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Christoblog

Articles avec #inarritu

The revenant

Iñárritu est doué, quand il s'agit d'emballer une scène sur un tempo d'enfer en immergeant le spectateur dans ce qui ressemble vraiment beaucoup à la réalité.

A ce titre, l'attaque initiale du camp, la rencontre avec l'ours et quelques autres scènes sont de véritables morceaux de bravoure.

Si le film s'était cantonné à un manuel de survie en milieu hostile, sec et précis, il aurait probablement plus captivé. L'ajout inutile du personnage du fils (qui n'existe pas dans le livre) et le salmigondis pseudo mystique que constituent les visions du héros tendent à dévaloriser le film, qui ne sait plus trop où se situer : à mi-chemin entre un documentaire aux belles images type National Geographic et une errance spirituelle à la Malick des mauvais jours.

Du coup, l'épreuve est beaucoup trop longue (2h40 qui durent, qui durent), d'autant plus que The revenant se résume à son contenu programmatique, qu'on connaît en entrant dans la salle : un homme survit et se venge.

DiCaprio ne m'a pas fait forte impression : porter un maquillage de scarifié et rouler des yeux en mangeant du foie cru ne fait pas un grand acteur. J'ai trouvé par contre les autres personnages de trappeurs excellents, notamment le méchant, parfaitement joué par Tom Hardy.

Le cinéma d'Iñárritu ne se réalise au final peut-être que dans la performance ébouriffante, comme c'était le cas dans Birdman. La demi-mesure semble lui être interdite.

Iñárritu sur Christoblog : Birdman (****)

 

2e

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Birdman

On savait Inarritu doué. Je n'aurais pas parié qu'il puisse être génial.

Pourtant, Birdman s'avère exceptionnel à tout point de vue. On aura rarement vu la virtuosité de la caméra épouser aussi parfaitement la tortueuse imagination d'un créateur. Birdman est à la fois la tragédie d'un petit homme, la dissection d'un système, une réflexion sur l'art de jouer et un concentré de contemporanéité.

Le principe du "plan unique" est ici utilisé avec une subtilité dérangeante : il ne s'agit pas pour le réalisateur de faire croire qu'il a tourné son film en un seul plan, mais plutôt de suggérer que le monde entier peut tenir dans un théâtre de Broadway et ses environs immédiat - comme il pourrait tenir dans beaucoup d'autres endroits au monde. La caméra furète dans les coins et les recoins avec malice et distinction, les transitions temporelles s'enchaînant avec une maestria ahurissante. Les détracteurs du film peuvent vomir leur bile, le tour de force script+réalisation+montage est proprement unique.

Toute cette science pourrait n'être que poudre de perlimpinpin attrappe-oscars, mais les acteurs et actrices se chargent de donner au film un supplément d'âme : ils décrochent tous quasiment leur meilleur rôle, à commencer par la sidérante prestation d'Emma Stone, qui nous offre une tirade d'anthologie.

L'ego, l'amour, la fidélité, le désir, le jeu, l'acte de jouer, la célébrité, les medias, les relations hommes/femmes et parents/enfants : Birdman englobe tous ces sujets, en les survolant certes, mais en les survolant avec une poésie douce et bienveillante, que ponctue des scènes de duettistes sur le fil, Keaton/Norton, Norton/Stone, Keaton/journaliste, Keaton/Watts...

Il serait illusoire de chercher une profondeur à Birdman, le film ne prétend pas au carottage émotionnel de La vie de l'Adèle ou au vertige métaphysique d'Oslo, 31 août, il lorgnerait plutôt du côté d'un manièrisme à la Gaspard Noé, ou à la Winding Refn, débarrassé de l'obsession de violence (et ... réussi). 

Le film d'Inarritu est comme un morceau de rap : soit vous être emporté par le flow, et le prochain mouvement de caméra est systématiquement un enchantement, parce que chaque minute qui passe renforce le tour de force, soit à l'inverse vous rester à quai, et il est probable dans ce cas que le film vous paraisse vain, fat et artificiel, chaque minute qui passe étant une torture insuppportable.

En ce qui me concerne, film tourbillon, oeuvre totale, pétaradante et sussurante, Birdman s'impose comme le deuxième grand film de l'année, après Snow Therapy.

 

4e

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