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Christoblog

Articles avec #maud wyler

La fille de son père

Le deuxième film d'Erwan Le Duc commence très bien, par une première séquence réussie de cinq minutes, où l'on voit toute une vie se dérouler sous nos yeux, sous forme de scènettes tantôt émouvantes, tantôt drôles.

On retrouve ensuite une partie des qualités qui rendaient si plaisant le premier film de Le Duc, l'adorable Perdrix : des personnages un peu lunaires, des situations cocasses souvent très drôles. Les dialogues entre le père (Nahuel Perez Bizcayart) et le mec (Mohammed Louridi) sont en particulier délectables, construit sur la base d'un cocktail de cruauté, de vérité et d'originalité.

La fantaisie est toutefois un peu moins percutante et précisément mise en scène que dans Perdrix. Quand le père croit voir le visage de sa femme (qui a quitté le domicile familial il y a des années) dans un documentaire sur le Portugal, le film glisse vers une sorte de mélodrame assez peu agréable. Le père erre dans les rues portugaises comme dans une carte postale, et tombe par hasard sur ... sa fille, ... puis sa femme. 

Toute cette seconde partie est assez bancale, et c'est finalement son goût amer qui l'a emporté sur le plaisir que m'avait apporté la première.

Erwan Le Duc sur Christoblog : Perdrix - 2018 (***)

 

2e

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Alice et le maire

Il faut reconnaître au film de Nicolas Pariser un point positif important : il parle d'un homme politique qui n'est ni corrompu, ni malhonnête, ni idiot, ni impuissant. Et à ma connaissance c'est l'une des premières fois que l'on voit ça au cinéma.

D'autre part, le scénario est assez malin, puisqu'il dessine en creux plusieurs thématiques (dont celle d'une jeunesse trentenaire en plein marasme sentimental), et l'interprétation est très solide (Luchini oublie de faire du Luchini, Anaïs Dumoustier est parfaite comme d'habitude, les seconds rôles sont plutôt convaincants).

Bref, beaucoup de qualités pour une sorte de "nouvelle qualité française", consistante à défaut d'être profonde.

Cela étant dit, et j'affirme que le film mérite d'être vu, quelques éléments m'ont toutefois gêné. Certains traits par exemple me semblent tout à fait caricaturaux (le projet Lyon 2500, le personnage de Brac). J'aurais aussi aimé que la belle idée de la philosophie qui challenge la politique soit poussée plus loin, et que globalement le film approfondisse ce qu'il effleure. C'est en gros les reproches que j'adressais au premier film de Pariser, Le grand jeu, même si celui-ci est beaucoup plus réussi.

Lyon forme en tout cas, comme dans Grâce à Dieu, un décor magnifique. Lors de sa présentation à Cannes, Nicolas Pariser a dit que la ville avait des airs de Budapest, et à la réflexion, il a raison.

Malgré mes quelques réserves, qui relèvent plus d'une déception par rapport à ce qu'aurait pu être le film, je vous le conseille : Alice et le maire est un film intelligent, et c'est suffisamment rare pour ne pas être négligé.

Nicolas Pariser : Le grand jeu - 2015 (*)

 

2e

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Perdrix

Le premier film d'Erwan Le Duc est un objet filmique non identifié, qui se situe quelque part entre un Wes Anderson vosgien et un Roy Andersson rural, assemblage hétéroclite et pas toujours absolument convaincant d'humour décalé et de comédie romantique au xième degré.

Pour ma part j'ai beaucoup apprécié les scènes abracadabrantes de psychanalyse collective du chef et de terroristes nudistes. La mélancolie triste du film (finalement tout le monde est seul dans cette famille) a quelque chose de profondément séduisant, quand elle s'associe au burlesque à la Tati de certaines scènes (la priorité à droite pour le char, les étagères qui s'écroulent, etc).

Perdrix, au-delà de ses qualités de fond, ne néglige pas les morceaux de bravoures gratuits (le lac, la descente en VTT, la reconstitution de guerre, la fête en boîte), qui lui permettent d'être un spectacle total : fantaisie colorée et déjantée, non dénuée de fond romantique.

Pour l'apprécier, il faudra un esprit léger, libéré de tout a priori.

 

3e

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