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Christoblog

Articles avec #julie bertuccelli

La cour de Babel

A mi-chemin entre Etre et avoir de Nicolas Philibert, et Entre les murs de Laurent Cantet, La cour de Babel emprunte au premier sa bienveillance attentive et au second son environnement de collège parisien.

La particularité est que la réalisatrice pose ici sa caméra dans une classe d'accueil, qui, comme son nom l'indique, sert de sas d'entrée aux enfants étrangers, le temps qu'ils apprennent notre langue.

Filmés tout au long de l'année, les élèves serbes, sénagalais, irlandais, polonais (etc...) s'avèrent être diablement attachants. Comme c'est souvent le cas pour les documentaires bien réalisés, ils deviennent au fil du film de vrais personnages, dont on guette les réactions, qu'on apprend à connaître et dont on suit l'évolution avec intérêt. Julie Bertuccelli y révèle un vrai talent de documentariste : choix des cadres, des angles de narration, du montage. 

Elle évite l'apitoiement facile et l'émotion frelatée pour se concentrer sur l'essentiel : le travail du professeur, la découverte mutuelle, le croisement de destinées singulières. La classe devient progressivement un reflet du monde, une sorte de bulle dans laquelle la faconde irrésistible des jeunes africaines se mêle harmonieusement à la réserve d'un jeune irlandais légèrement autiste. 

Et miracle, tout ce petit monde (une expression à prendre ici littéralement) s'aime ! On pense qu'à tout moment une querelle va désintégrer la belle harmonie de la classe, mais non. Ni le sexisme, ni le racisme, ni les religions ne semblent devoir entamer durablement l'ambiance de quiétude qui règne dans la salle. La conduite à bien d'un projet artistique, le respect mutuel tendu vers un but commun (l'intégration) semble souder ces jeunes gens jusqu'à un final de fin d'année scolaire bêtement bouleversant.

Un film qui fait un bien fou et donne passagèrement envie de faire confiance au genre humain.

Julie Bertuccelli sur Christoblog : Depuis qu'Otar est parti / L'arbre

 

3e   

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Depuis qu'Otar est parti

Plutôt agréablement surpris par son second (L'arbre), je me me suis procuré le premier film de Julie Bertuccelli.

Le scénario de Depuis qu'Otar est parti est relativement simple : une grand-mère dont le fils (qu'elle vénère) est à Paris, sa fille, et sa petite-fille vivent ensemble en Géorgie. Le fils meurt : sa soeur et sa nièce cachent sa mort à la grand-mère.

Mais évidemment un mensonge de ce genre n'est jamais simple à tenir dans le temps...

Le film est avant tout un beau triple portrait de femmes de trois générations différentes : on y retrouve cette extrême attention aux acteurs, qui rend Charlotte Gainsbourg si lumineuse dans L'arbre. Il est aussi un tableau saisissant de la Géorgie d'aujourd'hui, entre souvenir du stalinisme et coupure d'électricité.

La mise en scène est épurée, souple, efficace. Julie Bertucelli fait preuve d'un sens du cadrage très sûr. Le montage alterne temps forts et plages plus contemplatives. Un beau film, qui aurait peut-être gagné à être un poil plus nerveux. Il a collectionné les récompenses dans beaucoup de festivals, grand prix de la semaine internationale de la critique à Cannes et César de la meilleure première oeuvre en 2003. 

Après la Géorgie (que Julie Bertuccelli a appris à connaître en tant qu'assistante d'Otar Iosseliani) et l'Australie, où la réalisatrice nous entrainera-t-elle pour son troisième film ?

 

2e

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L'arbre

Il y a une certaine jouissance à voir un film de facture classique, qui ne cherche pas midi à 14h, qui se contente de raconter une histoire avec de bons acteurs, une belle photo et une mise en scène discrète.

Nous sommes en Australie, dans les paysages absolument magnifiques de l'outback. Une famille heureuse :  Dawn (étonnante Charlotte Gainsbourg), Peter, et leurs quatre enfants.

Peter meurt brutalement. Dawn et ses 4 enfants vont réagir chacun différemment, Simone pense que son père s'est réincarné dans l'arbre immense qui domine la maison, elle en parle à sa mère qui va progressivement y croire - ou en tout cas faire semblant. Dawn rencontre un homme. L'arbre semble se manifester de plusieurs façons : en envoyant ces habitants (grenouilles, chauves-souris) dans la maison, en laissant des tomber des branches, en faisant du bruit, en défonçant des canalisations avec ses racines...

Le film est avant tout l'histoire d'un deuil. Le gigantesque arbre symbolise parfaitement cette présence qui refuse de se laisser gommer, il agit comme un aimant et un miroir : il en attire certains et chacun voit ce qu'il veut y voir. La réalisatrice Julie Bertucelli trouve le ton juste pour évoquer cette histoire, grâce à une mise en scène fluide et élégante, une photo somptueuse et un montage très efficace. Le début est ainsi frappant d'efficacité sèche et douce à la fois. Vers le milieu du film, il y a une petite période d'enlisement provisoire, avant la fin qui retrouve le punch du début, jusqu'à un dernier plan très beau. Elle évite avec brio le piège du pseudo film fantastique. Le film n'est toutefois pas tout à fait exempt d'une certaine mièvrerie et son scénario est un peu trop prévisible mais au final, c'est une réussite que je conseille d'aller voir. J'oubliais : la petite actrice qui joue Simone est remarquable.

 

2e

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