Springsteen : deliver me from nowhere
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A s'attacher à une période très spécifique de la vie de Springsteen (quelques mois de dépression et de grande inspiration), le film de Scott Cooper se heurte très rapidement à sa propre limite : il n'est pas facile de maintenir l'intérêt du spectateur pendant deux heures, alors qu'il ne se passe pratiquement rien à l'écran.
Il aurait fallu approfondir les deux sujets intéressants du film : la prééminence de la vision d'artiste sur le diktat de l'industrie (celui-ci est assez bien traité, mais on aurait aimé en savoir encore plus) et les sources profondes de l'inspiration quand elle est d'une telle puissance (le sujet n'est abordé que par le biais d'anecdotes, comme le film Badlands, la musique d'Alan Vega ou les écrits de Flannery O'Connor).
A défaut d'explorer plus profondément ces sujets, le scénario, écrit laborieusement, se voit dans l'obligation d'inventer une histoire d'amour d'une pauvreté affligeante, qui gâte le film par l'accumulation de scènes à l'eau de rose qu'elle nous impose.
Parmi les points faibles du travail de Scott Cooper, il faut également signaler la superficialité des personnages secondaires : les membres du E Street Band sont inexistants, la mère (dont on sait qu'elle est solaire quand on a lu l'autobiographie de Springsteen, Born to run) est réduit à un personnage de souffrance, et la figure de Jon Landau, véritable saint au service de la création - on ne le soulignera jamais assez, n'est pas aussi développé qu'on aurait pu le souhaiter.
Mon avis, en tant que cinéphile ET en tant que connaisseur de la carrière du Boss est donc partagé : d'un côté je reconnais que le traitement lo-fi qu'a choisi le réalisateur est bien en phase avec le processus de création du chef d'oeuvre dépouillé qu'est Nebraska, de l'autre il me faut avouer que plusieurs passages (l'accélération en voiture, certains flashbacks, la scène de sexe) m'ont semblé beaucoup trop clichés.
Peut-être aurait-il fallu des parti-pris de mise en scène encore plus radicaux pour donner à sentir ce que le travail de Springsteen a eu de véritablement génial dans cette période, à l'image de ce qui reste pour moi le meilleur film inspiré par un musicien : le film Control, sur la courte vie de Ian Curtis.
Dernier point, Jeremy Allen White joue comme à son habitude avec une expressivité proche de la moule en fin de vie, ce qui en l'espèce n'est pas très gênant, puisque sur les photos de la période on voit bien que Bruce arbore en continu une moue boudeuse et figée, assez proche de celle que White possède naturellement.
A vous de voir, mais le plus important reste tout de même d'écouter ce classique intemporel qu'est le disque Nebraska.

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: Non, et non, et non !
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