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Christoblog

Articles avec #rebecca zlotowski

Les enfants des autres

Abandonnant le schéma de ses derniers films (Une fille facile, Planétarium, Grand Central), dans lesquels son propos était trop intellectuel pour vraiment séduire, Rebecca Zlotowski retrouve ici l'efficacité dramatique de son premier film, jusqu'alors le meilleur, Belle Epine.

Les enfants des autres revêt la forme d'un mélodrame pur : intrigue dépouillée (voire même simpliste), mise en scène plate, effets renforçant les effets de narration (fermeture à l'iris à la fin de chaque plan terminant une séquence), attention extrême aux petites choses de la vie, sentiment du temps qui passe, refus du happy end facile et poids de la fatalité.

Pour sublimer cette forme assez ingrate, il faut une interprète à la hauteur, capable de parcourir la gamme des émotions la plus large possible : du désir brut (le scène de la douche) à la sérénité résignée en passant par la joie, la tendresse, le désespoir, la gêne, la déception. Virginie Efira trouve peut-être ici son rôle le plus complet, celui qui donne à voir toute la palette de son talent. Le reste du casting, Roschdy Zem (qui a visiblement prêté son T-shirt de Springsteen à sa partenaire), en tête.

Un beau film, osé et réussi, sensible et délicat, qui relance la carrière de Rebecca Zlotowski et confirme le statut de très grande actrice qui est désormais celui de Virginie Efira.

Rebecca Zlotowski sur Christoblog : Belle épine - 2010 (***) / Grand central - 2013 (*) / Une fille facile - 2019 (**)

 

3e

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Une fille facile

Sans hésiter un instant à sombrer dans les clichés, j'avoue que l'image que j'avais de Zahia Dehar était celle d'une call girl écervelée et manquant cruellement de discernement (coucher avec Ribéry, franchement !).

Le film de Rebecca Zlotowski a cela d'intéressant qu'il décale totalement son propos initial : il ne s'agit pas de disserter sur l'image de Zahia, mais de dresser le portrait de deux jeunes filles, absolument dissemblables au premier regard, mais au final pas si différentes, le personnage de Naïma prenant finalement l'ascendant sur celui de sa médiatique comparse.

Le film, pas très original dans sa forme il faut bien le dire, permet au passage de dresser le délicat portrait d'un Sud délétère et rêvé à la fois, et dessine les contours d'une émancipation féminine 2.0 : et si finalement Zahia était le porte-étendard d'une féminité décomplexée ?

Une fille facile, mais un film qui ne l'est pas !

 

2e

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Grand central

http://fr.web.img2.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/pictures/210/035/21003539_20130506123520021.jpgJ'attendais beaucoup de la nouvelle production du tandem Rebecca Zlotowski / Léa Seydoux, dont j'avais beaucoup aimé le précédent film, Belle Epine.

Hélas, après avoir patienté plusieurs heures à Cannes pour déguster le film dans une salle d'Un certain regard pleine à craquer, j'ai bien du me rendre à l'évidence : quelque chose dans le film cloche et l'empêche de réellement fonctionner.

Peut-être cela vient-il de Tahar Rahim, acteur qui me pose beaucoup de problème, puisque je ne le trouve pratiquement jamais crédible ? Ou suis-je gêné par la juxtaposition amour sensuel / radioactivité, sorte de prototype de la fausse bonne idée, uniquement fondée sur un contraste frontal qui ne sert en aucun cas le développement des deux thématiques ? Il faut dire que le fait de devoir tourner toutes les scènes à l'intérieur de la centrale nucléaire en Autriche n'aide pas à la fluidité du film, qui semble au final très "découpé" et peu cohérent.

En réalité, je n'ai pas cru une seule seconde à l'histoire d'amour entre les deux personnages principaux. Léa Seydoux ne parvient pas à être assez vulgaire pour rendre son personnage crédible (et l'artifice de la coupe de cheveux n'y aide pas). Dans cette escalade à vouloir représenter une certaine sorte de vulgarité, le casting semble presque trop construit (Olivier Gourmet et Denis Ménochet, ensemble !).

Le film ne donne pas l'impression de former un tout, mais plutôt un assemblage d'éléments disparates. Il vaut plus pour son ambiance que par une analyse psychologique ou un développement narratif : en somme les défauts de Belle Epine amplifiés par un budget plus important, sans que les qualités du premier film ne subissent le même sort.

 

1e

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Belle épine

Quel beau film.

Bien sûr, les esprits chagrins diront qu'il ne s'y passe grand-chose. Ils chichiteront ici ou là, oubliant qu'il s'agit d'un premier film.

C'est qu'ils n'auront pas vu cette extraordinaire sensibilité que tous les visages expriment, cette profondeur de la mise en scène discrète et sensuelle. Travail sur la profondeur de champ, sur le cadre, les couleurs, les mouvements de caméra, les premiers plans : on ne peut qu'être admiratif devant la maestria de la jeune réalisatrice, même si parfois ce brio tourne à la démonstration un peu vaine (le plan des motards se passant le pot d'échappement - à l'évidence inspiré de Rembrandt, ou la performance très théâtrale du cousin en juif rebelle). 

Partout la mort rôde. Dans un tatouage. Dans le coeur de Prudence. Dans une flaque d'huile. Dans une écharpe. Dans un fantôme. Partout la mort. L'amour n'est pas vraiment au rendez-vous. Alors quoi ? Le vent dans les cheveux, l'ivresse de la nuit et de la vitesse, le désir. Prudence éprouve durant tout le film ce que la dernière scène (le sonotone amplifie le son de la rue) montre de façon méthaporique : un éveil des sens, amplifié par le deuil. 

On souhaite un grand grand avenir à Rebecca Zlotowski qui signe ici un film d'une grande qualité qui confirme un certain renouveau du cinéma français(e). Les jeunes filles sont à la mode, filmées par des filles (ou pas) : La vie au ranch, Des filles en noir. Tant mieux.

 

3e

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