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Christoblog

Articles avec #jerzy skolimowski

EO

1h29 de décalage permanent, au service d'une exploration poétique, sensorielle et cruelle de la condition humaine et animale : voici le nouveau projet du fantasque Skolimowski.

On croit suivre un âne, mais c'est plutôt les différentes variantes de l'être humain que nous allons découvrir, comme si l'animal était l'oeil de Dieu. Et ce n'est pas très joli : cruauté gratuite, égoïsme, inconséquence, stupidité, futilité pour bien peu de compassion.  

Côté animal et nature, le film propose quelques images saisissantes, qui forcent l'admiration et font sentir la majesté du monde non humain. Je pense par exemple à cette balade de nuit dans une forêt diablement inquiétante, ou au paysage de la cascade et du pont. Les images et le design sonore font de EO une oeuvre souvent sublime.

Les parti-pris de mise en scène sont radicaux et fonctionnent à la perfection. Il y a une brillante idée de cinéma toutes les 3 minutes. EO (Hi Han en anglais...) est court, dense et parfaitement rythmé. Surprenant, atrocement drôle et parfaitement maîtrisé : un des meilleurs films de l'année, sans aucun doute, qui se finit sur une scène poignante. 

Jerzy Skolimowski sur Christoblog : Deep end - 1970 (****) / Essential killing - 2010 (**) / 11 minutes - 2017 (**)

 

3e

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11 minutes

A la fois brillant et vain, le dernier film de Jerzy Skolimowski ne laissera pas indifférent.

L'idée est intellectuellement plaisante, mais comprend en elle-même ses propres limites : il s'agit de suivre les trajectoires de plusieurs personnages pendant 11 minutes de leur vie, 11 minutes qui conduisent on s'en doutera vite à un drame, dont la plupart ne sortiront pas indemnes.

Le principal intérêt du film - et à la réflexion, le seul - réside dans l'incroyable virtuosité dont fait preuve Skolimowski. Les mouvements de caméra sont amples et souples, la lumière magnifiquement travaillée, la bande-son profondément originale et le film regorge d'idées brillantes, bien que tout à fait inutiles au regard de la narration (comme par exemple une caméra subjective qui reflète le point de vue d'un chien).

Le film est parsemé d'éléments plus ou moins fantastiques qui nous embrouillent complètement (des oiseaux traversent les vitres, certains voient une tâche dans le ciel, un homme parle bizarrement dans une télévision qui s'allume toute seule) et qui n'apportent pas grand-chose au film, ce dernier baignant déjà sans ces éléments dans une atmosphère bien étrange. En effet, les personnages ne sont pas des quidams, ils font tous plus ou moins des trucs border line : traffic de drogue, porno, vol, prison, pédérastie, etc.

J'ai finalement plutôt aimé me laisser prendre par la main dans ce monde bizarre et envoutant, me demandant où le cinéaste allait m'emmener, et constatant finalement qu'il ne le savait pas probablement lui-même. Curieusement, le fait de couper en tranches les existences de ses personnages fait apparaître ce film très court (1h21) beaucoup plus long qu'il n'est.

A conseiller aux aventuriers de l'écran ou/et à ceux qui suivent le réalisateur polonais depuis le début de sa carrière.

Jerzy Skolimowski sur Christoblog  : Deep end - 1970 (****) / Essential killing - 2010 (**)

 

2e

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Essential killing

Essential killing est un concept film. Autant le savoir avant d'y aller, sinon l'atterrissage risque d'être brutal, un peu comme pour celui qui irait voir Enter the void ou Le guerrier silencieux sans avertissement.

Vincent Gallo joue un taliban arrêté dans son pays, transféré dans un pays d'Europe de l'Est (la Pologne ?), et qui s'évade à l'occasion d'un accident.

Il ne dit pas un mot durant tout le film, erre dans la neige, et lorsqu'il rencontre une fermière isolée (Emmanuelle Seigner en fermière isolée !), cette dernière est muette, ce qui tombe bien.

Que fait le fugitif ? Il cherche à manger (poisson cru, écorce d'arbre, fourmis, sein d'une cycliste qui allaite). Il fuit (beaux paysages enneigés). Il tue, sans qu'on puisse d'ailleurs y voir autre chose qu'un malheureux concours de circonstances (un bûcheron à la tronçonneuse, des poursuivants, des automobilistes). Il se rappelle (flash-backs ensoleillés et un tantinet caricaturaux de son pays : moutons, femme voilée, appel à la prière). Dans le dernier plan, ne reste plus qu'un cheval, on supposera que notre héros est mort.

C'est minimal et parfois très beau. Gallo est effectivement halluciné (on le serait pour moins que ça). Le film ne tient debout que grâce à une photographie magnifique et une belle mise en scène. Après un début tonitruant (quelles scènes d'hélicoptère !), j'ai trouvé que le film s'étiolait progressivement, cédant au passage à quelques facilités scénaristiques.
 

2e

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