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Christoblog

Articles avec #antoine reinartz

Anatomie d'une chute

De ce long film dense et puissant, on se demande ce qui mérite d'être mis en avant tant tout y semble parfait.

L'écriture d'abord est merveilleuse. On ne s'y ennuie pas une minute, tout y est savamment pesé. Anatomie d'une chute est d'une finesse ahurissante en terme de progression dramatique et de tension psychologique.

Les acteurs y sont splendides, Sandra Huller en tête, qui joue d'une façon vertigineuse une femme dont on ne sait trop quoi penser : autrice géniale unie à un mari médiocre ou monstre pervers et froid ? Le casting est tout simplement parfait.

La mise en scène au sens large (direction artistique, image, direction d'acteur) accompagne tout cela de main de maître : de la promenade inaugurale du chien dans la neige au huis clos étouffant du procès, en passant par la scène magnifique de la dispute revécue, tout est d'une limpide efficacité.

Comme dans tout bon film de procès, on passe d'une conviction à l'autre, au gré des prestations d'experts qui assènent avec la même conviction des évidences contradictoires.

Thriller psychologique hors norme et réflexion sociologique sur les rapports homme/femme au sein du couple, Anatomie du chute est une Palme d'Or enthousiasmante, tectonique des égos filmée de main de maître(sse).

Justine Triet sur Christoblog : La bataille de Solférino - 2013 (***) / Victoria - 2016 (**) / Sibyl - 2019 (**)

 

4e

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Petite nature

Quel sujet casse-gueule !  Un garçon de 10 ans issu d'une famille défavorisée tombe amoureux de son professeur et le drague, à Forbach.

Exprimé comme cela, on peut craindre le pire, du réalisme social glauque à la romance malaisante, en passant par le chantage au suspense psychologique. 

Mais Samuel Theis évite tous les écueils, grâce à une mise en scène élégante et surtout grâce à la prestation exceptionnelle du jeune Aliocha Reinert, qui fait preuve d'une sensibilité formidable. Petite nature avance donc dans son histoire avec beaucoup de tact, à coup de vigoureuses ellipses et sur la base de ce qu'on pourrait appeler un naturalisme poétique.

On est charmé par le rythme faussement indolent du film, sa faculté à capter des fragments de réalité brute et à dérouler une narration qui au final s'avère millimétrique.

C'est très beau.

Samuel Theis sur Christoblog : Party Girl - 2013 (***)

 

4e

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Alice et le maire

Il faut reconnaître au film de Nicolas Pariser un point positif important : il parle d'un homme politique qui n'est ni corrompu, ni malhonnête, ni idiot, ni impuissant. Et à ma connaissance c'est l'une des premières fois que l'on voit ça au cinéma.

D'autre part, le scénario est assez malin, puisqu'il dessine en creux plusieurs thématiques (dont celle d'une jeunesse trentenaire en plein marasme sentimental), et l'interprétation est très solide (Luchini oublie de faire du Luchini, Anaïs Dumoustier est parfaite comme d'habitude, les seconds rôles sont plutôt convaincants).

Bref, beaucoup de qualités pour une sorte de "nouvelle qualité française", consistante à défaut d'être profonde.

Cela étant dit, et j'affirme que le film mérite d'être vu, quelques éléments m'ont toutefois gêné. Certains traits par exemple me semblent tout à fait caricaturaux (le projet Lyon 2500, le personnage de Brac). J'aurais aussi aimé que la belle idée de la philosophie qui challenge la politique soit poussée plus loin, et que globalement le film approfondisse ce qu'il effleure. C'est en gros les reproches que j'adressais au premier film de Pariser, Le grand jeu, même si celui-ci est beaucoup plus réussi.

Lyon forme en tout cas, comme dans Grâce à Dieu, un décor magnifique. Lors de sa présentation à Cannes, Nicolas Pariser a dit que la ville avait des airs de Budapest, et à la réflexion, il a raison.

Malgré mes quelques réserves, qui relèvent plus d'une déception par rapport à ce qu'aurait pu être le film, je vous le conseille : Alice et le maire est un film intelligent, et c'est suffisamment rare pour ne pas être négligé.

Nicolas Pariser : Le grand jeu - 2015 (*)

 

2e

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