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Christoblog

Articles avec #katell quillevere

Le temps d'aimer

Si la référence n'était pas si pesante, je dirais volontiers que Le temps d'aimer évoque pour moi le cinéma de Douglas Sirk : profondeur des sentiments, écoulement du temps, sentiment du destin qui écrase et parfois libère ses personnages, nuances dans l'écriture et la mise en scène, acuité dans l'exposition des moments qui marquent (et parfois changent) une vie.

Oui, le nouveau film de Katell Quillévéré est un formidable mélodrame "à l'ancienne", qui traite de problématiques plutôt modernes : le mélange est étonnant, et bien que sage (peut-être un poil trop), souvent émouvant.

Au service de l'émotion que génère le film se trouve l'interprétation absolument parfaite d'Anaïs Demoustier et de Vincent Lacoste. Si la première est coutumière des éloges sur Christoblog (je ne suis pas loin de penser qu'elle est avec Virginie Efira la meilleure actrice française actuelle), le deuxième recueille ici le premier total satisfecit. Il est absolument renversant de sensibilité contenue.

2023 se termine en beauté pour le cinéma français, qui aura proposé cette année une pléiade de très bons films, parmi lesquels je retiens surtout, outre le Temps d'aimer, Au revoir Paris, Rien à perdre et Je verrai toujours vos visages.

Allez-y si vous aimez les mélodrames bien dosés au long cours.

Katell Quillévéré sur Christoblog : Suzanne - 2013 (****)

 

3e

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De nos frères blessés

L'histoire que raconte De nos frères blessés est édifiante. Fernand Iveton (Vincent Lacoste) est né en Algérie. Il est communiste et soutient le FLN dans la guerre qui ne dit pas encore son nom, ce qui lui vaudra un procès inique.

L'intérêt du scénario, co-écrit par Hélier Cisterne, sa compagne Katell Quillévéré et Antoine Barraud (à qui on doit le récent Madeleine Collins) réside principalement dans cet éclairage historique sur une période sombre, peu fréquent dans le cinéma français. On découvre ici les exécutions arbitraires et la torture : des méthodes de dictature appliquées par la république française.

Malheureusement, j'ai trouvé le film assez inintéressant pour le reste. Le style de mise en scène est peu affirmé, oscillant entre happening efficace (la scène d'ouverture) et scènes de drame sentimental filmées comme un épisode de Plus belle la vie. Le montage alterné mêlant plusieurs époques ne m'a pas convaincu non plus de son utilité. Enfin, Vincent Lacoste et Vicky Krieps ne sont pas les meilleurs interprètes pour ces personnages très politiques, dont j'aurais préféré qu'ils soient incarnés par des visages moins "à la mode".

De nos frères blessés dégage un doux parfum d'ennui vintage, pas vraiment désagréable mais un peu factice, à l'image de la petite moustache qu'arbore Vincent Lacoste dans le film. La guerre d'Algérie attend toujours son grand film.

 

2e

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Suzanne

Le deuxième film de Katell Quillévéré (Un poison violent) possède cette qualité rare : insuffler du romanesque au long cours dans une destinée ordinaire. Avec des moyens bien différents, c'est le seul film des années 2010 qui puisse partager cette qualité avec La vie d'Adèle.

Il fallait donc attendre une jeune réalisatrice française pour redonner ses lettres de noblesse au mélodrame familial et au lyrisme d'une histoire mettant en scène les gens ordinaires, trop souvent absents du cinéma français. Si le miracle du romanesque se produit sous nos yeux, c'est grâce à des acteurs et actrices sublimes : Sara Forestier hyper-sensible, Adèle Haenel magnifiquement solaire, François Damiens émouvant à l'extrême, et la grande Corinne Masiero, avocate impériale.

Le film donne à voir des tranches de vie, des moments clés, entrecoupés de brefs écrans noirs qui convoquent autant d'ellipses. Ce mode de narration quasi feuilletonnesque génère des moments d'intenses émotions et de grande beauté. La mise en scène est fluide, le montage extraordinaire, la progression de l'histoire imparable.

Parfaitement qualifié par la réalisatrice elle-même de biopic d'une inconnue, Suzanne est  une réussite parfaite qui redonne la pêche à un cinéma populaire, tourné parmi les classes populaires, et qui devrait trouver un succès ... populaire.

 

4e

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