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Christoblog

Articles avec #colin farrell

Les banshees d'Inisherin

J'avoue avoir du mal à comprendre l'enthousiasme autour de ce film, qui vient de remporter un Golden Globe.

Son contenu se contente en effet d'illustrer péniblement un pitch initial assez amusant : une rupture amicale prend des allures de drame sentimental dans un cadre insulaire à la fois magnifique et oppressant.

Le script suit avec application une trame qu'on devine dès le début malaisante et toute entière tournée vers l'aggravation et le drame. Ce contenu programmatique nuit beaucoup à l'intérêt qu'on peut porter au film : rien ne nous surprend, tout est anticipable. 

La psychologie des personnages est de la même façon exposée dès le début, pour ne plus varier jusqu'à la fin du film, ce qui ne contribue pas à générer de l'empathie chez le spectateur, d'autant plus qu'aucun des deux personnages n'est aimable, ni attendrissant. Leurs dilemmes ne m'ont pas intéressés. 

Les banshees d'Inisherin n'évite pas non plus les maladresses (les raccords de lumière sont approximatifs dans quelques scènes, par la faute de la versalité du climat insulaire), ni les facilités (la façon dont l'étudiant en musique gobe le mensonge de Padraic, l'aspect caricatural des seconds rôles, l'esthétique artificielle des décors). 

Le résultat est un exercice de style froid et désincarné, pauvre en cinéma comme en émotion, qui m'a totalement laissé au bord de la route. 

Martin McDonagh sur Christoblog : 3 billboards, les panneaux de la vengeance - 2017 (****)

 

1e

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Dumbo

Le dernier film de Tim Burton (Miss Peregrine) m'avait un peu réconcilié avec lui, après une brouille de plus de dix ans.  

Dumbo confirme plutôt le retour en grâce à mes yeux du réalisateur américain, même s'il ne s'agit somme toute que d'un produit très formaté, très éloigné des chefs-d'oeuvre grinçants des débuts.

Les freaks magnifiques du jeune Burton sont devenus au fil du temps de gentils monstres mignons. Nous restons donc ici dans un registre très Disney, sans grande aspérité, et dans lequel la seule (petite) effronterie est de confier le rôle du méchant à un gérant de parc d'attraction type Disneyland.

Ceci étant dit, il faut reconnaître que le vivacité de la mise en scène de Burton fait mouche dès les premières séquences, que le film est très bien écrit, et que les acteurs fétiches de Burton (les anciens Michael Keaton et Dany DeVito et la plus récente Eva Green) se régalent avec une grande classe. 

On est forcément émus à certains moments, intimidés à d'autres, et pris par le suspense lors de certaines scènes d'action. C'est du grand spectacle de qualité à visée familiale, sans grande ambition mais évitant certaines facilités. 

Tim burton sur Christoblog : Charlie et la chocolaterie - 2005 (****) / Sweeney Todd, le diabolique barbier de Fleet Street - 2007 (**) / Alice au pays des merveilles - 2010 (*) / Dark shadows - 2012 (*) / Miss Peregrine et les enfants étrangers - 2016 (**)

 

2e

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Mise à mort du cerf sacré

A l'image de son titre, le nouveau film de Yorgos Lanthimos est à la fois intellectuellement stimulant, inutilement alambiqué et esthétiquement séduisant.

Commençons par l'aspect intellectuel : le scénario nous égare un bon bout de temps sur des fausses pistes avant de se préciser progressivement, pratiquement à notre corps défendant, tellement l'intrigue est dérangeante et surréaliste. A ce titre, on en profite bien mieux si on ne connait rien de son propos.  

Sans dévoiler son pitch, je dirais seulement que le film m'a beaucoup plu, donnant une incarnation cinématographique au thème de l'irruption du sacré dans le réel, sujet fort peu traité au demeurant. Sa rigoureuse logique interne est à la fois terrifiante et plaisante. Elle conduit inévitablement à la question : "Nom d'un chien, que ferais-je moi-même à la place de Steven ?".

La stimulation intellectuelle engendrée par le scénario de Lanthimos sera pour certains peut-être un peu gâchée par une inutile sophistication : la scène d'ouverture sur une opération à coeur ouvert en est un bon exemple. D'autres jouiront de la beauté esthétique ahurissante de certains cadres, de l'utilisation rigoureuse des symétries et de la photographie glacée mais somptueuse.

Le cinéma de Lanthimos n'est pas un cinéma de sensation, c'est un cinéma de réflexion. C'est surtout à ce titre qu'il peut être comparé à celui de Kubrick.  Si on accepte ce postulat, alors il procure un plaisir certain.

 

3e

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The lobster

On éprouve une jouissance intellectuelle immense à la vision de The lobster, dont l'argument de départ peut être résumé ainsi : "Tout célibataire est sommé de trouver une âme soeur en 45 jours, sous peine de se trouver transformé en animal de son choix".

Yorgos Lanthimos nous captive par un tour de passe-passe d'une habileté extrême. Il parvient, à partir d'une situation absurde, à tirer tous les développements logiques - et émotionnels - du postulat de départ.

Et non seulement il étire sa pelote de laine initiale, mais en plus il se permet de sortir brutalement du cadre au milieu du film pour nous projeter dans une autre logique, tout aussi absurde que la première, mais qui nous semble sur le moment absolument raisonnable.

La mise en scène est sobre, intelligente. La direction artistique (décors, musique, photo, accessoires) est parfaite. Les détails parsemés tout au long du film, par exemple les animaux en liberté, donne un vernis de réalisme poétique charmant à l'intrigue. La fable qui pourrait paraître grinçante et cruelle au début prend petit à petit par ce biais une véritable épaisseur psychologique qui culmine dans une dernière scène de toute beauté.

Un film admirable, dont le vrai sujet est le caractère inconséquent de l'amour : vous devez le trouver à tout prix, il vous échappe, vous devez l'éviter absolument, il vous envahit.

 

4e

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Les chemins de la liberté

Metropolitan FilmExportPour une fois je vais être gentil.

Voilà un film qui respire le travail bien fait. Peter Weir n'est pas enrobé de la croute de sel dont les critiques de l'establishment ont entouré un ex-acteur ayant joué des cow-boys dans des westerns spaghetti. Il peut donc faire un film pépère, plein de jolis paysages et qui se laisse regarder sans ennui malgré ses 2h14.

Ici, contrairement à une Thailande de pacotille ravagée par un tsunami de carton pâte (comme dans le calamiteux Au-delà), la nature est sereinement mais terriblement toute puissante. Et les acteurs en subissent les attaques corporelles d'une façon assez convaincante (le maquilleur est un artiste).

Alors si on regarde le film comme un Tintin ou un bon vieux film d'aventure, cela fonctionne. Colin Farrell joue des gros yeux et en rajoute des kilos, mais l'aspect BD du périple fait assez bien passer la pilule. Il y a des moments d'émotion gérés avec délicatesse et une fin qui est un peu plus digne qu'une certaine fin récente dans une galerie couverte londonienne (ibidem).

Loin d'être un chef-d'oeuvre, un boulot honnête et pas tape à l'oeil.

 

2e

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