Killer Joe
Le dernier film de William Friedkin est à déconseiller aux âmes sensibles. Non pas qu'il soit outrageusement violent ou gore (à la Noé ou à la Refn par exemple) : il est simplement d'un noir absolu.
Nous pénétrons dès le début au sein d'une famille white trash du plus pur style : caravane, père d'une bêtise abyssale, belle-mère d'une vulgarité insondable, fils complètement raté échouant lamentablement dans toutes ses initiatives, fille sexy et bébête se réfugiant dans son monde secret. Tout ce laid petit monde vit en Louisiane et décide de concert de supprimer la mère (absente) pour toucher l'assurance vie. Pour cela entre en jeu un tueur glaçant, incarné par le formidable Matthew McConaughey.
Evidemment, l'histoire finira très mal.
Plus qu'un film violent, Killer Joe est une formidable machine a exposer la veulerie, la traitrise, l'imbécillité crasse, le vice et la perversion. C'est ce qui a valu au film une sortie des plus limitées aux USA.
Friedkin semble prendre un malin plaisir à torturer notre sens moral, en multipliant les scènes dérangeantes, telle celle de la fellation pratiquée sur un pilon de poulet, assez terrifiante de perversité voyeuriste - et immédiatement culte. L'innocence est maltraitée tout au long du film, puisque la jeune fille est donnée en caution au tueur qui en abuse immédiatement, avec une efficacité absolument redoutable et un brio qui rend Friedkin l'égal des plus grands maîtres du cinéma hollywoodien.
En tant que spectateur il faut bien avouer que le plaisir éprouvé à la vision de Killer Joe est un brin inavouable, mélange de sidération exaspérée et d'excitation coupable.
Pour ma part, un petit regret concernant le dernier plan : je n'aurais pas fini le film ainsi. Mais je ne suis pas Friedkin, Dieu merci.
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