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Articles avec #isabelle carre

21 nuits avec Pattie

L'intérêt du nouveau film des frères Larrieu est double : la prestation des acteurs est somptueuse et le scénario est ébouriffant.

Commençons par les acteurs. Karin Viard est tout simplement bluffante, en nymphomane décomplexée narrant avec bonhomie ses aventures sexuelles en tout genre. Elle souffle sur tout le début du film comme les vents d'Espagne qui ne sont pas capable d'assécher l'humidité de ses parties intimes.

Isabelle Carré est son exact contraire en tout : réservée, timorée sexuellement (impuissante dit-elle joliment), poitrine menue contre attributs mammaires impressionnants. André Dussollier vieillit à merveille, jouant avec un brio délicieux le vieux beau. 

Les seconds rôles sont à un niveau rarement atteint dans le cinéma français : Denis Lavant qui donne l'impression de brûler la pellicule à chaque apparition, Laurent Poitrenaux excellent en gendarme perspicace et Sergi Lopez très convaincant en mari soucieux.

Deuxième point fort du film, le scénario nous entraîne dans un labyrinthe qui mélange habilement la logique la plus cartésienne et le surnaturel. Il parvient à le faire, il est vrai parfois de justesse, par le biais des fantasmes et des désirs. Comme toujours chez les Larrieu, le désir sexuel tient donc une place importante : il apparaît ici clairement comme le vecteur de réalisation personnelle, quelque soit son objet, et à condition qu'il soit bien détaché de ce vieux concept rétrograde qu'est l'amour.

Un festival d'acteur et un jeu intellectuel stimulant, pour un bon moment de cinéma.

 

3e

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Marie Heurtin

On ne se souviendra pas éternellement du film de Jean Pierre Améris, mais il me faut bien avouer que Marie Heurtin est à la fois édifiant, instructif, bien joué et correctement réalisé.

On suit la destinée d'une jeune sourde aveugle, quasiment élevée dans un état sauvage, dans la France rurale du XIXème siècle. Et on s'intéresse à l'opiniâtreté presque maladive avec laquelle Soeur Marguerite va tenter d'apprendre à Marie cette évidence qui n'en est pas une : chaque chose possède un nom.

Isabelle Carré est une nouvelle fois stupéfiante dans ce rôle à sa mesure, alors que la jeune Ariana Rivoire est aussi très bonne dans le rôle de Marie Heurtin.

Le film est un tire-larme de première bourre, du genre : "Attention, nous prévenons qu'aucun spectateur ne sortira de la salle sans avoir les yeux rougis, et/ou en enlevant discrètement ses lunettes pour se gratter le haut de la joue, et/ou sans voir sa poitrine se lever compulsivement durant certaines scènes du film".

Le scénario ménage peu de surprises, et certaines scènes commandent un peu trop ouvertement les émotions, mais bon, ne boudons pas trop notre plaisir de simple spectateur : Marie Heurtin nous fait sortir de la salle de cinéma moins idiot qu'on y est entré. Et en plus, le film est projeté à toutes les séances en version sous-titrée pour les mal entendants, une initiative salutaire et pédagogique.

 

2e 

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Respire

Respire, le deuxième long-métrage de Mélanie Laurent, a enthousiasmé la Semaine de la Critique à Cannes 2014.

Le découvrant aujourd'hui, je ne peux m'empêcher d'être un peu décu. Si la description du monde des adolescentes y est très réussie, la progression du film m'a semblé un peu mécanique.

C'est au final l'interprétation de la jeune Joséphine Japy qui sauve le film. La fascination, les élans sincères, puis l'enfermement sont joués à la perfection par la jeune comédienne. Lou de Laâge, dans le rôle de la vamp allumeuse m'a semblé au contraire jouer faux plusieurs fois. Dans ce film de femmes, Isabelle Carré est une nouvelle fois prodigieuse.

Sans révéler trop de choses du film, cette histoire de pervers narcissique paraît avoir été racontée mille fois (dans des milieux, et avec des âges et des sexes différents). Il faut un vrai talent de réalisatrice à Mélanie Laurent pour susciter ici l'intérêt, à travers un montage nerveux, une certaine concision dans les enchaînements et une mise en scène très expressive, parfois à la limite de la démonstration de force, à l'image de ce travelling immense lorsqu'on découvre la vérité sur Sarah.

Un film intéressant et plaisant à suivre.

 

2e

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Cherchez Hortense

Voici un film tout entier contenu dans son titre, son affiche et sa bande-annonce. Le titre est incongru, sans grand rapport avec le contenu du film, fait chic et tombe à plat. L'affiche, en forme de puzzle, caricature ses personnages et émiette le propos. La bande-annonce comprend approximativement toutes les bonnes scènes du film, et dévoile en gros l'essentiel de l'intrigue.

Le film de Bonitzer ne parvient à être qu'un manifeste bobo, maniant avec distance une mélancolie toute parisienne qui se regarde le nombril sans jamais paraître incarnée. A part Bacri assez juste et Isabelle Carré toujours séduisante, les autres personnages ne sont que des ectoplasmes sans substance. Kristin Scott Thomas joue comme un pied, Jackie Berroyer cabotine, l'enfant est anecdotique, Claude Rich ne parvient jamais à sortir de son rôle fantoche, soeur et beau-frère semblent avoir vu leur rôle écrits par un enfant de six ans.

Le scénario est d'une grande banalité et brasse les bons sentiments avec mauvais goût, à l'image de ce vieux chinois à la fin du film, reprenant lourdement une anecdote crypto-mystique. On passera sur les invraisemblances éhontées de ce qui nous est compté (quel hasard que l'Aurore de la librairie soit justement la Zorica à sauver), pour souligner l'incurie paresseuse de la mise en scène.

On peine à comprendre l'enthousiasme quasi-général des critiques devant cette oeuvrette, à moins d'y voir la manifestation d'une complicité parisianiste. Pascal Bonitzer fera beaucoup mieux un peu plus tard.

 

2e

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Du vent dans mes mollets

De certains films on a presque honte de dire du mal.

Ainsi, Du vent dans mes mollets, le dernier film de Carine Tardieu, est bien mignon, et pétri de bons sentiments. Les couples désunis s'y réunissent après un léger trauma, les troubles de l'enfance y sont montrés avec sensibilité, et le sentiment tragique de la vie y est exposé avec légèreté et un certain sens du rythme.

Bref, le film n'est pas mauvais, et il faudrait être bien cruel (ou alors de retour de vacances, et mal luné) pour dire qu'il est aussi un peu maladroit, qu'il manque totalement d'unité stylistique et que le jeu des acteurs y est assez approximatif.

Comme ce n'est pas mon cas, je signalerai seulement que les petites filles sont extras, qu'Isabelle Carré est parfaite (mais peut-elle ne pas l'être ?).

Allez, vous ne raterez pas un moment crucial de l'histoire du cinéma en allant à la pêche plutôt qu'en allant voir ce film, mais vous ne vendrez pas non plus votre âme de cinéphile exigeant en y allant.

 

2e

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