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Christoblog

Articles avec #todd haynes

May december

Au milieu du concert de louanges qui entourent la sortie de ce film, mon avis plus mesuré va probablement détonner, comme souvent quand il s'agit pour moi d'apprécier le travail de Todd Haynes.

Je trouve en effet que le cinéma du réalisateur américain peut être parfois froid et didactique, au point de paraître compassé (Carol, Loin du paradis). 

May december commence de manière très intéressante. Le rythme est alerte, le décor de la maison familiale parfait, et j'ai été diablement intrigué par ce que le film ne dévoile que très progressivement : une histoire à tiroir qui prend au début plaisir à nous égarer, dans un subtil jeu de miroir. Le jeu "neutre" de Julianne Moore contribue assurément à l'atmosphère de malaise latent que distille le film : mais que s'est il passé dans cette famille modèle ?

Lorsque l'on comprend de quoi il retourne et ce qui reproché à Gracie, l'intérêt tombe d'un coup. Peut-être parce que l'aspect scandaleux des évènements ne nous frappe pas autant que les Américains. Le milieu du film est un ventre mou dans lequel il ne se passe plus grand-chose, jusqu'à ce que le scénario essaye de le relancer dans un registre proche du grotesque, Natalie Portman rejouant (assez mal, il faut le dire) ses allures machiavéliques de Black Swan, entamant une danse de mort aussi artificielle que creuse.

La scène de sexe dans la réserve de l'animalerie tombe totalement à plat (quelle idée saugrenue), et May december, qui jusque là captivait ou a minima intriguait, sombre alors petit à petit dans l'inconfort du ridicule.

Todd Haynes sur Christoblog : Loin du paradis - 2002 (*) / Carol - 2015 (**) / Le musée des merveilles - 2017 (****) / Dark waters - 2019 (****)

 

2e

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Dark waters

Dark waters, s'il n'est pas un chef d'oeuvre, est un exemple de ce que le cinéma peut produire de plus riche et de plus gratifiant pour le spectateur.

Tout est en effet porté à haut niveau d'excellence dans ce dernier film de Todd Haynes. On savait ce dernier grand styliste, mais il porte ici l'art de la mise en scène à son plus haut niveau : tout est habile, beau, stylé dans ce que Haynes propose, des couleurs magnétiquement grisâtres aux plus subtils mouvements de caméra. 

L'interprétation de Mark Ruffalo atteint ici une intensité inusitée (même si dans Spotlight et Foxcatcher, il était déjà formidable), pleine de failles et de creux. Rarement la sourde obstination d'un justicier laborieux aura trouvé si parfaite illustration.

L'aspect documentaire donne au film une profondeur incroyable : rien n'y est simple, tout y est long. 

Pas forcément facile d'accès, Dark waters enthousiasme par sa puissance et sa densité. Un must de 2020.

 

4e 

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Le musée des merveilles

Le musée des merveilles est un film bouleversant, qui fait naître l'émotion de multiples façons : par ce qu'il raconte, par ce qu'il montre et par ce qu'il fait entendre.

C'est un sentiment vraiment merveilleux, qu'on éprouve rarement au cinéma, que celui que procure le film  de Todd Haynes : celui de se perdre dans un labyrinthe d'histoires et de sensations, que le montage éclaircit progressivement.

La délicatesse de la mise en scène et la pertinence de toute la direction artistique rendent le film doux et aimable, son scénario est d'une intelligence rare. Les correspondances, les concordances entre les deux époques du film semblent évoquer une liaison paranormale, qui s'avérera finalement bien différente que celle qu'on peut imaginer au début de la projection.

Parmi les nombreuses qualité du film, il faut souligner l'incroyable traitement du son (par exemple, le film met en scène des personnes sourdes, et quand une scène est en caméra subjective, on entend moins bien) qui provoque un sentiment d'immersion confondant.

La reconstitution des différentes époques est parfaite, le jeu des trois jeunes acteurs renversant et l'inventivité générale du film a provoqué chez moi une sorte de jubilation esthétique et intellectuelle qui s'est noyé pour les dernières scènes dans un Niagara de larmes.

Je le recommande chaudement. Un des tout meilleurs films de l'année.

 

4e 

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Carol

Qu'un film d'amour mette en scène un couple homosexuel ou un couple hétérosexuel, on a besoin de croire à l'attraction mutuelle des deux protagonistes.

De ce point de vue, je n'ai pas du tout cru en l'histoire de Carol et Therese. Le film ne m'a autorisé aucune empathie : il m'a fait le même effet qu'un congélateur fera à une bûche glacée. 

Cate Blanchett est un personnage mal dessiné, prédatrice sexuelle se transformant laborieusement en amoureuse transie. Son physique est froid, son désespoir poli, ses pulsions raisonnées. Rooney Mara affiche un joli minois sans aspérité, qui n'exprime qu'une vague et terne personnalité.

J'ai traversé ce film comme on regarde l'oeil hagard une belle reconstitution de train de luxe dans un musée du Limousin : l'objet est beau, sans enjeu sociologique ou dramaturgique, juste le témoin désuet et inutile d'un temps passé. Dans Carol, à l'image du personnage joué par Kyle Chandler, cette potiche de mari, tous les êtres vivants semblent secondaires et comme passés par un bain de naphtaline. C'est certes très bien filmé, mais le scénario du film ne permettait en réalité d'envisager qu'un modeste court-métrage.

Sorte de bel objet qu'on laissera traîner avec ostentation sur sa table basse mentale, le film de Todd Haynes semble obstinément se refuser à fournir la moindre émotion.

 

2e

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Loin du paradis

Frustrations sexuelles d'une épouse modèle dans les années 50 aux US : cela vous rappelle quelque chose ?

Eh oui, Loin du Paradis n'est pas si loin du pensum académique de Sam Mendes : Les Noces Rebelles. Dans les deux cas, des cinéastes modernes mettent en scène des situations de mélodrames que d'autres ont parfaitement filmé avant eux.

Quel intérêt, en 2003 comme en 2009, de montrer l'aliénation d'une américaine des années 50 dont le mari est homosexuel, et qui se découvre un penchant pour un homme noir d'un autre milieu social - ce qui n'est pas très bien vu, quelle surprise - dans le même style que les cinéastes de l'époque ?

Si les scènes d'homosexualité étaient montrées avec plus de réalisme, si le traitement chromatique de l'image était moins daté, si l'histoire d'amour entre Dennis Haysbert et Julianne Moore était plus développée, on pourrait y voir quelque intérêt.

Pour ma part, je me suis ennuyé ferme et n'ai vraiment jamais accroché, mais peut-être ma vision récente des chefs d'oeuvre de Douglas Sirk y est pour quelque chose : ce n'est pas dans les nouveaux chaudrons qu'on fait les meilleures vieilles soupes.

  

1e

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