Sur la route
Walter Salles s'égare en route.
Son adaptation du livre de Kerouac est platement illustrative. Les paysages sont beaux, le trois acteurs/trices principaux ont de belles gueules, les voitures sont visiblement d'époque, la machine à écrire est sûrement estampillée "véritable modèle utilisée par notre génie", mais l'ensemble distille un ennui profond.
Jusqu'au premier voyage, un intérêt poli arrive à surnager. Mais lorsqu'on comprend que le héros va revenir, puis repartir, puis revenir, puis repartir, puis... une sourde terreur nous envahit, nous spectateurs : peut-être le film va-t-il durer 6 heures ? Son émoliente monotonie nous terrasse.
Une des caractéristique étonnante et paradoxale du film, c'est qu'il ne parvient pas à nous faire ressentir les grands espaces américains, ce que réussissait bien mieux Into the wild, par exemple.
Le film est vraiment bien propre, et même s'il s'essaye à quelques allusions salaces, il s'arrête aux portes du politiquement correct : le récit de la partouze par Dean est soigneusement édulcorée, les relations entre hommes semblent moins explicites que dans les souvenirs d'autres protagonistes (la longue et intense relation homosexuelle entre Carlo / Ginzberg et Dean est ainsi occultée) , etc. Les aventures de Kerouac et de ses compagnons étaient à coup sûr plus trash que ce que veut bien nous montrer le film.
Ce ripolinage prudent empêche finalement l'empathie avec la brochette de loustics, qui semblent avoir pris plus de plaisir à tourner le film que nous n'en prenons à le regarder.
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