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Christoblog

Articles avec #paul kircher

La venue de l'avenir

Il y a quelque chose de désarmant dans le cinéma de Cédric Klapisch : une candeur qui ne devient jamais lourde, servie par une foi immense dans le pouvoir du cinéma.

Dans cette improbable histoire qui mêle préoccupations contemporaines et plongée rétro dans le XIXème siècle , il y a une réflexion diffuse, qui ne fournit pas la matière première du film : il s'agit d'un questionnement autour de la modernité, articulé autour de la permanence des sentiments.

Adèle se confronte en effet aux innovations de son temps (la photographie, l'impressionnisme), comme ses très lointains descendants (réseaux sociaux, solitude), mais trouve sa vérité en aimant, comme d'ailleurs le feront les lointains cousins du XXIème siècle. Dans le cinéma de Klapisch, il est finalement toujours question de liens.

Le film serait donc seulement une fantaisie kitsch vaguement sentimentale si le talent de Klapisch ne parvenait à la sublimer par des parallèles charmants et un montage parfois vertigineux.  On prend au final un plaisir certain à suivre les évolutions d'un casting cinq étoiles, dans lequel j'ai envie de distinguer Suzanne Lindon, parfaitement à l'aise dans le rôle d'une jeune fille mal à l'aise, Cécile de France méconnaissable et un Paul Kircher qui me convainc ici totalement pour la première fois de sa jeune carrière.

Une guimauve, mais avec style.

 

2e

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Le règne animal

En opposition à la plupart des avis et critiques, je n'ai pas été enthousiasmé par le deuxième film de Thomas Cailley.

Si les premières scènes sont assez réussies, je trouve que Le règne animal s'égare assez vite, hésitant maladroitement entre plusieurs intentions. 

Le premier style auquel s'essaye le film est le body horror adolescent, dans lequel un jeune corps se transforme en monstre. C'est un sujet particulièrement à la mode (le film malaysien Tiger stripes, également à Cannes cette année, traite par exemple du même sujet) mais que Cailley ne maîtrise pas à mon sens. Il peine à faire ressentir le véritable malaise qui s'empare de la victime, ce que réussissait parfaitement le Teddy des frères Boukherma, dont on a parfois l'impression de voir une redite (les griffes sous les ongles, les bosses sous la peau, les poils).

Il faut dire qu'Anthony Bajon est un acteur mille fois meilleur que le transparent Paul Kircher, dont l'éternel moue boudeuse m'horripile ici autant que dans Le lycéen.

Le règne animal est aussi le portrait d'un couple père poule / enfant confronté à une catastrophe extraordinaire, comme l'est d'ailleurs le récent Acide. Mais dans les deux cas, le papa est un peu à la remorque de l'action, et comme dans le film de Just Philippot, les scènes les plus spectaculaires dans lesquelles le paternel essaye de sauver son enfant, qui devraient être des climax, sont assez mal filmées (les trucages avec l'homme oiseau sont faiblards et la course dans le champ de maïs trop longue et sans enjeu dramatique).

Dans sa valse hésitation, le film fait un peu semblant d'être une romance (Adèle Exarchopoulos erre comme un personnage en quête d'auteur) et la relation avec la mère est trop sommairement traitée pour être intéressante (on peine d'ailleurs à l'identifier).

Le ton n'est jamais vraiment établi, tour à tour poétique, voire mystique (la nature, les écailles, les plumes), humoristique, angoissant, et même sociétal (le harcèlement, l'acceptation de la différence).

Il manque au film les moyens de son ambition, trop grande pour les capacités de Thomas Cailley et son équipe : le vertige métaphysique du franchissement de la frontière entre l'homme et  l'animal n'est que le prétexte à fournir des jolies images, au lieu de constituer le coeur vibrant du film, ce qu'il devrait être.

C'est donc raté.

Thomas Cailley sur Christoblog : Les combattants - 2014 (****)

 

2e

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Le lycéen

Autant le cinéma de Christophe Honoré peut parfois m'emporter dans des élans d'enthousiasme difficilement maîtrisables (Les chansons d'amour, Chambre 212, Guermantes) autant il peut me laisser complètement froid, comme c'est le cas ici.

Le sujet du film est Honoré lui-même, puisque le lycéen, c'est lui, transposé de Rennes à Chambéry, de façon à ce que les aspects autobiographiques soient moins pesants. Perte du père dans un accident de voiture et difficile travail de deuil, éveil de la sexualité, problèmes psychologiques et premières expériences parisiennes : c'est bien l'itinéraire du cinéaste qui est ici décrit, dans une sorte de complément à sa pièce de théâtre Le ciel de Nantes.

Pour Honoré cela doit être particulièrement touchant. Pour le spectateur, le spectacle n'est pas très captivant : Juliette Binoche n'est pas convaincante (la scène de l'annonce de l'accident est mal jouée par exemple) et le jeune acteur Paul Kircher ne brille pas par son charisme (il est même énervant par moment, sans que l'on sache si c'est à dessein). Vincent Lacoste quant à lui est très bien, dans un rôle moins sympathique que d'habitude.

Le ton du film, qui hésite entre plusieurs genres (porno soft gay, chronique provinciale, drame familial, récit d'initiation, tableau parisien), ne parvient jamais à être tout à fait juste, et laisse une impression d'inachevé. 

Pas le meilleur Honoré, loin s'en faut. 

 

2e

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