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Christoblog

Articles avec #iciar bollain

L'affaire Nevenka

Passé relativement inaperçu lors de sa sortie fin 2024, ce beau film espagnol mérite d'être regardé à l'occasion de son arrivée sur Canal+.

Tiré d'une histoire vraie, il décrit avec une précision chirurgicale l'histoire d'une jeune femme victime de harcèlement sexuel dans les années 90, et qui décida de porter plainte. D'une certaine façon, L'affaire Nevenka est donc une sorte de vestige du temps passé, préfigurant avec une acuité étourdissante ce que le mouvement Metoo mettra en lumière des décennies plus tard.

Le film est remarquable par la qualité de son écriture. Le scénario prend le temps de mettre en place tous les éléments du crime : le mécanisme de séduction, les affres de l'emprise, le sentiment de culpabilité, la pression sociale, les hésitations intimes, la souffrance psychologique, le machisme ambiant, les rouages du monde politique, l'intelligence machiavélique de l'agresseur. Les deux principaux protagonistes (Mireia Oriol et Urko Olazabal) fournissent une prestation exceptionnelle d'intensité, dans des registres très divers.

Icíar Bollain confirme ici ses qualités de réalisatrice sensible et efficace, qui m'avaient séduit dans son précédent film. Un peu à l'écart des grands festivals, elle mérite une plus ample reconnaissance.

Iciar Bollain sur Christoblog : Katmandu, un miroir dans le ciel - 2011 (**) / Les repentis - 2022 (***)

 

3e

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Les repentis

Icíar Bollaín traite ici d'un sujet assez proche de celui du film Je verrai toujours vos visages, sur un mode encore plus casse-gueule puisqu'il s'agit d'une veuve qui rencontre le véritable assassin de son mari.

Il est curieux de constater que les deux films présentent des qualités semblables : une certaine sécheresse dans la construction et le montage, et une capacité à éviter les écueils d'un sentimentalisme trop lacrymal. 

Les repentis est dans cette optique encore plus dépouillé et plus âpre que le film français : on est ici dans l'exposé froid et absolument pas psychologisant d'un rapprochement entre deux êtres que tout devrait opposer. C'est vertigineux et souvent extrêmement beau. Les sentiments que le film génère sont très nombreux : incompréhension, curiosité, étonnement, émotion, peur, révolte.

Un film d'une grande beauté, sec et musculeux, servi par un couple Tosar / Portillo de très haut niveau.

 

3e

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Katmandu, un miroir dans le ciel

Une jeune institutrice espagnole part enseigner au Népal. Elle se heurte là-bas aux pires turpitudes du tiers monde : corruption, préjugés de castes, pauvreté absolue, prostitution et vente des enfants. Mais elle y découvre aussi l'amour et l'amitié. Sonnez violons, résonnez trompettes, sortez vos mouchoirs, séchez vos larmes.

L'actrice principale est super-jolie (Véronica Echegui) et ressemble, me semble-t-il, à Angelina Jolie.

On pourrait sourire du déploiement de moyens esthétiques au service d'un tableau édifiant de bons sentiments envers les plus démunis. C'est d'ailleurs ce que j'ai fait, surtout au début du film.

Dans la durée, Icíar Bollaín (Ne dis rien, Même la pluie) parvient pourtant à ficher à force d'obstination un coin d'émotion dans mon cerveau de cinéphile cynique et incisif. Par quel miracle ? Cela reste à déterminer. Peut-être la qualité entêtante de la photographie, une sorte de naturalisme qui évite (de justesse) l'ethno-chic, un sens du mélodrame qui évoque parfois comme un Douglas Sirk boudhique.

Bon, ne nous enflammons pas, c'est loin d'être un chef d'oeuvre, mais par son caractère ouvertement et volontairement naïf, par son sens du récit et sa sobre modestie, le film arrive à ne pas être antipathique. Il rappelle un cinéma américain de l'ancien temps, qui parvenait à évoquer beaux sentiments et de grandes destinées sans paraître niais.

C'est déjà ça.

 

2e

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