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Christoblog

Articles avec #bradley cooper

Nightmare alley

Del Toro devait probablement finir par filmer des monstres de fête foraine, tout comme Tim Burton devait à un moment de sa carrière choisir un cirque comme décor (Dumbo).

Dans ce remake d'un film de 1947 que peu de spectateurs auront vu, le brillant réalisateur mexicain réussit un emberlificotage de haut niveau. Nightmare alley commence en effet comme un film holywoodien lambda : certes bien rythmé et remarquablement mis en scène, mais globalement convenu, engoncé dans une esthétique vieillotte et une photographie jaunâtre (j'ai songé à la direction artistique désuète du West side story de Spielberg).

Et puis progressivement, la narration au long cours du film vire au noir, de façon figurée et littéralement (la nuit prend de plus en plus de place). La deuxième partie du film devient donc une longue et tortueuse descente aux enfers, émaillée de choix faustiens, d'éclairs de cruautés de plus en plus saignants (culminant dans l'incongruité de l'épisode de l'oreille). Nightmare alley brasse alors une série d'allusions psychologiques traumatisantes qui ne trouveront aucune explication satisfaisante (la cicatrice du docteur, les traumatismes d'enfance du héros principal et sa relation aux vieux hommes, les horreurs perpétrées par Ezra Grindle aux jeunes filles).

Ainsi le miracle (le piège) opéré par le magicien Del Toro fonctionne-t-il parfaitement : le film commence comme un produit manufacturé de série et se finit dans un mauvais rêve cruel, à l'image du générique de fin. Nightmare alley aura profondément manipulé son spectateur.

Délectable : 2h30 qui passent en un clin d'oeil.

 

4e

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Licorice pizza

Le voilà, le grand film de Paul Thomas Anderson !

Les talents formalistes de PTA, qui ont pu bien souvent m'exaspérer, se fondent ici miraculeusement dans un creuset simple et complexe.

Simple parce que l'histoire ne peut sembler qu'une énième comédie romantique adolescente, complexe parce que le scénario mêle à cette simple trame plusieurs ambitions étonnantes : faire rire à travers une succession de saynètes délicieuses, dresser le tableau d'une époque en en reconstituant chaque détail, explorer les affres du passage à l'âge adulte, dresser de brillants tableaux psychologiques. 

Licorice pizza embrasse large et étreint bien. Le film est un banquet pantagruélique pour le cinéphile : l'interprétation des deux personnages principaux est incandescente, l'apparition de chaque personnages secondaires est un évènement (la rencontre de Tom Waits et de Sean Penn est d'anthologie), la mise en scène est virtuose mais toujours au service de la narration, le montage d'une fluidité rare.

Cette douce élégie dans ce qui constitue le jardin de PTA est donc un régal à tout point de vue, des premiers plans solaires au générique délicieusement rétro.

Le film de ce début d'année 2022, émouvant, beau, brillant.

PTA dans Christoblog : Punch-drunk love - 2001 (*) / There will be blood - 2008 (**) / The master - 2012 (*) / Phantom thread - 2017 (**)

 

4e

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American sniper

Il faut probablement, pour apprécier un tant soit peu le dernier film d'Eastwood, accepter l'a priori suivant : le film est tiré d'une autobiographie de soldat héroïque.

Il est donc vain de lui reprocher ses aspects patriotiques à l'extrême (ceux qui doutent du bien-fondé de la guerre sont expédiés au second plan, manu militari), ou sa bienveillance complaisante vis à vis du héros (il ne se trompe jamais, et choisit le bon enfant à tuer).

Une fois posé cet état de fait qui désamorce la plupart des polémiques concernant American Sniper, que reste-t-il ? Un film de guerre lambda comme on en a vu tant, mois palpitant que Zero dark thirty, moins réaliste que Démineurs, moins intéressant que des films méconnus sur l'Iraq comme Battle for Haditha ou Dans la vallée d'Ellah.

Eastwood est un cinéaste classique, et sa façon de faire des films est tellement prévisible que cela en devient risible, comme lorsqu'on suit cette balle qui part dans Sadr City pour tuer à plus de 1600 mètres. C'est du solide, du déjà vu, du vieillot. 

Le film n'est pas désagréable à regarder pour autant, les scènes de guerre étant réalistes au possible. Faut-il aller le voir ? Probablement non, sauf à tenir absolument à ne pas être surpris.

 

2e

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American bluff

Il y a quelque chose d'irrémédiablement raté dans ce film de David O. Russell.

Les dialogues par exemple sont incroyablement mal écrits : parfois confus, d'autres fois artificiels ou inconsistants. Les scènes s'enchaînent très mal, le montage et le scénario sont mal fagottés, mal pensés.

Les décors et costumes sont trop ostentatoires. On nage dans une nostalgie Années 70 qui ne parvient jamais à s'assumer et oscille pendant tout le film entre la parodie et l'hommage énamouré. Le jeu des acteurs est aussi très mauvais : réduits à de simples caricatures (sauf peut-être le personnage joué par Amy Adams), ils n'entraînent aucune sorte d'empathie. 

Le film par bien des aspects rappelle par contraste la récente réussite de Scorsese. Alors que Le loup de Wall Street emballait le spectateur et l'entraînait dans une folle spirale de jouissance, American bluff ne parvient qu'à déjouer sur la longueur (2h18 minutes qui semblent sans fin), égarant son spectateur en route.

Un film qui pourrait concourrir dans la catégorie : "Portent si bien leur titre".

David O. Russell sur Christoblog : Fighter / Happiness therapy 

 

1e

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Happiness therapy

http://fr.web.img2.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/91/63/08/20343480.JPGHappiness therapy fait miroiter d'une façon mensongère un sujet intéressant, pour ensuite ne faire que l'effleurer. C'est très frustrant.

Pat sort de l'hôpital psychiatrique où il était soigné pour des troubles bipolaires. On souhaiterait en savoir plus, on aimerait que l'aspect maladie soit traité de façon un poil plus approfondie, pour que le contraste comique soit poussé à son paroxysme. Mais Pat est désespérément normal, et son obsession de reconquérir son ex est d'une banalité confondante.

Tiffany a couché avec les 11 membres de son bureau, là aussi on aimerait que cet aspect soit plus développé, non pas par curiosité salace, mais pour que le personnage joué par Jennifer Lawrence gagne en épaisseur psychologique.

Le film prétend être une comédie concernant deux personnes atteintes de dysfonctionnements psychologiques, elle n'est qu'une banale comédie sentimentale sur laquelle les scénaristes ont plaqué quelques noms de maladies et de médicaments (le gag du name dropping de médicaments est approximativement le seul en rapport avec les troubles des deux personnages, et il n'est pas très réussi).

La bonne surprise (relative) du film est à chercher du côté de la famille de Pat. La mère (Jacki Weaver) est assez attendrissante. Le père (De Niro, toujours cabotin) est abonné aux troubles obsessionnels compulsifs (les télécommandes !), instrumentralisant son fils en une sorte de porte-bonheur humain.

Les seconds rôles, essentiels dans toute bonne comédie US, sont très inégaux, Chris Tucker faisant le job en black doué pour la danse (original comme idée, non ?) mais Anupam Kher campant un psy plutôt raté.

Comment pensez-vous que cela finisse ? Par un concours de danse réussi (Flashdance, sort de ce film) et un convolage en règle de notre couple (pas si) azimuté (que ça). Décevant.

David O. Russel sur Christoblog : Fighter

 

2e

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Very bad trip

L'idée originale de Very bad trip (The Hangover en vo, allez comprendre pourquoi on traduit un titre anglais en anglais) est assez plaisante et porteuse de nombreuses potentialités.

Quatre hommes enterrent la vie de garçon de l'un d'eux lors d'une soirée à Las Vegas et au réveil ... ils ne sont plus que trois, l'un d'entre eux a perdu une dent, il y a un tigre dans la salle de bain de leur chambre, un bébé dans le placard, et le matelas d'un lit se trouve empalé sur le doigt d'une statue. Aucun ne se souvient de rien.

A partir de cette idée, vous (ou moi) pourriez imaginer tout un scénario compliqué dans lequel la vérité se ferait progressivement jour, dévoilant un enchaînement machiavélique de circonstances plus absurdes les unes que les autres. Ou même, en étant un peu lynchien, vous pourriez imaginer une sorte de cauchemar dans lequel nos héros découvrent avoir commis les pires ignominies...

Hélas, le film ne comprend rien de tout ça. Les explications viennent (trop) rapidement et sont (trop) simplistes. Le mystère de départ disparaît et la comédie formatée prend le dessus. Quel dommage !

 

1e

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