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Christoblog

Articles avec #michelle williams

Showing up

Que raconte Showing up ? A vrai dire, pas grand-chose.

Y voit-on la puissance créatrice d'une artiste ? Pas vraiment : son quotidien est scrupuleusement décrit, certes, mais sans que l'on puisse réellement faire de rapport entre son vécu (les petites contrariétés de la vie quotidienne, d'affreuses chaussettes qu'elle porte en toutes circonstances, un problème de chaudière, les minuscules blessures d'égo) et ce qu'elle crée.

Y mesure-t-on les affres de la vie d'artiste ? Non, simplement ceux du quotidien d'une quidam. D'ailleurs, si le personnage joué par Michelle Williams était professeur de technologie, cela ne changerait pas réellement la teneur du film. Si ce n'est qu'elle parviendrait probablement à prendre une douche.

Est-ce que la mise en scène est remarquable ? Pas du tout. Kelly Reichardt applique ici son habituelle façon de filmer : une manière neutre, blanche pourrait-on dire, qui ne semble viser qu'à s'effacer devant le peu qui est montré.

Comme presque toujours devant les films de cette réalisatrice (sauf First cow, et le dernier volet de Certain Women), je suis donc désarçonné devant l'enthousiasme critique avec lequel est accueilli Showing up. En quoi filmer l'insignifiant de façon insignifiante peut-il être intéressant ? C'est un mystère pour moi, que je ne renonce toutefois pas à percer puisque je vais consciencieusement voir tous les films de Kelly Reichardt.

J'avais initialement envie d'utiliser le terme d'épure pour parler de ce film, mais il faudrait ici inventer un autre terme, qui correspondrait à ce que l'on obtient quand on simplifie une épure, quand on la réduit à sa plus simple expression, quand on renonce à tout artifice (de photo, de mise en scène) qui viserait à faire surgir la beauté à l'écran : écran blanc peut-être ?

Pour les amateurs d'eau tiède et de paysages de rien.

Kelly Reichardt sur Christoblog : La dernière piste - 2011 (**) / Certaines femmes - 2016 (**) / First cow - 2020 (**)

 

1e

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The Fabelmans

Certaines des dernières productions de Steven Spielberg (Le bon gros géant, West side story, Cheval de guerre) me donnaient l’impression que sa carrière amorçait une pente descendante, de celles qui mènent progressivement à l’académisme formaté, aux bons sentiments naphtalisés.

Je n’attendais donc pas grand-chose de The Fabelmans, dont le sujet ouvertement autobiographique laissait plutôt augurer d’un regain de sentimentalisme engoncé à haut potentiel lacrymal.

Je me trompais.

Ce nouvel opus est un bijou qui déjoue tous mes pronostics. Si la forme a bien cette patine un peu proprette et légèrement artificielle qui prévaut chez Spielberg depuis une dizaine d'année, le fond explore des domaines d’une grande complexité.

The Fabelmans est avant tout pour moi un magnifique portrait de femme. Michelle Williams trouve probablement ici son meilleur rôle : drôle, séduisante, fragile, forte. Elle campe à merveille cette femme qui se souhaiterait libre, mais est née à la mauvaise époque. Tour à tout explosive et dépressive, elle introduit dans le film une part d’instabilité chronique qui en fait une grande œuvre et lui donne ce rythme un peu lâche, peu habituel chez Spielberg.

Le second grand sujet du film est évidemment la réflexion sur le pouvoir du cinéma, génialement traité à travers de multiples étapes tirés de la vie du cinéaste. Deux sont particulièrement émouvants : les plans accidentels qui révèle l’infidélité de la mère (on pense évidemment à Blow up) et surtout la leçon de cinéma que constitue le reportage effectué à la plage. Durant cette dernière séquence, j’ai été littéralement bluffé par la démonstration que fait Spielberg de l’art du réalisateur : on aura rarement aussi bien montré comment le cadrage, le choix de ce qu’on filme, l’emplacement de la caméra et le montage donnent du sens à l’œuvre finale. Du très grand art.

Je pourrais encore évoquer mille aspects du film, de la direction artistique irréprochable à l’apparition extraordinaire de David Lynch dans un rôle improbable, mais cela m’obligerait probablement à trop dévoiler du film.

The Fabelmans se pose d’ors et déjà comme un des meilleurs films de l’année et je vous conseille, une fois n’est pas coutume, de consulter les 25 pages que lui consacrent les Cahiers du Cinéma ce mois-ci. A découvrir absolument.

Steven Spielberg sur Christoblog : Cheval de guerre - 2011 (*) / Lincoln - 2012 (**) / Le pont des espions - 2015 (***) / Pentagon papers - 2017 (***) / West side story - 2021 (**)

 

4e

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Certaines femmes

Le problème avec le cinéma de Kelly Reichardt, c'est que je n'en perçois pas les intentions.

Quel intérêt de voir Michelle Williams se promener dans les bois, faire des sandwichs et boire du vin pendant que son mari regarde du sport à la télé ?

S'il s'agit de montrer sa tristesse ou de matérialiser sa solitude, alors le film est un grand pléonasme, tant la façon qu'à Reichardt de filmer (pas de musique, une image terne et sombre, des scènes qui s'étirent) souligne les thèmes abordés (incommunicabilité, solitude). La réalisatrice filme de façon dépressive et minimaliste des situations déprimantes.

Il est intéressant de comparer ce film à Moonlight. Les deux films partagent en effet un certain nombre d'éléments communs : ils sont constitués de trois parties distinctes, abordant chacune une thématique différente, et mettent tous deux en scène des personnages en difficulté dans leur relation aux autres. Alors que Moonlight est porté par une foi dans le cinéma qui lui permet de donner de sublimes plans presque joyeux dans la façon dont il sont conçus, Certaines femmes ajoute de l'ennui à l'ennui, et de la tristesse à la tristesse. 

Vingt-quatre heures après l'avoir vu, il faut tout de même que je reconnaisse que certains moments laissent une empreinte profonde : la scène du cheval dans la troisième partie par exemple. Ces quelques séquences ne rendent pas le film passionnant, mais juste intéressant.

 

2e

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Manchester by the sea

Manchester by the sea est un film curieux qui parvient à être à la fois parfois plutôt raté (des approximations de montage, un adagio d'Albinoni particulièrement sirupeux) et souvent très réussi (une véritable atmosphère, un scénario solide, un casting convaincant, des scènes émouvantes).

Le film de Kenneth Lonergan est avant tout un parfait mélodrame. On sent immédiatement que quelque chose cloche dans le personnage joué par Casey Affleck, et la suite va nous révéler l'étendue de son malheur, que les circonstances vont d'ailleurs rapidement aggraver.

L'intérêt de Manchester by the sea est de nous donner à sentir d'une façon assez réaliste la tristesse du deuil, les affres de l'incommunicabilité, en même temps que l'énergie de la jeunesse. Chaque personnage est parfaitement incarné.

Au final, le film est tout à fait regardable, bien qu'un poil trop long.

 

2e

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La dernière piste

Des femmes traversent une rivière avec des paniers sur la tête. Une autre lit la Bible. Un essieu casse, il faut le réparer. Un oiseau passe dans le ciel. Un chapeau s'envole, il faut courir pour le ramasser. Des nuages passent devant la lune. Dans le ciel il y a aussi le soleil.

Un homme grave "LOST" sur un bois mort. Un indien apparaît, qui va tomber amoureux d'une boîte à couture. La nuit il fait noir. Le jour il fait jour. Les femmes ont des jolis bonnets et des robes aux couleurs différentes. Leurs manches sont sales. Une femme est gentille. Un homme est méchant. Il y a aussi un oiseau dans une cage et une horloge qu'il faut jeter. A la fin, il y a un arbre, mais pas de fin.

La critique s'extasie sur ce petit bout de film au format carré, sans que je m'en explique la raison. Si Le désert des Tartares au far west revu par Antonioni et filmé au ralenti vous dit, le film est pour vous.

 

2e

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Shutter island

Quelque chose cloche dans le scénario que Laeta Kalogridis (plutôt habituée à travailler sur les scénarios de Terminator Genisys ou de la série Altered Carbon), a élaboré à partir du roman de Dennis Lehane.

Ce dernier, que j'ai lu avant de voir le film, ne laissait rien deviner du retournement final. Dans le film, au contraire, les visions du héros donnent très vite des pistes sur sa santé mentale.

C'est un parti-pris osé, qui tente de se démarquer du procédé du "twist final qu'on a vraiment pas pu venir", utilisé abondamment par Le sixième sens et tous ses dérivés.

L'effort est louable. Pourtant, cela ne fonctionne pas. Le film parait boursoufflé, lourd, artificiel, parfois grand-guignolesque, et même mièvre. Scorsese a beau épuiser toute la panoplie de parfait metteur en scène, la mayonnaise ne prend pas. Prenez un dictionnaire concernant les techniques de prise de vue, et cochez au fur et à mesure, je pense que vous constaterez que Scorsese utilise tout  : du très gros plan au plan le plus général, de la contre plongée intégrale à la plongée verticale, toutes les sortes de travelling possibles, etc.

Mais la virtuosité n'entraîne pas forcément l'émotion.

Au contraire ?

 

2e

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