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Christoblog

Sur la route

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/83/04/97/20094642.jpgWalter Salles s'égare en route.

 

Son adaptation du livre de Kerouac est platement illustrative. Les paysages sont beaux, le trois acteurs/trices principaux ont de belles gueules, les voitures sont visiblement d'époque, la machine à écrire est sûrement estampillée "véritable modèle utilisée par notre génie", mais l'ensemble distille un ennui profond.

 

Jusqu'au premier voyage, un intérêt poli arrive à surnager. Mais lorsqu'on comprend que le héros va revenir, puis repartir, puis revenir, puis repartir, puis... une sourde terreur nous envahit, nous spectateurs : peut-être le film va-t-il durer 6 heures ? Son émoliente monotonie nous terrasse.

 

Une des caractéristique étonnante et paradoxale du film, c'est qu'il ne parvient pas à nous faire ressentir les grands espaces américains, ce que réussissait bien mieux Into the wild, par exemple.

 

Le film est vraiment bien propre, et même s'il s'essaye à quelques allusions salaces, il s'arrête aux portes du politiquement correct : le récit de la partouze par Dean est soigneusement édulcorée, les relations entre hommes semblent moins explicites que dans les souvenirs d'autres protagonistes (la longue et intense relation homosexuelle entre Carlo / Ginzberg et Dean est ainsi occultée) , etc. Les aventures de Kerouac et de ses compagnons étaient à coup sûr plus trash que ce que veut bien nous montrer le film.

 

Ce ripolinage prudent empêche finalement l'empathie avec la brochette de loustics, qui semblent avoir pris plus de plaisir à tourner le film que nous n'en prenons à le regarder.

 

1e 

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J
Je trouve ton commentaire un peu dur sur ce film. Soit je n'ai pas lu le livre de Kerouac, soit un film comme INTO THE WILD lui est largement supérieur, mais SUR LA ROUTE, malgré son scénario trop<br /> schématique, parvient par moments à toucher, en particulier grâce à la superbe prestation du trio d'acteurs principaux (un point que tu n'as pas réellement mentionné dans ta critique...).
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C
<br /> <br /> Je n'ai pas trouvé les acteurs si fantastiques. Ils ont l'air de bien s'amuser ensemble, mais pour ce qui passe à l'écran.... et l'actrice en particulier ne m'a pas convaincu.<br /> <br /> <br /> <br />
C
Mes craintes sont confirmées...<br /> J'hésitais à aller voir ce film, je crois finalement que je vais m'en abstenir, surtout qu'il n'est pas court.
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C
<br /> <br /> Tu peux t'abstenir en effet, les avis sont quasiment unanymes...<br /> <br /> <br /> <br />
P
Le pari était risque tant le style de Sur la route semblait ne pas pouvoir de toute façon être transposé sur grand écran. Walter Salles livre ici un film entre deux, à la fois trop polissé (on est<br /> d'accord, le livre pue la sueur, le sexe et le goudron, à la différence du film) mais en même temps qui respecte quand même assez bien l'histoire... Pour ma part, j'ai vu le verre plutôt à moitié<br /> plein, je ne me suis pas ennuyé et j'ai trouvé la reconstitution plutôt plaisante à regarder. Mais je comprends aussi que les afficionados du livre puissent hurler au sacrilège...
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C
<br /> <br /> Je ne suis pas spécialement un aficionado du livre, mais je me souvenais de quelque chose de plus "sale", de plus "moite"...<br /> <br /> <br /> <br />
M
Rares sont les chefs d’œuvre de la littérature qui ont suscité des chefs d’œuvre cinématographiques. Les Raisins de la colère de John Ford, adapté du roman de John Steinbeck, sont à cet égard une<br /> exception miraculeuse. Concernant « Sur la route », je m’attendais a priori à être déçu étant persuadé que la beauté de ce livre réside dans la puissance poétique de son style, de ses mots,<br /> éléments non transposables directement par l’image. Mais encore y avait-il place pour une adaptation acceptable qui aurait fait partager a minima les émotions de l’auteur et restituer un peu de la<br /> fièvre libertaire qui inspirait la « beat generation ». Las… Rien, absolument rien de tout cela. Au crédit du film de Walter Salles on peut incontestablement mettre l’excellent jeu des acteurs, une<br /> bonne partie de la bande musicale et quelques photographies inspirées de l’immensité américaine (sans valoir, à mon avis celles de « Into the Wild » de Sean Penn). Et c’est malheureusement bien<br /> tout. Car de l’autre côté, il faut littéralement affronter une prise de vues qui confond agitation et mouvement, un scénario qui s’oblige à trop de fidélité et entraîne nécessairement ellipses,<br /> raccourcis et lacunes qui déforment l’approche biographique du personnage principal (Sal Paradise ou Jack Kerouac). Ainsi, les relations fusionnelles de Jack Kerouac et de sa mère, qui marqueront<br /> toute son existence, sont à peine évoquées. De même n’est-il fait qu’une brève allusion à l’importance des voyages ferroviaires dans la vie de l’auteur. A aucun moment, San Francisco n’apparaît<br /> comme le mirage qu’elle fut pour Kerouac et pour toute une génération de jeunes américains après lui.<br /> « Sur la route » est le récit d’une quête mystique. Car Kerouac est avant tout un être pétri de mysticisme, ce que confirme l’ensemble de son œuvre (Les clochards célestes, les anges vagabonds, Big<br /> Sur…). Tous les protagonistes des romans de Kerouac sont charnellement, culturellement et sentimentalement engagés dans cette quête d’absolu même et y compris à travers leurs expériences de sexe,<br /> d’alcool et de drogues. Rien de tout cela ne ressort des plates séquences (trop sages… déjà vues…) de défonce et de coucherie proposées dans le film.<br /> Rien de la puissance poétique contenue dans les lignes du roman ne transparait. L’émotion ne nait qu’une unique fois tout au long du film. Dans la dernière minute, lorsqu’une une voix off lit les<br /> mots mêmes de Kerouac : « Alors en Amérique, quand le soleil décline et que je vais m’asseoir sur le vieux môle délabré du fleuve pour regarder les longs ciels du New Jersey (…) je pense à Neal<br /> Cassady ». Cette lecture est terrible pour le film. Elle le crucifie car elle découvre brusquement le fossé émotionnel immense qui existe entre le roman et son adaptation cinématographique.<br /> Walter Salles a eu le courage de vouloir adapter un roman inadaptable. Il a lancé un vaisseau en recrutant un équipage de qualité et en le dotant d’un solide accastillage musical et photographique.<br /> Mais le vaisseau a fait naufrage avant même la sortie du port. Dommage pour Jack le marin. Ceux qui ont déjà lu Kerouac avaleront bien vite leur déception et retourneront vers ses ouvrages. Mais il<br /> est à craindre que rien dans ce film ne donne envie à ceux qui ne l’ont jamais lu de le découvrir.
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