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Christoblog

Articles avec #finnegan oldfield

Coupez !

Coupez ! commence par une série Z de 30 minutes filmée en plan séquence. On se demande vraiment ce qu'on est en train de regarder. Plusieurs scènes sont complètement ratées, les dialogues sont nuls et les acteurs semblent souvent improviser maladroitement. Parfois un effet de style fait cinéma d'auteur (la caméra est fixe alors que les personnages sortent longuement du champ, ou reste par terre après être tombée, façon found footage).

Mais curieusement, l'action se poursuit cahin-caha, et le réalisateur (un Romain Duris survolté) parvient à toujours retomber toujours sur ses pieds en parvenant même parfois à nous emporter.

Après cette introduction, le film raconte la genèse de ce qu'on vient de voir : comment cette série Z a été préparée, puis tournée. Hazanavicius parvient alors à nous surprendre et à nous émouvoir. Beaucoup d'éléments inexplicables du film initial trouve alors une explication rationnelle, parfois hilarante.

Cette deuxième partie est une déclaration d'amour au cinéma et plus spécifiquement à la volonté de tourner coûte que coûte, même avec peu de moyens et en dépit des difficultés rencontrées. C'est souvent drôle, très bien rythmé et tous les seconds rôles sont formidables.

Ce remake d'un film japonais (Ne coupez pas ! de Shinichiro Ueda) est une ouverture parfaite, pétillante et réjouissante, pour le Festival de Cannes 2022.

 

3e

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Gagarine

Faux documentaire, vrai film onirique, Gagarine pose un problème au critique consciencieux et objectif que je suis.

D'un côté il faut reconnaître au film un élan vital exceptionnel, une sensibilité à fleur de peau qui fait parfois mouche, et enfin une façon de filmer la banlieue qu'on a rarement vu. Parmi les autres points forts du film, une idée de scénario géniale, très bien mise en scène : la reconstitution d'une cellule spatiale dans l'immeuble abandonné.

De l'autre, de nombreuses maladresses difficilement pardonnables. Un casting très approximatif : un Finnegan Oldfield encore plus mauvais que d'habitude (si c'est possible), une Lyna Khoudri transparente, un Alséni Bathiny un peu asthénique. Il y a aussi dans Gagarine des ruptures de ton qui tombent un peu à plat et une sorte d'emphase naïve (la fin !) qui posent problème.

Au final, je ne sais pas trop quoi penser de ce film sympathique mais imparfait. A vous de voir.

 

2e

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Nocturama

Nocturama nous montre des jeunes qui font des trucs dans le métro : ils utilisent leur pass navigo, prennent leur montre en photo et regardent les autres voyageurs d'un air coupable. 

Ils font tous salement la gueule : on sent bien que ça ne va pas rigoler, et qu'un truc horrible les attend, du genre passer le bac, ou aller chez le dentiste.  

D'où viennent-ils, comment se sont-ils connus : on ne le saura pas. Ils sont pourtant visiblement d'origine, de milieu et d'âge très différents, et leur rencontre est bien curieuse. Bonello n'a pas l'intention de nous fournir d'explication, et il les filme comme il filmerait des employés de bureaux en train de classer des archives. 

Au bout d'un moment infiniment long, une bombe explose au Ministère de l'Intérieur, et là, il faut bien le dire, le responsable des effets spéciaux de Nocturama mérite instantanément d'être rayé des répertoires professionnels, tellement l'image semble photoshoppée par un stagiaire de niveau BTS.

Nos apprentis terroristes, pour qui poser des bombes semble un agréable passe-temps, se réfugient dans un grand magasin, ce qui à l'évidence est une idée géniale pour se dissimuler. Ils prennent des bains, essayent des fringues, boivent de l'alcool et écoutent de la musique placidement, en attendant qu'arrivent des gendarmes dans un fourgon réformé, qui les tirent comme des lapins.

L'ensemble du film semble durant toute sa durée essayer de combler le vide qu'il creuse : sa bêtise insigne l'en empêche peu à peu. Il sombre progressivement dans des abîmes de nullité indigente, à l'image des apparitions de Luis Rego et Adèle Haenel, prodigieusement ratées. Tout devient artificiel et de mauvais goût, de la bande-son à la dernière image.

Nocturama, malgré son sujet explosif, ne parvient pas à être polémique tellement il insulte l'intelligence des spectateurs. C'est triste, pitoyable, et même pas beau, ce qui est un comble pour un film de l'esthète Bonello.

Très décevant.

Bertrand Bonello sur Christoblog : L'Apollonide, souvenirs de la maison close - 2011 (****) / Saint-Laurent - 2014 (**)

 

1e

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Bang gang

Il y a une ambiguité terrible dans le film d'Eva Husson : on ne sait jamais vraiment si la connerie des jeunes qu'on voit à l'écran est volontairement mise en exergue, ou pas.

Dans le premier de cas de figure (ils sont vraiment aussi cons), alors le film n'est pas intéressant parce que la vie des cons ne vaut que si elle est filmée de façon brillante ou décalée, et non pas comme une bleuette éthérée qui se finit en apothéose moralisatrice, façon Larry Clark explore la Bibliothèque rose.

Dans le deuxième cas (ils ne sont pas aussi cons), la réalisatrice échoue complètement à nous faire ressentir la perversité et/ou l'inconscience de ces jeunes, et encore moins l'ambiguité morale de la situation. En montrant le ciel pour exprimer les sentiments (sur le mode simpliste de "un nuage = une contrariété"), Eva Husson filme avec ses pieds. C'est comme si Mia Hansen-Love tournait un Partouze à Biarritz.

Dans les deux cas, l'aventure est un cul-de-sac esthétique, sentimental, narratif. Pour justifier un pareil ratage, il faut entourer le film d'une série de palliatifs qui fonctionnent comme des sous-titres : un complément au titre (Une histoire d'amour moderne) et le traditionnel carton "Inspiré de faits réels" en générique de fin.

Comme si l'inanité vaporeuse et grisâtre de ce qu'on venait de voir devait être justifiée.

 

1e 

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Les cowboys

Impossible de ne pas penser aux films d'Audiard en voyant Les cowboys. Thomas Bidegain est en effet le scénariste attitré du réalisateur de Dheepan.

On retrouve donc sans surprise les caractéristiques des films de ce dernier (De rouille et d'os, Le prophète) : des histoires originales, s'étirant sur de longues périodes, de brusques ruptures, des personnages mystérieux ou mutiques.

Thomas Bidegain n'est à l'évidence pas manchot avec sa caméra. Son film est donc plutôt agréable à regarder, même si plusieurs effets (les éclairages au soleil couchant de la première scène par exemple) flirtent avec une certaine joliesse sirupeuse.

François Damiens est très bon, comme d'habitude, imposant la présence de son corps massif avec une grande autorité. Finnegan Oldfield est assez transparent.

Cette histoire de père et de frère recherchant une jeune fille disparue dans la mouvance islamiste manque toutefois de profondeur. On ne peut s'empêcher de trouver le film superficiel et même parfois maladroit, à l'image des attentats de New-York, Londres et Madrid, que Bidegain égrène sans véritable raison.

On arrive difficilement à entrer en empathie avec les personnages. Le scénario, surprenant et intéressant sur le papier, ne s'incarne pas complètement à l'écran. Il manque probablement au réalisateur le talent qui permet de donner une âme à un film au long cours : je pense au très réussi Suzanne de Katell Quillévéré, qui donnait à voir François Damiens confronté à une absence du même type, sur la durée.

Un film de scénariste, en quelque sorte.

 

 2e 

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