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Christoblog

Articles avec #wim wenders

Perfect days

Il est très difficile de faire ressentir la poésie au cinéma. Je connais très peu de films dont je pourrais dire qu'il m'ont ému "poétiquement" (Bright star, Poetry).

Perfect days y parvient, par le biais d'une succession de répétition, un peu comme le tentait maladroitement le Paterson de Jarmusch. La même journée semble se répéter durant tout le film, avec ses rituels anodins, son apparente monotonie et ses activités quelconques (le personnage principal nettoie les toilettes publiques).

Mais Hirayama (joué par Koji Yakusho, récipiendaire mérité du prix d'interprétation à Cannes) semble trouver son épanouissement dans cette journée sans fin à la mode tokyoïte, entre autre inspiré par la transcendance de la lumière à travers les feuillages d'arbre (les Japonais appelle cela le komorebi), qu'il aime photographier.

Les rares distractions qu'invente le scénario (quelques rencontres fugaces, une poignée de frêles amitiés) sont comme les ridules qui se forment à la surface d'une eau calme après qu'un corps y a pénétré : elles ne troublent que temporairement et superficiellement la sérénité d'Hirayama, tout entier consacré à la recherche de la quiétude au travers de l'observation du monde.

Le film se conclut par des plans d'une ampleur incroyable, qui m'ont littéralement arraché des larmes tellement leur beauté m'a atteint en plein coeur, me faisant soudainement ressentir toute la beauté et la fugacité de la vie.

Wim Wenders sur Christoblog : Pina - 2011 (**) /  Every thing will be fine - 2015 (*) / Anselm (Le bruit du temps) - 2023 (**)

 

3e

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Anselm (Le bruit du temps)

Pour ceux qui ne connaissent pas Anselm Kiefer, ce film risque de faire l'effet d'une révélation, tellement la puissance créatrice de l'artiste allemand explose à l'écran.

Wim Wenders choisit une trame qui n'est pas dans les canons du film documentaire. Tour à tour fantaisie poétique (avec une utilisation brillante de la 3D), rêverie philosophique et onirique, reportage sur une oeuvre, biographie et tentative de portrait, Anselm explore de nombreuses pistes.

Le résultat est souvent convaincant, sauf peut-être lors de la dernière demi-heure. En effet, si les différents lieux de l'artiste (le site de Barjac, les ateliers immenses, le Palais des Doges) sont des écrins formidables pour expliquer la démarche de l'artiste, j'ai été beaucoup moins convaincu par les inserts oniriques (le funambule, le petit garçon qui descend de l'échelle) que je trouvent un peu lourdingues et nuisant à la rigueur, il est vrai un peu austère, de l'ensemble.

Cette volonté d'accumuler les strates signifiantes à la lisière de la fiction m'avaient d'ailleurs déjà dérangé dans le documentaire Pina.

Le contenu informatif du film est passionnant : Kiefer s'y exprime peu, mais toutes ses interventions sont marquées par une grande concision et une profondeur habitée. On perçoit assez bien au final la variété des thèmes abordés dans son oeuvre (judaïsme, nazisme, mythologie) et l'importance des influences (Paul Celan, Josef Bueys).

Probablement un des meilleurs films réalisés sur un peintre.

 

2e

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Every thing will be fine

Difficile de trouver quelque chose de bon dans le dernier film de Wim Wenders.

La mise en scène est pachydermique, le montage semble fait à la tronçonneuse, la musique est une sorte de brouet néo-hitchcockien.

La photographie est souvent d'une laideur absolue (des lumières trop bleues, trop rouges, trop oranges).

Les acteurs semblent enfermés dans une gangue qui les cantonne stictement à leur rôle. James Franco inspire ainsi deux sentiments différents : l'envie de lui botter le cul, et celui de lui donner des baffes.

Le scénario ressasse sans originalité les thèmes du deuil et de la culpabilité, suite à un accident de la route.

Seules lueurs dans le film, la scène initiale de l'accident et celle de la fête foraine, dans lesquelles Wenders parvient à instiller un soupçon de malaise, et à ressembler (de loin) à du bon Polanski.

 

1e

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Pina

Suite à d'amicales pressions de connaissances et de blogueurs réputés ayant plutôt bon goût (ils se reconnaîtront), je me suis hélas décidé à aller voir Pina.

Il faut dire que Les rêves dansants m'avaient enthousiasmés, tout en me familiarisant avec l'univers de Pina Bausch. Malheureusement, autant ce dernier film arrivait à être plus que ce qu'il montrait (au-delà de la chorégraphie il donnait une leçon de vie), autant Pina parvient à être moins que ce qu'il donne à voir. En d'autres termes, il me fait regretter de ne jamais avoir vu un spectacle de Pina Bausch en vrai, alors que Les rêves dansants me donnait le plaisir de ressentir ce qu'était un spectacle de Pina Bausch, même sans en avoir vu un.

Je ne sais pas à quoi tient exactement ce sentiment, mais j'ai quelques idées :
- la 3D est assez impressionnante (une fois n'est pas coutume), mais presque trop : par moment des effets de brillances donnent l'impression de "trous" dans l'image, l'effet général étant d'assister à une projection d'une sorte de Godzilla post-moderne dans un drive-in cheap de Wuppertal
- les déclarations de vénération de chaque danseur face caméra sont de trop ("Pina voyait à travers nous", "Pina savait des choses qu'on ne savait pas", "Je n'ai toujours connu que Pina", "Avant de connaître Pina j'étais introverti et peu sûr de moi") : le Tanztheater finit par ressembler à une secte
- les choix de mise en scène sont parfois lourds et peu élégants
- l'idée de faire évoluer les danseurs dans des décors extérieurs donnent des résultats très disparates en qualité

Bref, on a envie de dire à Wenders : ne nous emmerde pas avec ton ego de réalisateur et montre nous les choses un peu plus simplement ! Il y a suffisamment de génie dans la danse de Pina Bausch pour éviter un gros plan sur un tissu rouge.

Filmer un tableau de Picasso en multipliant les effets de manche (gros plan sur l'oeil du minotaure, zoom arrière sur la tâche de rouge en bas à droite, interview de l'encadreur) ne rend pas plus sensible le génie de Picasso.

 

2e

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