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Christoblog

Articles avec #michel leclerc

La lutte des classes

Je vais voir aujourd'hui le dernier Michel Leclerc comme j'allais voir autrefois le dernier Woody Allen : avec la quasi certitude de passer un bon moment, sans grande prétention.

La lutte des classes est donc comme la plupart de ses prédécesseurs un tableau pittoresque qui brocarde avec tendresse le peuple de gauche. Ce qu'il y a de remarquable avec Michel Leclerc, c'est sa faculté à éviter les plus gros des pièges qui le guettent, en empilant les clichés en tout genre (même - et surtout - contradictoires) de telle façon qu'à la fin le propos paraisse presque équilibré.

Une autre des qualités du film est de ménager des instants poétiquement loufoques, parfois dissimulés dans un coin de l'écran (comme ses deux employés de voirie qui se braquent avec des souffleurs à feuilles mortes dans un des premiers plans), et à d'autres moments s'étirant en longueur (les vieux parents morts sur le banc).

Comme le film est aussi émaillé de saillies rigolotes, de scènes frappantes bien interprétées par Edouard Baer et Leïla Bekhti, on finit par lui pardonner son final lourdingue et ses quelques facilités.

Michel Leclerc sur Christoblog : Le nom des gens - 2010 (**) / Télé gaucho - 2011 (***) / La vie très privée de Monsieur Sim - 2015 (***) 

 

2e

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La vie très privée de Monsieur Sim

Michel Leclerc était pour moi jusqu'à présent un excellent auteur de comédie, peut-être le meilleur en activité en France aujourd'hui.

Avec ce dernier film, il change un peu de registre.

La vie très privée de Monsieur Sim commence comme une ode enjouée à la médiocrité, particulièrement réussie grâce à l'interprétation exceptionnelle de Jean Pierre Bacri. Idiot, attachant, crédule, et accessoirement très vieilli, Bacri joue une partition qui est assez originale pour lui, plus habitué qu'il est à jouer un autre type de solitaires : le bougon aigri.

Si le début du film est simplement plaisant à regarder, la deuxième partie devient captivante. Le road movie tragico-comique se transforme en quête des origines particulièrement déstabilisante. C'est la beauté d'un scénario élaboré (et tiré d'un roman du grand Johnatan Coe) que de nous entraîner vers l'obscurité, la tristesse et le sentiment de ne pas devoir être au monde.

La farce qu'aurait pu être le film se transmute en rêverie presque lynchienne : c'est l'incroyable réussite du film. 

Michel Leclerc sur Christoblog : Le nom des autres (**) / Télé Gaucho (***)

 

3e

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Télé gaucho

http://fr.web.img3.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/93/76/71/20276277.jpgMichel Leclerc est-il en train de ressusciter la comédie à la française ?

On peut le penser, tant Télé gaucho  (comme Le nom des gens) parvient à faire rire à partir d'une recette qu'on pensait oubliée : des acteurs qui ont des tronches, des répliques qui font mouche, un milieu bien typé qui porte en lui-même un potentiel comique et nostalgique, des gimmicks efficaces.

Michel Leclerc s'est souvenu de son expérience à Télé Bocal pour reconstituer ce qui fut l'ambiance libertaire de ces télés libres, revivant en quelque sorte au milieu des années 90 l'effervescence créatrice qui entoura la création des radios libres, une décennie auparavant.

Le film doit beaucoup de son potentiel comique a l'excellent Eric Elmosnino qui révèle ici un réel potentiel dans le domaine de la comédie, à Sara Forestier qui joue les cruches comme personne, et au très bon jeune espoir Félix Moati, à la fois attendrissant et convaincant dans le rôle du jeune réalisateur qui se voit grand.

Plusieurs scènes ou répliques mériteront de devenir culte (le porno tourné sur le toit, "J'aime faire les choses, mais ce sont les choses qui n'aiment pas être faites par moi", la rubrique des objets qui nous font chier), et si le propos du film pourra au final paraitre anecdotique, Télé Gaucho est l'exemple parfait du divertissement intelligent et agréable.

Je le recommande vivement pour une soirée sympa pendant les vacances de fin d'année.

 

3e

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Le nom des gens

UGC DistributionEn voilà une belle comédie consensuelle franchouillarde, capable de faire rire tout le bon peuple de gauche, et aussi celui de droite (enfin, peut-être un peu moins celui de droite quand même).

En se moquant dès l'ouverture des personnes qui portent des noms très répandus (le héros s'appelle Arthur Martin), le réalisateur (Michel Leclerc !!) trouve un ton et un gimmick qu'il exploite correctement dans la première partie du film. L'absence d'attachement aux origines (arabes pour elle, juives pour lui) donne l'occasion de s'appesantir sur l'histoire personnelle des deux personnages tout en savourant quelques digressions purement politiques, dont la fameuse apparition de Lionel Jospin. Vers le milieu de film on peut considérer qu'on est en train de regarder un Lelouch réussi (si on peut imaginer) ou un Jeunet potable, d'autant que Gamblin et Sara Forestier sont très efficaces.

Malheureusement je trouve la deuxième partie du film moins réussie, le pathos ne sied pas aux personnages et les tics de mise en scène rappellent pour le coup le mauvais Lelouch (le passage à la plage filmé en simili super 8). On regrette aussi le burlesque léger du début du film, par exemple les inventions adoptées par les parents d'Arthur toujours à contre-temps.

Reste un divertissement honorable qui n'hésite pas à franchir parfois les frontières du mauvais goût avec détermination. En parlant à sa belle-mère dont les parents sont morts à Auschwitz, Bahia enchaîne des sujets de conversation suivants : un job dans les wagons (lits), un autre dans les camps (de vacances), avant de parler de four à propos de son dîner. Il faut quand même oser.

 

2e

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