Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Christoblog

Articles avec #isabelle adjani

Peter von Kant

On se demande parfois quelle mouche pique les réalisateurs.

Faire un remake de son réalisateur fétiche, mais en changeant tout (le couple lesbien devient gay, la période et le lieu changent) : quel intérêt ? La sécheresse abrupte de Fassbinder est ici délayée dans le style carton-pâte et roman feuilleton qu'affectionne souvent Ozon, et dont Huit femmes est le meilleur exemple.

Le résultat est artificiel, laborieux et appliqué. Adjani joue une parodie d'elle même et Ménochet propose un numéro impressionnant mais qui tourne un peu à vide : son jeu tantôt à fleur de peau tantôt très composé, aspire le film, comme parfois celui de Depardieu le fait. Ménochet est donc le principal intérêt du film, et peut-être même son objet.

Aucune émotion n'est générée par cet essai cinématographique, pensum en forme d'acte de dévotion. Allez, on attend qu'Ozon produise de nouveau un grand film, le dernier (Grâce à Dieu) date un peu.  

 

2e

Voir les commentaires

La reine Margot

La reine Margot est une splendeur visuelle. 

Tout ce qu'on voit à l'écran semble marqué par le sceau de la perfection. Les extérieurs et les décors, épurés et réalistes à la fois, forment un écrin exceptionnel pour une direction artistique hors du commun : costumes, lumières, photographie, musique sont portés au plus haut degré de professionnalisme.

La caméra de Chéreau est brûlante. Elle virevolte autour d'acteurs qui sont tous incroyables. Isabelle Adjani est somptueuse, sa blancheur laiteuse irradie l'écran et son jeu parcourt un spectre extrêmement large d'émotions et de sensations.

Autour d'elle chaque acteur semble jouer sa vie à chaque instant. Auteuil est méconnaissable, Perez est christique, Anglade sombre avec un brio bouleversant, Pascal Gréggory rode de façon terriblement inquiétante, et l'interprétation de Virna Lisi est dantesque. Les seconds rôles eux-mêmes forment un casting qui comblerait de bonheur n'importe quel réalisateur : Jean-Claude Brialy, Dominique Blanc, Asia Argento ! 

Les scènes de foule sont à elles seules des morceaux de bravoure comme on en voit peu souvent : à la fois frappantes par la densité du nombre de figurants (et la qualité de leur direction, chacun d'entre eux joue vraiment), et la façon dont Chéreau réussit à y incruster les dialogues entre les personnages principaux. On mesure dans ces scènes d'ensemble à la Scorsese (le mariage, la Saint-Barthélémy, la chasse au sanglier, le siège de La Rochelle) les moyens démesurés qu'a nécessité La reine Margot : six mois de tournage, un budget énorme pour l'époque. 

Le film, admirable de bout en bout, ne génère curieusement pas réellement d'émotions. Il séduit par sa sombre, cruelle et écrasante beauté.

 

4e 

Voir les commentaires

Le monde est à toi

Si le premier film de Romain Gavras m'avait passablement énervé par sa prétention mal dissimulée, je dois avouer que celui-ci m'a plutôt plu. 

Le monde est à toi n'est certes pas un chef-d'oeuvre, mais c'est une comédie plutôt bien troussée, qui vaut avant tout par la qualité de son casting. Karim Leklou confirme son immense talent, Vincent Cassel est excellent dans son rôle (à contre-emploi) de gangster timide obsédé par les Illuminati, Isabelle Adjani est (peut-être un peu trop) impériale, et les caméos de Philippe Katerine et François Damiens sont impayables.

On apprécie aussi un scénario bien écrit, des personnages secondaires dessinés avec précision, et des décors utilisés à la perfection (Benidorm, mon Dieu !). Gavras a également bénéficié d'une belle production qui ne lésine pas sur les moyens. 

La particularité du film est de recycler des thématiques actuelles (les migrants, les théories du complot, le terrorisme) sans avoir peur du mauvais goût. Cela fonctionne, et donne une des meilleures comédies de l'année.

Romain Gavras sur Christoblog : Notre jour viendra - 2010 (*)

 

2e

Voir les commentaires