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Articles avec #marine vacth

ADN

ADN commence plutôt bien.

Maïwenn confirme dans le premier tiers du film son talent pour filmer les scènes de groupe (comme dans Polisse). Chaque personnage parvient à exister avec l'expression d'une belle personnalité, et les interactions lors des regroupements sont tour à tour émouvantes ou drôles.

On se prend d'affection pour le grand-père. Sa relation avec le jeune Kevin (joué par Dylan Robert, la révélation de Shéhérazade) est un moteur inter-générationnel efficace et positif. On aime détester le personnage joué par Fanny Ardant, insupportable comme d'habitude, et on aime aimer celui joué par Caroline Chaniolleau, éminemment sympathique.

Bref, tout se présente plutôt bien, jusqu'au moment où le film devient centré sur la petite personne de la réalisatrice et sa quête des origines. Epaulé par des alter ego sans consistance (Louis Garrel en roue libre, Marine Vacth transparente), Maïwenn est de tous les plans, et tous sont mauvais.

On suit sa demande de test d'ADN sans intérêt, ses minauderies lors de la lecture des résultats, ses lectures et sa pseudo-prise de conscience politique (avec pélérinage esthétique sur le pont de Neuilly), ses démêlés avec un employé d'ambassade caricatural fort sympathique, et enfin, cerise sur le gâteau, son shooting dans les rues d'Alger, filmé comme un défilé de mode au milieu d'une révolution. 

Où comment une chronique familiale intéressante se termine en ridicule ego-trip.

 

2e

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L'amant double

A chaque Ozon, ou presque, le constat est le même : le garçon est sacrément doué pour raconter des histoires intrigantes, et assez dilettante pour ne jamais produire un chef d'oeuvre. 

L'amant double ne déroge pas à cet énoncé un peu sommaire. Le film est malin, efficace dans ses effets, bien rythmé. Ozon est joueur et à la marge provocateur.

Le souci est que l'intrigue atteint ici des sommets de complexité tarabiscotée. En multipliant les fausses pistes, le film perd en efficacité. Le twist final est tellement brutal (et en même temps peu surprenant) qu'il devrait s'appuyer sur une précision diabolique, ce qui n'est pas le cas. Ozon n'a ni la méticulosité de Hitchcock, ni l'appétence pour le malsain de Cronenberg : son film a donc tous les oripeaux de la provocation sans en avoir la moelle.

La toute fin (les deux derniers plans) renforce ce sentiment qu'Ozon souhaite encore ajouter une couche d'interprétation à un mille-feuille psychanalytique déjà passablement indigeste. On a envie de dire : "François, tu as du talent, apprends à le discipliner, respire un grand coup, et calme-toi"

 

2e

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Belles familles

Le nouveau film de Jean Paul Rappeneau (83 ans, une fois de plus, la preuve que le cinéma conserve) vaut surtout pour son rythme.

Le scénario s'agite, le montage pétille, la caméra virevolte.

Difficile de ne pas voir cependant ce que le film a d'artificiel et d'engoncé : les dialogues sont souvent ridicules, les seconds rôles absurdement caricaturaux, les situations fort peu originales.

Le prestigieux casting fournit une prestation inégale. Détaillons un petit peu. 

Mathieu Amalric : 2/5, pour peu qu'on accepte son style habituel "ébahi à qui on ne la fait pas, regard en coin de séducteur", il est correct. Gilles Lellouch : 4/5, idéal dans son rôle (mais en est-ce un ?) de beauf lourdingue. Marine Vacth : 0/5, à son avantage dans les scènes où elle ne parle pas, ne bouge pas, et où on la voit de dos. Nicole Garcia : 2/5, insupportable au début, acceptable à la fin. André Dussollier : 5/5, parfait. Karine Viard : 4/5, comme d'habitude convaincante, même si elle n'utilise qu'une expression. Guillaume de Tonquédec : 1/5, force son jeu.

Si on lui enlève ses bulles, Belles familles s'avère n'être qu'une piquette sans beaucoup d'attraits. La fin est particulièrement pénible, la musique semble émerger d'un siècle passé, et l'incurie de certaines péripéties gâche l'émotion qui pourrait surgir de cette recherche de la figure paternelle. 

Un beau gâchis.

 

1e

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Jeune et jolie

Au premier jour du festival de Cannes 2013, la jeune Marine Vacth fit sensation sur la Croisette. Inconnue jusqu'alors, son physique de mannequin (elle est l'est l'égérie du parfum Parisienne, d'Yves Saint-Laurent), associée à son rôle sulfureux, enflamma l'imagination des festivaliers. Il faut dire qu'en début de Festival, toute étincelle suffit à provoquer un incendie tellement le peuple cannois est disposé à l'inflammabilité (et peu aux amabilités).

Plus tard dans la semaine, de vraies actrices (Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux, par exemple) ont renvoyé avec justesse Marine Vacth au rayon des starlettes anecdotiques, mais c'est une autre histoire.

Je m'étends un peu sur le sujet de Marine Vacth, parce que je n'ai pas grand-chose à dire sur le film par ailleurs, qui est assez faible, Ozon étant visiblement tellement fasciné par son actrice qu'il en oublie de filmer. Le pitch du film est intrigant : montrer sans pathos et sans jugement comment une jeune fille de 17 ans est amenée à ce prostituer sans raison.

Le problème, c'est qu'il fait partie de cette catégorie de films qui s'arrêtent où leur pitch finit. Le programme est donc suivi sans imagination. Isabelle fait des passes. Elle en fait de plus en plus. On ne comprend pas exactement pourquoi. Elle ne voit pas le mal. Point.

Filmé par Haneke, cela aurait pu être malsain. Filmé par Ozon, c'est insignifiant. Il faut un cinéaste d'une autre trempe pour filmer le vide, l'absence de motivations. Le mauvais goût du réalisateur ne colle pas du tout à la tonalité de l'histoire, et certaines scènes (quand son beau-père se laisse draguer par exemple, où quand elle dit au psy à propos du tarif de la séance "C'est pas cher") suscitent des ricanements dans le public.

Marine Vacth n'est pas très bonne actrice à mon goût, mais il faut dire que les autres personnages sont encore pires. Toute la distribution (à l'exception peut-être de Géraldine Pailhas) est à jeter, ma prime à Frédéric Pierrot, pitoyable.

Le film, sous ses dehors pseudo-naturalistes un peu gauches, est donc peu intéressant, peu profond, peu plausible. Un exploit à signaler : rendre Charlotte Rampling ridicule dans une absurde dernière scène. La chair n'est même pas triste dans Jeune et jolie, elle est absente.

 

1e

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