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Christoblog

Articles avec #valerie donzelli

Ma vie ma gueule

Difficile de voir le dernier film de Sophie Fillières sans penser aux conditions de son tournage. La réalisatrice a en effet déclaré une maladie foudroyante pendant le tournage, puis est décédée soudainement avant d'avoir terminé le montage, repris alors par ses deux enfants, Agathe et Adam Bonitzer.

Le film étant un autoportrait déclaré (Agnès Jaoui porte les vêtements de Sophie Fillières, va voir le vrai psy de Sophie Fillières, etc), l'émotion est d'autant plus présente : on a l'impression étrange de recevoir un message d'outre-tombe, à la fois sépulcral, fantasque et amusant.

Dans cette chronique touchante, on sourit beaucoup, on rit parfois, on est touché par de belles trouvailles de scénario (les cigarettes dans le Scrabble et retrouvées plusieurs décennies après avoir été cachées). Agnès Jaoui propose une partition solide de femme déprimée, perdue, puis décidée à remonter la pente.

Philippe Katerine apparaît dans ce beau film modeste, comme un spectre bienveillant qui aide l'héroïne à traverser les Limbes pour finalement parvenir à une sorte de douce résurrection, dans un paysage écossais magnifique.

Ma vie ma gueule est aussi un film poétique, proposant de nombreuses punchlines efficaces. Le personnage principal dit par exemple à un homme qui l'a connue ado et dont elle ne se souvient plus : "Je te préviens que je ne suis plus la femme que je n'étais pas encore".

A découvrir.

 

2e

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Making of

Le dernier film de Cédric Kahn commence tout doucettement comme une énième variante du "film sur le tournage d'un film", ici dans une version amusante dans laquelle le réalisateur est un peu dépressif, le premier rôle insupportable (Jonathan Cohen, parfait) et le producteur malhonnête (Xavier Beauvois, formidable).

On rigole un peu et on suit sans déplaisir cette chronique, qui peu à peu évolue vers un autre film, plus en demi-teinte, dans lequel un jeune apprenti cinéaste (Stefan Crépon, qu'on a découvert et aimé dans Le bureau des légendes) se brûle au contact de cette première expérience, et qui montre également une situation sociale en miroir entre le contenu du film et sa confection.

Making of est réjouissant et parfois émouvant : il prouve la capacité de renouvellement de Cédric Kahn, dont la carrière, avec ce film et Le procès Goldman, semble bien relancée.

Cédric Kahn sur Christoblog : Cédric Kahn sur Christoblog : La prière - 2018 (**) / Fête de famille - 2019 (**) / Le procès Goldman - 2023 (***)

 

2e

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L'amour et les forêts

On ne retrouve rien du style déjanté des premiers films de Valérie Donzelli dans cet exercice très sage de mise en image du roman d'Eric Reinhardt.

On sait que l'auteur a eu maille à partir avec la lectrice qui lui a inspiré cette histoire (l'affaire s'est soldée par un accord à l'amiable) : il est d'autant plus surprenant de constater que le résultat à l'écran est d'une incroyable neutralité. On est loin de songer à une histoire vraie, mais on a plutôt l'impression d'être devant la description minutieuse d'un cas archétypal.

Dans le cadre un peu formaté du film, au style très froid, Virginie Efira fait merveille en femme à la fois soumise puis finalement résistante et Melvil Poupaud s'avère être un salaud d'envergure, peut-être un peu trop désagréable dès les premiers plans. Le film est très écrit et bien réalisé. Il ne parvient toutefois pas à générer une véritable émotion (peut-être du fait de l'effet de flash-back qui annonce finalement assez tôt comment l'histoire va évoluer).

On appréciera toutefois la façon dont le mécanisme implacable de l'emprise est disséqué, à travers toutes ses composantes, et dans la durée.

A voir, ne serait-ce que pour Virginie Efira (et pour sa jumelle !).

Valérie Donzelli sur Christoblog : La reine des pommes - 2009 (**) / La guerre est déclarée - 2010 (****) / Main dans la main - 2011 (**) / Marguerite et Julien - 2015 (*)

 

2e

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Madeleine Collins

Madeleine Collins commence comme un thriller mystérieux et malsain, un peu comme excellait à en concevoir Claude Chabrol.

On prend beaucoup de plaisir à suivre Judith / Margot dans sa double vie en France et en Suisse : deux compagnons, deux vies, des mensonges, plusieurs enfants. 

Petit à petit, le tableau complet de la situation se dévoile à nous, au fur et à mesure que les personnages nous la font découvrir : c'est un processus classique qui transforme le spectateur en voyeur, et qui fonctionne ici parfaitement.

Malheureusement, le film se grippe un peu dans sa deuxième partie, une fois l'intrigue principale dévoilée. Plusieurs points faibles (une direction d'acteurs défaillante concernant les enfants, des maladresses scénaristiques, un montage qui s'étiole) viennent pondérer l'impression favorable que laisse toutefois le film au final.

Virginie Efira crève l'écran et justifie à elle seule qu'on aille voir le nouveau film d'Antoine Barraud. Il faut aussi noter deux participations de cinéastes amusantes dans des rôles non négligeables : Valérie Donzelli et Nadav Lapid. 

Antoine Barraud sur Christoblog : Le dos rouge - 2015 (**)

 

2e

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Les chevaliers blancs

Le cinéma de Joachim Lafosse a quelque chose de froid et d'intrigant.

On ne sait jamais trop quoi penser de ce qu'il nous montre : faut-il prendre les choses au premier ou au deuxième, voire troisième degré ?

De ce tableau très réaliste de ce que fut l'épopée picaresque et ridicule de l'Arche de Zoé, on ne sait pas exactement quoi retenir. Peut-être simplement cette évidence : la détermination n'a pas besoin d'être malhonnête pour être dangereuse, il lui suffit d'être stupide.

Le point faible du film est de ne pas ménager assez de suspense sur la motivation des uns et des autres, les cartes sont trop rapidement abattues dans un contexte qui nécessiterait (encore) plus de subtilité machiavélique dans l'écriture du scénario.

Le point du fort du film est de placer Vincent Lindon, icone de l'intransigeance morale depuis La loi du marché, dans la position amigüe de celui qui se trompe de combat.

Au final, malgré ses indéniables qualités de mise en scène, il n'est pas naturel de conseiller sans états d'âme la vision des Chevalier blancs : à vous de voir. 

Joachim Lafosse sur Christoblog : A perdre la raison (***)

 

2e

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Marguerite et Julien

Un accident industriel : voilà comment on peut qualifier le nouveau film de Valérie Donzelli, dont la filmographie se dégrade au fil des sorties.

Marguerite et Julien relève du pire dans tous les domaines : pire film en compétition à Cannes, plus mauvaises idées vues récemment dans un film (des gendarmes en képi au Moyen Age), histoire d'amour la plus plate filmée depuis longtemps, pire rôle d'Anaïs Demoustier, plus triste hommage à Jacques Demy (l'hélicoptère en souvenir de Peau d'âne), etc.

Il y a tellement de sujets de moqueries potentiels dans le film, tellement d'effets ratés, tant de tics inutiles (les scènes figées qui se débloquent, procédé d'une laideur insensée) que l'esprit critique s'affole. Sur quoi taper en premier ? Sur la banalisation ridicule de l'amour incestueux (qui ne peut quand même pas être la bluette décrite par le film) ? Sur l'extrême mauvais goût des anachronismes et de la direction artistique en général ? Sur l'aspect fauché des décors, dignes d'une kermesse de CM2 ?

Si le but de Valérie Donzelli était de suggérer une sorte d'intemporalité à travers ces grossiers artifices, c'est raté, et dans les grandes largeurs. Le film suinte la mièvrerie et la bêtise : pour évoquer l'amour, on montre un arc-en-ciel, pour la vie sauvage en forêt, un cerf ou un hibou. On est dans le degré zéro de la réflexion.

Les dialogues se mettent au diapason de la niaiserie absolue du film : "Si on a des enfants, tu seras à la fois le père et l'oncle? Oui ! Ah ben c'est grave !"

Un naufrage.

 

1e

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Les grandes ondes (à l'ouest)

Oh, la charmante comédie subtile et décalée que l'on n'attendait pas !

Il faut sûrement être Suisse pour inventer une histoire aussi bizarre et originale : un trio de journalistes suisses en service commandé au Portugal se retrouve par hasard en pleine révolution des oeillets. Le vieux baroudeur (excellent Vuillermoz) perd progressivement la mémoire, l'ambitieuse jeune journaliste (pimpante Valérie Donzelli) est radicalement féministe, et le vieux technicien (charmant Patrick Lapp) a plus d'un tour dans son combi. Quand ces trois-là croisent le chemin d'un jeune portugais qui a appris le Français en regardant les films de Pagnol, on sait que le road movie, déjà délicieusement bancal jusqu'à présent, va partir sérieusement en vrille.

Et c'est bien ce qui se passe, lors d'une nuit lisboète très poétique et très drôle, durant laquelle les corps et les esprits trouveront à se libérer, pour notre plus grande joie.

Souvent amusant, le film est parsemé de gags doux et délicieux, de moments de grâce inatendus (la chorégraphie nocturne) et d'effets de contraste parfois saisissants (l'interview raciste, le compte-rendu de la petite fête nocturne).

C'est léger et plaisant, l'antidote parfait aux lourdeurs des Trois frères, le retour et de Supercondriaque. La comédie à voir en ce moment.

 

3e    

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Main dans la main

Par quelle magie un film fonctionne-t-il, ou pas ?

C'est la question qu'on peut se poser à la vision du nouveau film de Valérie Donzelli, qui fait suite au grand succès de La guerre est déclarée.

Les ingrédients sont en effet approximativement les mêmes dans les deux films : mêmes acteurs (Jérémie Elkaim), même équipe réduite, même utilisation pointue de la musique dans la bande-son avec intervention de Peter von Poehl, même saillies burlesques, même variations techniques osées (ici des images au très gros grains). Mêmes ingrédients, mais un tour de main qui s'est perdu en chemin.

Comme lorsqu'une mayonnaise ne prend pas, on espère quand même, contre toute logique, que le film va pouvoir se rattraper en cours de route, mais cela ne se produit pas vraiment.

Le début était pourtant assez sympathique, avec une fantaisie irréelle bien posée au départ (deux personnes de milieux très diffférents se retrouvent à faire exactement les mêmes gestes, sans pouvoir s'en empêcher). Quelques visions amusantes viennent pimenter agréablement les premières minutes (scène de la danse de salon). Mais dès que l'action se concentre à Paris, le film perd en nervosité et gagne en sensiblerie. Il se perd dans des digressions, et ennuie franchement. Sur la fin, quelques scènes mémorables (le deuxième ministre, la crémation) retrouvent la verve du commencement, avant que l'épisode new-yorkais n'entraîne le film dans des profondeurs de médiocrité.

Lors de l'avant-première ce soir à Nantes, l'accueil de la salle (pleine à craquer) a été plutôt froid et ne laisse pas augurer une belle carrière pour le film. Valérie Donzelli a vaillamment défendu son film, alors qu'Elkaim à son habitude a joué son cabotin. Décevant.

 

2e

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La guerre est déclarée

Vu en avant-première à Nantes, en présence de Valérie Donzelli et de Jérémie Elkaïm.

La guerre est déclarée parle de la même chose que Melancholia : la fin du monde. Littérale dans le film de Von Trier, relative dans celui de Donzelli, puisqu'il s'agit, pour des parents, d'apprendre que leur enfant est atteint d'une grave maladie. Dans le premier cas, la palette de réaction des personnages est le déni, le suicide, la colère. Dans le deuxième, la fureur de vivre, l'amour, l'espérance. Les deux titres peuvent donc se regarder comme dans un miroir : la guerre est déclarée à la mélancolie.

D'un côté, un metteur en scène un peu usé, tournant en rond autour de ses obsessions dans un beau geste formellement brillant, de l'autre une jeune réalisatrice fonçant droit devant, sans craindre de bousculer les conventions. Dans les deux cas, des films sur le fil, qui ne tiennent que par la grâce de la personnalité et du vécu de leur auteur.

Ce qui me frappe dans le film de Valérie Donzelli, c'est l'extrême audace stylistique et l'efficacité rythmique.

Audace, parce que le film - si on le regarde avec attention - est fait de bric et de broc, à un point qui pourrait nuire à sa cohérence. Sa variété de tons est insensée : on passe d'un thriller monté à la hache (le départ en TGV) à une sorte de comédie allenienne à la française (les premiers amours), en passant par des accents truffaldiens (les parents), des inspirations mallickienne (ces inserts de cellules humaines), des éclairs lelouchiens (la dernière scène, très Un homme et un femme - et un enfant). Il y a aussi une chanson à la Honoré, des effets de couleurs très almodovariens (les personnages ont des T-shirt de la couleur du canapé et du papier-peint), une façon de montrer les hôpitaux qui rappelle Urgences, des ralentis, des accélérés, des effets sons étonnants, une Rancho verte, une fête foraine, une soirée open kiss et 1000 autres choses.

Rythme, parce que tout cela ne tient la route que parce que le film fonce à 100 à l'heure. Miracle d'un montage au cordeau, d'une progression scénaristique millimétrée et d'une bande-son époustouflante, bien que complètement hétéroclite.

La guerre est déclarée est donc un patchwork que certains trouveront peut-être indigeste mais qui transpire une énergie incroyable, le type d'énergie que je n'avais pas ressenti au cinéma depuis ... les premiers Spike Lee ? Le tout est trituré avec une intense intelligence - et une distance adorable (ah ce clin d'oeil avant d'entrer en salle stérile) par Valérie Donzelli, ce qui nous promet de beaux lendemains. Quelle pêche, quelle envie, quelle énergie tonitruante !

Probablement un des films les plus importants de l'année, qui suscitera l'ergotage de froids esthètes et laissera peut-être une partie du public en route ... mais pour ceux qui adhéreront comme moi, révolutionnaires du coeur, quel plaisir et que de larmes !

Choisissez votre camp, la guerre est déclarée.

 

4e

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La reine des pommes

Difficile de ne pas se laisser attendrir par le premier film de l'actrice Valérie Donzelli. Même s'il est en grande partie raté, il fait souffler un vent frais sur la comédie française.

Le grand-père paternel de La reine des pommes pourrait être Tati, pour l'aspect dégingandé et parfois lunaire de l'actrice. Le grand-père maternel serait Trénet qui illustre le générique de début, et dont la fantaisie débridée peut servir de référence tutélaire à l'oeuvre dans son ensemble.

Dans ce schéma familial, le papa serait sans conteste Eric Rohmer, pour les dialogues à la fois précis et artificiels, et le phrasé parfois pompeux. Des oncles et tantes recommandables pourraient être recherchés du côté de Truffaut (la voix off !), ou Agnès Varda.

Pour le grand frère, Christophe Honoré s'impose : cette façon de pousser la chansonnette au beau mileu du film est un hommage direct aux Chansons d'amour, ainsi que cette façon de vouloir à tout prix ressembler à Chiaria Mastroianni en plaquant ses cheveux sur le front. Un petit frère naturel est bien entendu Emmanuel Mouret (Fais moi plaisir, Un baiser s'il vous plait) pour l'alliage mystérieux du salace, du précieux et du burlesque. Enfin la soeur est Agnès Obadia (Romaine par moins 30), soeur en gaffes, en miss catastrophe et en gourde larguée par les mecs.

Petits moyens, caméra DV à l'arrache, scènes qui tombent à plat, approximations, tout est bancal mais rien est inintéressant, témoin ce pari impossible de faire tenir au même acteur les 4 rôles masculins principaux (et ça marche).

Etonnant, et vivement le deuxième. 

 

2e

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