (**) / Les amours imaginaires - 2010 (**) / Tom à la ferme - 2012 (**) / Laurence anyways - 2012 (***) /  Mommy - 2014 (****)

 

1e

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L'affaire SK1

Symbole d'une nouvelle qualité française un peu poussive, L'affaire SK1 ne présente pas beaucoup d'intérêt en terme cinématographique. 

Frédéric Tellier fait partie de ces réalisateurs laborieux qui n'hésitent pas à nous offrir un travelling vertical sur la Tour Eiffel quand celle-ci entre dans le champ de la caméra, comme le ferait n'importe quel touriste chinois en goguette sur le Trocadéro.

La plupart des acteurs et actrices sont mauvais (William Nadylam est catastrophique en avocat de Guy Georges) ou moyen (Raphael Personnaz est transparent, comme souvent, Olivier Gourmet et Michel Vuillermoz assurent tout juste, dans leur registre habituel). Une exception toutefois dans la grisaille du casting : l'extraordinaire prestation de Adama Niane, qui joue le tueur, et qui parvient à la fois a nous terrifier et à nous intriguer. 

Le film, s'il ne présente que peu d'intérêt en tant qu'objet cinématographique, excite un peu notre curiosité quant au fait divers qu'il représente. Le début de la traque est en particulier étonnante, avec ces coïncidences incroyables qui égarent les enquêteurs (le meurtre de Dijon, la présence de Reboul sur les différents lieux de crime). 

Petit à petit, la curiosité s'émousse cependant, la répétitivité des meurtres générant un certain ennui, ce qui contraint le réalisateur à faire le choix d'un montage "cache-misère", qui tente sans grand succès de dynamiser le film par un montage temporel alterné. On est évidemment très loin des vertiges métaphysiques que générait le Zodiac de Fincher, sur un sujet comparable.

Malgré tous ces défauts, L'affaire SK1 ne parvient pas à être totalement inintéressant : le portrait qu'il dessine de Guy Georges est suffisamment frappant pour marquer l'esprit du spectateur. A voir si vous avez le temps.

 

2e

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