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Christoblog

Articles avec #mamoru hosoda

Belle

Quelle production cinématographique actuelle peut revendiquer autant de lâcher-prise, autant d'inventivité débridée que Belle ?

Aucune. Il faut l'âme d'enfant de Mamoru Hosoda, sa fascinante humilité au service de l'émotion, pour générer autant de vibrations sensorielles.

Tout n'est certainement pas parfait dans ce dernier opus, mais tout y est tellement sincère qu'on ne peut que se laisse entraîner dans le torrent d'idées qu'Hosoda parvient à brasser, mélange étonnant de quotidienneté déprimante et de rêveries fantastiques. Peu d'oeuvres sont à ce point capables de nous faire pleurer sur des idées aussi simples (et des chansons aussi vulgaires). L'art d'Hosoda, qui explosait déjà dans le fameux Summer Wars, se rend ici plus accessible, plus directement abordable.

Les quatorze minutes de standing ovation dans la salle Debussy cet été (c'est mon record à Cannes) ont démontré la puissance de l'évocation hosodienne : une magie de l'enfance est ici à l'oeuvre, mélangeant ses aspects les plus sombres et ses espoirs les plus fous. C'est sublime, jusqu'à cette fin mezzo voce, si représentative de l'état d'esprit de Hosoda, artisan de cinéma modeste et génial.

Mamoru Hosoda sur Christoblog : Summer Wars - 2010 (****) / Le garçon et la bête - 2016 (***) / Miraï, ma petite soeur - 2018 (**)

 

4e

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Miraï, ma petite soeur

A ceux qui, comme moi, ont été estomaqués par l'ampleur et le foisonnement imaginatif des films précédents de Mamoru Hosoda, Miraï, ma petite soeur pourra peut-être apparaître comme une œuvre mineure, voire décevante.

En effet ici peu d'effets spéciaux, de mondes parallèles ou de monstres protéiformes, mais la simple immersion dans la psyché d'un petit garçon de quatre ans qui vient d'avoir une petite sœur. L'exercice est donc minimaliste, et il faut l'incroyable talent de Hosoda pour tenir la distance d'un long-métrage.

Pour réussir ce qui tient d'une gageure, le réalisateur japonais (qui s'affirme de plus en plus comme le successeur de Myiazaki dans le Panthéon de l'animation nippone) utilise toutes sortes de subterfuges délicats : l'architecture incroyable de la maison qui permet nombre de pirouettes, des aller-retours dans le temps d'une grande beauté et une mise en scène très cinématographique qui joue superbement sur les cadres et la profondeur de champ.

Le résultat est un condensé de poésie et de délicatesse. A conseiller en cette période de Noël. 

Mamoru Hosoda sur Christoblog : Summer Wars - 2010 (****) / Le garçon et la bête - 2016 (***)

 

2e

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Le garçon et la bête

Les cinéastes japonais possèdent cette incroyable capacité de mêler le réalisme le plus ordinaire (ici des vues urbaines de Shibuya, le quartier le plus dense de Tokyo) à un onirisme exacerbé (ici un monde parallèle habité par les animaux).

Le jeune héros passe de l'un à l'autre par le biais d'un passage d'une grande poésie, un peu sur le mode de la voie 93/4 d'Harry Potter. 

C'est d'ailleurs dans ces aller-retours successifs entre les deux mondes que le film de Mamoru Hosoda trouve sa force, comme c'était d'ailleurs le cas dans un des films précédents de Hosoda, Summer Wars

Une autre des caractéristiques du Garçon et la bête est sa capacité à se montrer dans un premier temps à la fois complexe et très sec dans son traitement : le personnage de la Bête est peu agréable et il faudra attendre la toute fin pour que se dessine son adoucissement. On est, comme chez Miyazaki, à mille lieues des minauderies mielleuses ou des méchants franchement sadiques de l'animation US.

Les personnages de Hosoda sont complexes : les forts ne sont pas forcément gentils, les méchants peuvent souffrir et les faibles sans personnalité sont sympathiques.

Le film est donc un petit miracle d'imagination, un récit d'initiation à la fois merveilleux et réaliste : il faut aller le découvrir.

Mamoru Hosoda sur Christoblog : Summer Wars (****) 

 

3e 

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Summer wars

Superbe !

Difficile de résister au charme du dernier opus de Mamoru Hosoda (La traversée du temps).

Cela commence comme dans un Imamura : une grande réunion de famille à la campagne, avec des repas qui rappellent ceux de l'excellent Still walking, une ambiance et des images très classiques. La jeune Natsuki s'invente un petit ami, Kenji, pour faire plaisir à sa grand-mère. Wabisuke est le fils illégétime du patriarche de la famille, et il revient après avoir disparu pendant 10 ans et avoir dilapidé l'héritage. Le film montre donc une grande famille, avec chaque membre qui a sa propre personnalité (le flic colérique, le pompier, celui qui rappelle constamment les exploits antiques du clan, les enfants, le jeune geek, etc). Une savoureuse galerie de portraits.

Kenji est un prodige en maths. Un soir il reçoit un mail bizarre : une longue suite de chiffres : est-ce un défi ? Il répond le matin après avoir travaillé toute la nuit, et sans le savoir vient de donner les armes nécessaires à une monstrueuse créature sévissant dans OZ, l'univers virtuel dans lequel le monde entier peut se connecter. A partir de ce moment les intrigues entre OZ et la vieille maison familialle vont s'interpénétrer, mettant en jeu une catastrophe nucléaire, sur un mode à la fois efficace et extrêmement touchant.

L'alternance des images magnifiques de OZ, rappelant l'univers déjanté d'un Murakami, et celles, traditionnelles, d'un Japon éternel, est très stimulante.

Le scénario est travaillé, l'émotion au rendez-vous, le rire aussi. Une réussite à tout point de vue. A voir absolument si vous le pouvez, la distribution est une fois de plus confidentielle.

 

4e

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