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Christoblog

Articles avec #david cronenberg

Les crimes du futur

Quand le nouveau film de Cronenberg s'est terminé, j'attendais toujours qu'il commence.

Jusqu'alors, j'avais surtout l'impression d'avoir vu une sorte de court-métrage, entièrement nocturne (à l'exception de la première scène, la meilleure), tourné à l'évidence dans une zone portuaire grecque abandonnée, très verbeux et peu incarné.

Hélas, ce film - peut-être testament ? - du réalisateur canadien n'est pas réellement fini. Il comprend bien quelques scènes amusantes, mais rien n'est vraiment convaincant sur le fond : les personnages sont réduits à des caricatures et les idées originales ne sont pas réellement développées (comme celles des mangeurs de plastique).

Il m'est arrivé durant le film de me dire que certains dialogues exprimaient des idées plus intéressantes que toutes les images qui figuraient à l'écran. Pas très bon signe pour ce qui restera comme un manifeste auto-centré, creuse dystopie, développant une esthétique curieusement datée, rétro-kitsch si l'on veut, peu en lien avec l'époque actuelle et anesthésiant toute émotion.

Un chant du signe à peine esquissé, embryon d'un film que l'on attend encore.

 

1e

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Falling

Le premier film de Viggo Mortensen est pétri d'intentions louables : dresser le portrait d'un père qui approche de la fin, montrer le rapprochement de celui-ci et de son fils qui a évolué dans un milieu totalement différent, donner à voir la beauté de la nature américaine, faire ressentir au spectateur la fine trame du temps. 

Bien sûr, rien de bien nouveau dans ces objets déjà largement abordés, mais Mortensen parvient à y apporter une petite touche personnelle qui rend le film aimable au premier abord, et qui tient principalement dans sa placidité d'adulte gay, résigné face aux attaques homophobes de son facho de père. 

On est donc d'abord plutôt séduit par Falling, même si la multiplicité syncopée des flash-backs donnent un peu le tournis. Malheureusement, le film stagne assez vite : son propos ne progresse plus vraiment, la trame temporelle nous égare un peu plus, et surtout le personnage du père devient tellement détestable que l'amour de son fils finit par nous échapper. Même si on déteste le personnage, il faut reconnaître que la performance de l'acteur Lance Henriksen est incroyablement forte dans le registre sexiste, machiste, violent, raciste et réac.

Un film à connotation autobiographique, honnête et parfois touchant, mais dont la longueur et le manque d'originalité érodent à la longue notre curiosité. A noter un cameo amusant de David Cronenberg en médecin proctologue.

 

2e

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Maps to the stars

Dans Maps to the stars, Cronenberg semble avoir voulu accumuler un maximum de clichés en rapport avec son cinéma, et le plus possible de provocations à propos d'Hollywood.

Cela donne un gloubi-boulga souvent indigeste et parfois plaisant dans lequel on retrouvera : Robert Pattinson dans une limousine, Juliane Moore en train de faire caca, Mia Wasikowska défigurée salissant pendant ses règles un beau canapé blanc, un inceste mère fille, un inceste frère soeur, du name dropping à tous les coins de dialogues (du Dalaï Lama à Bernardo Bertolucci), des scène de sexe à trois ("Je suis nul en lesbienne" dit Julianne Moore, souvent drôle dans ce film), une immolation par le feu (très mauvais effets spéciaux), un meurtre violent, des fantômes, etc...

Trop n'est visiblement pas assez pour Cronenberg dans ce film, et c'est bien dommage, parce que la belle histoire du frère et de la soeur - qui finalement est le coeur battant du film - passe au second plan. Sur des thèmes semblables (l'arrivisme, la cupidité, l'aveuglement du mileu hollywoodien) Paul Shrader a signé récemment un film bien plus réussi : The canyons

David Cronenberg sur Christoblog : Cosmopolis (*) / Les promesses de l'ombre (***) / A dangerous method (***)

2e 

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Cosmopolis

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/84/59/53/20089910.jpgL'écriture de Don DeLillo est particulièrement hermétique. Dans son roman Cosmopolis, cela donne des choses du genre : "C'étaient des scènes qui l'exaltaient habituellement, cet immense flux rapace où la volonté physique de la ville, les fièvres de l'égo, les affirmations de l'industrie, du commerce et des foules façonnent l'anecdotique dans chacun de ses moments

Vous voyez le genre.

Et bien le film de Cronenberg est parfaitement conforme au style abscons de DeLillo : il est parfaitement incompréhensible au commun des mortels, et autant vous le dire si vous ne l'avez pas vu, vous ne comprendrez guère qu'une phrase sur deux. En plus, parmi celles qu'on comprend, il y a des répétitions, comme le déjà tristement célèbre "I want a haircut".

Que dire de plus ?

Pattinson joue avec la conviction d'un mollusque par temps chaud. La mise en scène se résume au défi de tourner à l'intérieur d'une limousine, comme Buried le faisait dans un cercueil. Les scènes fantastiques ou oniriques, qui sont généralement un des points forts de Cronenberg, paraissent ici un peu ridicules et cheaps (les adeptes du rat). L'apparition successive des différents interlocuteurs sous forme de vignettes caricaturales est vaine et lassante. Juliette Binoche fait une apparition qui n'est pas à son avantage.

Difficile de faire plus mauvais, d'ailleurs à Cannes les gens partaient nombreux avant la fin de la séance. Amusant : le premier plan de Cosmopolis montre une limousine, le dernier du Carax en montre plusieurs, et les deux se déroulent en grande partie dans un de ces engins. Le navet et le chef d'oeuvre.

Un autre extrait pour rire ? "Il voulait être enterré dans son bombardier nucléaire, son Blackjack A. Il voulait être solarisé"

Cronenberg sur Christoblog : Les promesses de l'ombre / A dangerous method

 

1e

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A dangerous method

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/79/98/48/19828696.jpgA force de faire des critiques négatives, je me prends à penser que je suis un blogueur bien ... négatif. Et franchement, avant de voir le dernier Cronenberg, je craignais - le coeur triste et l'âme grise - de devoir rempiler pour une énième descente en flamme.

Mais non. A dangerous method m'a beaucoup touché. D'abord le film est un peu décevant. Keira Knightley semble surjouer, les décors paraissent curieusement ir-réels et en même temps sur-réels (une première touche Cronenbergienne), et l'histoire patine à ses entournures.

Et puis, progressivement, le film décolle. D'abord par de brusques accélérations narratives, puis par la grâce de l'apparition / disparition de plusieurs personnages étonnants (Freud / Gross / la femme de Jung), et enfin par la mise en scène de Cronenberg, pernicieuse et très maîtrisée comme d'habitude. Le Canadien s'affirme de plus en plus comme un des réalisateurs les plus intéressants de sa génération, puisqu'il réussit à surprendre de film en film, contrairement à d'autres qui radotent ou cachetonnent.

Au final, si le résultat n'est pas renversant, il est très plaisant (et instructif, même s'il est aussi simpliste). Une mention spéciale doit être décernée aux acteurs / actrices excellent(e)s, et en particulier à Fassbender, qui tient là peut-être son meilleur rôle depuis Hunger, tour à tour enfant distrait, homme perdu, créateur égoïste et coeur blessé.

La fin est particulièrement émouvante avec une magnifique scène sur un banc dont je ne dirai rien, et des cartons de fin (procédé un peu vulgaire, j'en conviens) terriblement efficaces.

Je recommande le film à tous ceux qui ont besoin d'une analyse, et même aux autres, mais y en-a-t-il ?

 

3e

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Les promesses de l'ombre

Naomi Watts. Metropolitan FilmExportCronenberg n’'a plus l'’insolence souveraine et malsaine de ses débuts.

Il garde par contre un art de la mise en scène tout en subtilité et en sobriété.

A ce titre, les dix premières minutes des Promesses de l’'ombre sont exceptionnelles : montage parfait, musique excellente, direction d’'acteurs exemplaires (je suis tombé cinématographiquement amoureux de Naomi Watts dans Mulholand Drive, et là rebelotte), mise en scène fluide et discrète.

Les trois acteurs sont vraiment incroyables. – Vincent Cassel impayable en gay refoulé, Viggo Mortensen aiguisé comme une lame de cutter dans un sauna, et Naomi… : j'’ai déjà dit. Progressivement le film perd son intérêt et je peine d'ailleurs à me souvenir précisément de son dénouement, mais peu importe, la petite musique Cronenbergienne fait son effet.

La scène dans le sauna est vraiment une scène d'anthologie. Vraiment.

 

3e

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