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Christoblog

Articles avec #studio ghibli

Le garçon et le héron

Le dernier (ultime ?) film d'Hayao Miyazaki me laisse partagé.

J'ai trouvé les premières scènes de l'incendie sublimes. Le travail sur la représentation du feu, la concision diabolique du montage, le travail sur les lumières et les son, les effets de ralentis lors de la course effrénée du jeune garçon : tout respire le génie à plein nez.

Dans la foulée de cette formidable entrée en matière j'étais pleinement disposé à m'extasier et à m'émouvoir, et la première partie du film m'a beaucoup plu, avec ses sublimes paysages aquarellés, ses irruptions délicates de bizarreries (le héron bien sûr, si gracieux, mais aussi les vieilles servantes, les poissons, les grenouilles).

Et puis, petit à petit, Miyazaki m'a perdu. Le dédale de lieux traversés par le jeune Mahito, la profusion de références en tout genre, le manque de cohérence artistique des procédés utilisés : le voyage au-delà du miroir du héros m'a perdu et même parfois ennuyé. Je vois bien les enjeux qu'aborde alors le film, mais ils m'ont parus fastidieusement traités, au travers de processus particulièrement tarabiscotés. 

La profonde originalité de Miyazaki, qui consistait pour moi à faire émerger délicatement le merveilleux à la surface du réel, est absente de cette deuxième partie, qui est certes estimable, mais ne génère pas la même émotion que l'ont fait récemment les sublimes Suzume, de Makoto Shinkai, et Belle, de Mamoru Hosoda, les véritables experts de mondes parallèles débridés.

Un autre élément m'a gêné également : j'ai trouvé que la personnalité de Mahito était complètement atone et que son personnage était pauvre en émotion, ce qui ne facilite le travail d'empathie du spectateur.

Je suis peut-être devenu très exigeant avec Miyazaki, mais la pureté formelle et la simplicité apparente d'un film comme Porco Rosso emporte de loin ma préférence.

Hayao Miyazaki sur Christoblog : Ponyo sur la falaise - 2008 (**) / Le vent se lève - 2013 (***)

 

2e

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La tortue rouge

Tout le monde, ou presque, s'extasie sur cette production des Studio Ghibli, réalisé par le néerlandais Michael Dudok de Wit.

Je dois être une sacrée tête de pioche, ou avoir un sacré coeur de pierre, pour être passé à côté de la magie de ce film, qui m'a paru simplet et inconsistant. 

Le sujet est ultra mince : un naufragé sur une île déserte, une tortue qui se transforme en jolie fille (ben oui, pourquoi pas ?), un bébé, le temps qui passe, la mort. Tout cela sans parole et en 1h et 20 minutes. C'est joli, bien qu'un peu répétitif (les décors servent 10 ou 15 fois chacun), et très gentil, bien que franchement naïf (l'amour c'est vachement bien). L'animation m'a semblé un peu coincée.

A part quelques sensations liées à la nature vraiment bien évoquées, je ne vois pas ce qu'on peut trouver à ce dessin animé somme toute très sage, et dépourvu de la verve onirique des meilleurs Miyazaki, Le voyage de Chihiro par exemple.

A réserver aux esthètes minimalistes et aux adeptes de robinsonades mystico-écologiques.

 

2e

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Le conte de la princesse Kaguya

Quelle beauté et quel incroyable célébration de la vie ! Voilà les premières impressions qui se dégagent lors de la vision de la dernière oeuvre d'Isao Takahata (Le tombeau des lucioles, Pompoko), l'autre maître des Studios Ghibli.

Trouvée miraculeusement dans un bambou, la princesse Kaguya est élevée par un couple de campagnards modestes. J'ai rarement vu la petite enfance aussi délicieusement montrée que dans ce film : être attendrissant sans être niais, c'est le génie des cinéastes japonais.

Las ! Le père décide de faire de sa petite fille une vraie princesse. Il l'emmène à la ville et lui fait enseigner les bonnes manières. La pauvre Kaguya dépérit, jusqu'à...

Incroyable melting pot de sentiments mêlés (émotion, panthéisme, tristesse, dépression, espoir, incrédulité), Le conte de la princesse Kaguya est une friandise à la fois acidulée et amère. On est tour à tour ému, révolté, triste et joyeux. 

Servi par des dessins d'une stupéfiante beauté, parfois profondément originaux (le rêve de fuite) et d'autres fois, il faut le dire, d'une kitscherie embarassante (la fin), le film s'avère être au final un morceau de choix pour celui qui aime le Japon, ou l'animation, ou les jolis contes.

 

3e  

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Le vent se lève

A ceux qui pensent trouver dans le dernier Hayao Miyazaki les mêmes envolées oniriques que dans Le voyage de Chihiro ou Princesse Mononoké, il faut dire qu'il ne s'agit pas ici du même genre de film.

Le vent se lève est d'une veine beaucoup plus réaliste, et, du coup, il pourra décevoir certains fans.

En ce qui me concerne, j'ai été ravi par l'ambiance à la fois poétique et studieuse qui règne tout au long du film. Son introduction est magistrale : la première scène de rêve est d'une beauté qui coupe le souffle et fait monter immédiatement les larmes aux yeux. Les scènes d'enfance sont splendides, avec des trouvailles dans chaque plan (comme la vision troublée tant que Jiro n'a pas mis ses lunettes). Pour les amoureux du Japon, comme moi, le film est d'abord une merveille par sa reconstitution amoureuse de la vie campagnarde, qui ne semble pas avoir évolué en un siècle.

Le passage concernant le tremblement de terre est aussi un grand moment, qui résonne évidemment très fort avec la catastrophe récente qui a frappé l'archipel. C'est vers le milieu du film, dans le long développement consacré à la carrière d'ingénieur de Jiro, que Miyazaki pourra perdre quelques spectateurs au passage : le rythme est plus lent, les détails parfois un peu techniques et les développements politiques incertains (le voyage en Allemagne, le rôle des Services Secrets).

Enfin, pour apprécier l'histoire d'amour de Jiro avec la jeune fille tuberculeuse, il faut probablement avoir une âme d'enfant et/ou un coeur d'artichaut, ce qui doit être mon cas, si j'en crois l'émotion que j'ai éprouvé au moment de l'apparition de Nahoko en robe de mariée.

Esthétiquement, le film est une splendeur, notamment à travers ses décors de toute beauté : paysages, bâtiments, intérieurs, moyens de transport.

Il se dégage de cette oeuvre inondée d'une joyeuse tristesse une force de vivre peu commune, et on ne peut éviter d'y voir un testament emprunt d'une sourde et douce nostalgie.

 

3e

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La colline aux coquelicots

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/86/32/75/19835313.jpgContrairement à plusieurs autres blogueurs, je suis tombé sous le charme de la dernière production des studios Ghibli.

Le film n'est pas dirigé par le grand Hayao Miyazaki mais par son fils, Goro, dont tous s'échinent à dire qu'il est de moindre talent, sans lui avoir laisser le temps de démontrer le contraire.

La première qualité de La colline aux coquelicots est de proposer des images absolument sompteuses : des cieux superbes, des bateaux de toutes tailles magnifiques, des fleurs, des vitraux, une descente en vélo très joliment filmée. Le repère des étudiants, le Quartier Latin, est un endroit que le film dote d'une atmosphère très attachante, d'une aura qui entourait les objets appartenants à Porco Rosso, fait d'un tissage de rêve et de nostalgie.

Pour ceux qui comme moi aiment le Japon rural, le film est un enchantement : l'intérieur de la cuisine, les venelles fleuries, les rues en pente, la mer au loin. Ses paysages, sa maison, ses rues évoquent irrésistiblement le décor du trés beau film de Hirokazu Kore-Eda :  Still walking.

La mise en scène regorge de tendresse, de justesse, de sensibilité, de nervosité. Le script n'est pas sans allusion à la politique, à l'histoire, et à la sociologie japonaise. La colline aux coquelicots est enfin traversé par une belle et noble nostalgie : celle des amours enfuis, des parents disparus, des temps écoulés, et peut-être aussi celle d'un cinéma des origines.

Que le film joue à fond la carte du mélodrame ne m'attriste pas, au contraire, je trouve que cela lui confère une certaine noblesse et une belle grandeur. D'autant que le scénario n'est pas aussi simpliste que certains veulent le faire croire.

En résumé, une veine purement réaliste pour les studios Ghibli, pleine de douceur et de justesse, ce qui constitue une très bonne surprise pour moi.

Les studios Ghibli sur Christoblog, c'est ma visite à Mitaka (Japon), mais aussi Ponyo sur la falaise / Arrietty, le petit monde des chapardeurs

 

3e

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Arrietty, le petit monde des chapardeurs

The Walt Disney Company FranceLa relève est assurée, voilà la conclusion qu'on peut tirer de la vision d'Arrietty, le petit monde des chapardeurs.

Le grand Hayao Miyazaki (70 ans) peut commencer à passer la main. Hiromasa Yonebayashi (38 ans) assure parfaitement la réalisation de cette nouvelle production des studios Ghibli.

L'histoire est simple et limpide : de petits êtres (les chapardeurs) vivent dans les maisons des humains. Ils ne doivent en aucun cas se faire remarquer de leurs hôtes, sinon, ils doivent partir et trouver une nouvelle maison. Arrietty, 13 ans, sympathise avec un jeune humain malade du coeur qui vient se reposer chez sa tante, et met du coup sa famille en danger.

Les images sont comme d'habitude magnifiques, la nature étant cette fois-ci particulièrement à l'honneur.

Le film est lent, le caractère de certains personnages semble dessiné à la hâte (le père), l'histoire manque certainement un peu de relief, mais la magie opère tout de même. C'est dans la poésie des proportions que le film est une franche réussite. Lorsqu'Arrietty et son père progresse dans la maison à l'aide d'astuces variées, lorsque la jeune chapardeuse découvre l'immense cuisine pour la première fois, on vibre réellement avec elle. Les décors exploitent à fond cet aspect de l'histoire en fournissant des tas de détails très bien trouvés : les timbres postes deviennent posters, une seule goutte émergeant de la mini-théière remplit une tasse, une épingle se transforme en épée, etc.

L'enthousiasme irréductible qui émane d'Arrietty, son appétit de vivre, d'aimer et de découvrir, est le deuxième point fort du film. Il est particulièrement attendrissant au regard du caractère maladif et très calme du jeune garçon.

A conseiller aux petits et aux grands, même si de par son scénario, Arrietty ne peut rivaliser avec les "grands" Miyazaki, dont les thèmes sont autrement plus complexes.

Le musée Ghibli à Tokyo, j'y étais.

 

2e

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Ponyo sur la falaise

Pour commencer, entendons-nous bien : je suis fan de Miyazaki depuis les années 80. Et je considère que Le Voyage de Chihiro est un véritable chef-d'oeuvre. C'est pourquoi j'attends avec impatience et anxiété toute nouvelle production des studios Ghibli.

Alors, je ne vais pas pouvoir le cacher bien plus longtemps : Ponyo m'a pas mal déçu, comme d'ailleurs le précédent opus, Le Château ambulant.

Bien sûr, on retrouve ici des fulgurances typiques du maître : la somptueuse scène d'ouverture sous-marine, les vagues/personnages/poissons inquiétantes et ondulantes.

Cependant il manque quelque chose qui rende le film marquant et inoubliable : peut-être un méchant qui tienne la route, un onirisme qui s'assume jusqu'au bout (comme dans Chihiro), ou un scénario qui tienne la distance d'un long-métrage.

Le film n'est malheureusement pas loin d'être ennuyeux, et je me suis surpris à me laisser contaminer par les bâillements de Ponyo. L'écologisme un peu new wave qui baigne le film n'est pas la meilleure veine poursuivie par Miyazaki, je préférais de loin le sanglier inquiétant de Princesse Mononoke.

Au final reste une désagréable impression de redite et aussi celle d'un film un peu trop infantile pour un public adulte.

 

2e

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