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Christoblog

Cheval de guerre

Amélie Poulain dans les tranchées de 14-18 : voilà comment on peut résumer le dernier Spielberg.

Passons rapidement sur le scénario, qui ne présente aucun intérêt (un gentil garçon élève un courageux cheval, les deux vont à la guerre, puis en reviennent), pour nous concentrer sur le reste, qui est catastrophique.

Tout, dans Cheval de guerre, est moche en essayant d'être beau, exactement comme dans certains films de Jean-Pierre Jeunet. La lumière par exemple semble toujours artificielle, trop dorée quand le soleil est rasant (poudrée même, pourrait-on dire), trop grise au lever du soleil, trop orange quand le soleil se couche, donnant des derniers plans d'une laideur insigne. 

Les décors sont également d'une artificialité affligeante : village anglais d'opérette, jeune campagnarde française avec un joli noeud dans les cheveux, no-mans land entre les tranchées gentiment aménagé avec de pratiques caillebotis improvisés pour franchir les flaques d'eau. Tout cela est d'une mochitude échevelée, qui en serait risible si elle n'était à la fois longue (2h27) et payante (5,9 €). Il est d'ailleurs curieux de constater que les derniers films des (ex)-grands cinéastes américains brillent tous par une tentation d'artificialité (plus ou moins convaincante) fuyant résolument toute tentative d'approcher la réalité : J.Edgar, Midnight in Paris, Hugo Cabret.

Tout cela ne serait pas si grave si finalement le film n'apparaissait pas comme insultant vis à vis des morts de la Grande Guerre. Montrer les tranchées comme de confortables couloirs où on peut tranquillement jouer aux cartes a quelque chose de profondément troublant lorsqu'on pense à la vision qu'ont donné du conflit d'autres créateurs, par exemple le Kubrick des Sentiers de la gloire...

On savait Spielberg capable d'être un grand enfant, j'espère que ce ratage relève de cette tendance, et qu'il n'est pas le signe précoce d'une sénilité précoce.

 

1e

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F
Ah, comme c'est rigolo, la fausse audace qui consiste à déboulonner les statues de Commandeur déjà à moitié dévissées ! Spielberg, Eastwood, Allen... Avouer qu'on a aimé "Cheval de guerre", qu'on<br /> s'est laissé emporter par l'émotion malgré sa naïveté, qu'on y a cru de bout en bout malgré sa lumière mordorée de studio et ses décors ripolinés, voilà qui tiendrait presque du subversif !<br /> <br /> Malgré ses airs de gros cake indigeste et mielleux, "War Horse" tient la route parce qu'il est tenu par une mise en scène et un souffle qui ne faiblissent (presque) jamais, et aussi par un don<br /> d'équilibriste, entre niaiserie et sobriété (cf la scène entre le soldat allemand et le soldat anglais au milieu des barbelés), dont je ne croyais pas Spielberg capable, du moins en 2012.<br /> Quant à ta description des tranchées du film, qui occulte toute la scène centrale de l'assaut ("Soldat Ryan" style), elle me fait beaucoup rire tellement elle est (volontairement, bien sûr)<br /> faux-cul. ^^ On sait tous que le "Amélie poulain dans les tranchées" a déjà été réalisé, et que ça s'appelait "Un long dimanche de fiançailles".<br /> <br /> Sinon, je rejoins Jérémy sur le commentaire précédent : Spielberg et le réel, ça n'a jamais fait très bon ménage, surtout depuis la fin des années 80.
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C
<br /> <br /> Fausse audace ? Je n'ai plus l'age de me faire des frissons à déboulonner des statues qui n'en sont d'ailleurs pas vraiment pour moi ! Aucun des 3 réalisateurs cités ne rentreraient de toute<br /> façon dans mon Panthéon des 20 meilleurs. Spielberg et le réel peuvent cohabiter très bien, cela donne selon moi ses meilleurs films : Munich, Catch me if you can....<br /> <br /> <br /> <br />
J
Tu es sévère sur l'image qui, pour moi, représente la plus belle qualité du film (j'ai été bluffé par cette fin lyrique). Pourtant 'Cheval de guerre' ne m'a pas non plus transcendé : c'est du<br /> mélodrame assumé de bout en bout, mais vu la re-dîte et le pathos du point de départ (la guerre, un gosse et son cheval...) je trouve que ca dégouline trop dans le bon sentiment.<br /> <br /> Après je ne sais pas si le fait de rapprocher d'autres grands cinéastes contemporains est judicieux... Je trouve qu'il reste tous assez cohérents dans leur carrière.<br /> . J. Edgar dans l'artifice ? Je ne trouve pas. Le film reste dans une grande tradition eastwoodienne. D'ailleurs on pourrait penser que 'Cheval de guerre' aurait été plus un sujet de prédilection<br /> pour Eastwood.<br /> . Pour Woody Allen, le mystère qui entoure le film ne trouve pas vraiment son empreinte dans la mise en scène je trouve. Ca reste très sobre, et tant mieux car c'est la signature du cinéaste.<br /> L'univers bucolique accompagne surtout l'ironie constante d'Allen.<br /> . La fracture, c'est vrai, est nette chez Scorsese dont c'est le premier film fantastique.<br /> <br /> Après d'une certaine manière, Spielberg s'est rendu célèbre en créant toute sa vie des univers qui fuient la réalité (comme son compatriote George Lucas) tout en la mettant en question. Ici avec<br /> 'Cheval de guerre' on reste en plein dedans.
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F
C'est ce que je me suis dit au début, et puis le canasson je ne l'aime que dans l'assiette... Mais j'ai été total emballé... bizarre...
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F
Pfff... c'est tout le contraire ! Et puis c'est un film sur un cheval et pas sur la 1ere guerre ni sur les tranchées...
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C
<br /> <br /> Pas un cheval, mais une bonne quinzaine qui jouent le même si j'ai bien lu les critiques. Et puis, franchement, on s'en tape totallement du canasson.<br /> <br /> <br /> <br />