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Christoblog

Articles avec #marc barbe

Les ogres

Peu de films laissent une telle impression de trop-plein épanouissant.

A bien chercher dans ma mémoire, je ne vois guère, dans des genres très différents, que La vie d'Adèle et Les chansons que mes frères m'ont apprises pour rivaliser avec Les ogres en puissance émotionnelle, ET simultanément en maîtrise technique. Ou, si on remonte un peu plus loin dans le temps, le cinéma de Cassavetes.

Léa Fehner parvient en effet ici à concilier le brio d'une mise en scène à la fois réfléchie et possédée à l'intensité des sentiments. Qui pourrait rester insensible à cet incroyable personnage de M. Déloyal, joué par l'excellent Marc Barbé, à la fois troublant, séduisant et horripilant ? La scène d'explication de la sodomie aux enfants du centre aéré restera comme un des moments les plus zarbis qu'on ait pu voir au cinéma en 2016.

A côté de ce personnage hors norme, il faut voir l'incroyable habileté de la jeune réalisatrice à laisser une place à chacun des personnages. Adèle Haenel est exceptionnelle dans un rôle qui commence à lui coller (un peu trop) à la peau, celui de la fille cash qui ne s'embarrasse pas d'états d'âmes. Mais François Fehner campe un chef de troupe charismatique, Lola Dueñas une femme fatale irrésitiblement hispanique... etc. Un des inombrables mérites du film est de laisser chacun exprimer sa personnalité. Il n'est pas un membre de la troupe qui puisse s'estimer délaissé par la caméra virevoltante de Léa Fehner.

On est tour à tour bousculé, surpris, séduit par le capharnaüm poétique de cette troupe de comédiens itinérants dans laquelle on aimerait s'incruster, et qui fait peur à la fois. La vie, le sexe, l'amour, le théâtre, les stations balnéaires, la mort, la maladie, les vaches et Tchékhov : rien ne résiste à la furia pleine de sérénité de Léa Fehner.

Le meilleur moment de cinéma de 2016. Pour l'instant.

 

4e  

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Comme un lion

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/93/98/28/20292894.jpgCurieuse coïncidence que le cinéma réserve parfois,  il se trouve que deux films récents très différents montrent la même scène : une femme sénégalaise qui arrose le pas de sa porte, lors du départ d'un proche.

Comme un lion débute donc comme Aujourd'hui, mais les deux films n'ont que ça en commun. Autant le film de Gomis se caractérise par une sensibilité à fleur de peau et une photographie somptueuse, autant le pensum de Collardey se distingue par son esthétique de reportage animalier et sa psychologie de roman de gare.

Dans cette histoire de joueur de foot africain de 16 ans exploité par des agents véreux, il n'y a guère que quelques scènes mettant en scène Jean-François Stévenin à sauver. Le reste est très faible, qu'on pense à la pitoyable prestation de Marc Barbé en joueur caractériel, à la tentative de filmer le foot en direct (avec la même conviction qu'un boucher découpe un poireau) ou aux personnages secondaires annonant leur texte comme ils le peuvent, au sein d'un scénario indigent.

En fait, tout est mauvais dans Comme dans un lion, et je mets quiconque au défi de me prouver le contraire.

 

1e

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