Camille redouble

Comme je le disais dans l'article consacré à The we and the I, la Quinzaine des Réalisateurs fut cette année la sélection de Cannes dans laquelle on a le plus ri. Alors que la sélection officielle s'engonçait dans une pose auteuriste, les cinéastes de la Quinzaine nous faisaient plaisir avec des films énergiques et brillants.
Cela faisait un bout de temps que Noémie Lvovsky n'avait pas réalisé (2007 avec Faut que ça danse). Pour son retour derrière la caméra, elle se fait radicalement plaisir avec un argument à la Peggy Sue got married (Coppola) : une femme mûre se retrouve projeté au temps de son adolescence.
Contrairement à la plupart des films traitant du sujet des voyages dans le temps, Camille redouble ne s'attarde pas trop sur les éternels paradoxes tournant autour de la possibilité de changer le destin. Son intérêt réside plus dans le décalage subtil entre le personnage de Camille, qui garde son corps d'adulte et sa maturité, et son environnement. Le dispositif est sur le papier totalement absurde, et pourtant on y croit à fond, tellement le sujet est bien traité au niveau des sentiments. Noémie Lvovsky réussit l'exploit de nous faire croire que ses copines de l'époque la voit jeune, alors que nous la voyons agée.
Ajoutons que ce film admirable parvient à nous faire passer de francs éclats de rire à de gros sanglots compulsifs en quelques secondes, par la grâce d'une approche qui est souvent tendre et poétique. Camille, qui sait quel jour et à quelle heure sa mère va mourir, enregistre sa voix pour s'en souvenir, et c'est tout simplement bouleversant.
Si je ne vous ai pas encore convaincu, je finirai par évoquer une nostalgie des années 80 délicieuse (ah, le vieux T-shirt des Clash !) et une pléiade d'acteurs assurant des seconds rôles à casser la baraque : Yolande Moreau, Jean Pierre Léaud, Mathieu Amalric (en prof pervers), Michel Vuillermoz, Denis Podalydès.
Camille redouble va rendre l'automne souriant et ensoleillé, profitez-en.
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