Suzanne
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Le deuxième film de Katell Quillévéré (Un poison violent) possède cette qualité rare : insuffler du romanesque au long cours dans une destinée ordinaire. Avec des moyens bien différents, c'est le seul film des années 2010 qui puisse partager cette qualité avec La vie d'Adèle.
Il fallait donc attendre une jeune réalisatrice française pour redonner ses lettres de noblesse au mélodrame familial et au lyrisme d'une histoire mettant en scène les gens ordinaires, trop souvent absents du cinéma français. Si le miracle du romanesque se produit sous nos yeux, c'est grâce à des acteurs et actrices sublimes : Sara Forestier hyper-sensible, Adèle Haenel magnifiquement solaire, François Damiens émouvant à l'extrême, et la grande Corinne Masiero, avocate impériale.
Le film donne à voir des tranches de vie, des moments clés, entrecoupés de brefs écrans noirs qui convoquent autant d'ellipses. Ce mode de narration quasi feuilletonnesque génère des moments d'intenses émotions et de grande beauté. La mise en scène est fluide, le montage extraordinaire, la progression de l'histoire imparable.
Parfaitement qualifié par la réalisatrice elle-même de biopic d'une inconnue, Suzanne est une réussite parfaite qui redonne la pêche à un cinéma populaire, tourné parmi les classes populaires, et qui devrait trouver un succès ... populaire.
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