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Christoblog

Articles avec #bruce dern

Nevada

Le premier film de Laure de Clermont-Tonnerre vaut principalement par son aspect documentaire. Les images de grands espaces américains sont magnifiques, les mustangs sont très bien filmés et le visage même de Matthias Schoenaerts semble être un objet que la caméra décrit avec attention et objectivité.

Nevada, qui s'intéresse à un programme de rééducation des détenus par le dressage de chevaux, est tourné dans le pénitencier qui accueille ce programme, et certains de ses acteurs sont d'anciens détenus. Tous ces éléments contribuent à donner au film une patine à la fois brute et très séduisante.

Le rapport du personnage à son cheval est évidemment cousu de fil blanc (le cheval sauvage comme allégorie de la liberté, le dressage comme une thérapie conduisant à la maîtrise - et l'estime - de soi), mais l'interprétation de Schoenaerts est tellement habitée qu'on se laisse embarquer dans cette belle histoire, même si les quelques péripéties carcérales n'ont guère d'intérêt.

Un beau film à ranger aux côtés du magnifique The rider de Chloé Zhao dont il est proche par le style et les thématiques abordées.

 

2e

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Les huit salopards

Il n'y a pas beaucoup de cinéastes dont j'ai vu tous les films, mais Tarantino fait partie de ceux-là.

Après l'euphorie de la découverte générée par Reservoir dogs et Pulp fiction, la saga tarantinesque m'avait déçu à petit feu.

C'est donc avec beaucoup d'a priori négatifs que je suis aller voir le huitième opus : méfiant, contrarié, en partie conditionné à être déçu, inquiet de m'ennuyer pendant 2 heures et 48 minutes.

Et, magie du cinéma, nouvelle preuve que les mauvais augures de la critique ne préjugeront jamais du ressenti que peut procurer un film, j'ai beaucoup aimé.

En premier lieu, la mise en place est longue et verbeuse. Certains amoureux de l'hémoglobine instantanée s'ennuieront, mais j'ai trouvé ces scènes d'exposition délicieuses, intrigantes et presque shakespeariennes. On retrouve dans la politesse à la fois obséquieuse et stupide des dialogues ce qui fait le charme du cinéma de Tarantino : les acteurs (tous excellentissimes) se délectent. Ils savourent chacune des répliques, la mâchonnant, la mimant, l'exagérant. Tarantino est avant tout un admirable directeur d'acteurs.  

Côté mise en scène, on n'est pas loin de la perfection. Mouvements de caméra insensés, montage au micron, sens du cadre absolu (comme on parle d'oreille absolue). Le scénario intrigue, émoustille, surprend.

Tarantino propose un divertissement total, intelligent et maîtrisé, comme une sorte de loooong expresso allongé. Il faut certes souffrir quelques tics maisons (des bras seront coupés et des têtes explosées), et un manque d'originalité indubitable, mais la densité de matière cinématographique garantit le plaisir du cinéphile.

Quentin Tarantino sur Christoblog : Inglourious Basterds (**) / Django unchained (****)

 

3e 

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Nebraska

Ce n'est pas seulement parce que le dernier film d'Alexander Payne porte le même nom qu'un des meilleurs albums de Bruce Springsteen que je l'adore (le film fait au Boss un clin d'oeil que je vous laisse détecter). 

C'est aussi parce que tout en lui me plait. Son incroyable noir et blanc, à la fois précis et parfois un peu délavé. Ses acteurs, dont la palette de jeu varie magnifiquement (Bruce Dern, Prix d'interprétation mérité à Cannes !). Ses paysages stupéfiants de beauté. Ses péripéties qui allient humour, tendresse, causticité et pudeur.

Je prévois que bien peu partageront l'entièreté de mon enthousiasme, mais pour tout dire, je pense que j'ai avec Alexander Payne une relation très particulière : son cinéma ma parle directement au coeur, ses choix me paraissent évidents, en un mot comme en cent, je pense qu'il réalise le type de film que j'aurais moi-même aimé réaliser si j'avais été cinéaste.

Le  film paraîtra lisse à certains, qui ne verront pas la fabuleuse délicatesse de la palette de sentiments qu'il expose. Il constitue aussi une plongée dans l'Amérique profonde et enfin, il est d'une drôlerie macabre et réjouie, à l'image de cette scène sublime dans laquelle la mère soulève ses jupes au-dessus d'une tombe en déclarant : "Regarde ce que tu as raté".

Hilarant, cruel, émouvant, Nebraska est un concentré de gouaille lucide, et comme toujours chez Payne, les sentiments les plus forts circulent avec une douce violence sous une surface limpide. C'est un film merveilleux.

 

4e

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Twixt

A la sortie du dernier Coppola, on n'a guère le choix qu'entre la note maxi (si on est sensible au génie sous-jacent du film) ou la note mini (si on considère que ce génie n'est que sous-jacent)

Je suis pour ma part dans le deuxième cas, et je le regrette, car j'étais tout à fait disposé à aimer le film, et même à l'encenser, à la suite d'un Tetro qui m'avait ravi, à ma grande surprise.

Malheureusement, Twixt est d'un ridicule consommé. Tourné avec trois francs six sous, il propose une imagerie de carton pâte, cherchant en vain une esthétique qui se situerait à mi-chemin de David Lynch (les jeunes filles mortes, l'ambiance bizarre, les rideaux rouges) et Tim Burton (les gothiques, les arbres tordus, la pleine lune) : autrement dit nulle part.

Le scénario est complètement bâclé, à l'image de la fin, et le film ressemble curieusement à un film de fin d'étude, certes zébré d'éclairs de génie (ces cadres !), mais complètement bancal et bourré de facilités. Les jeunes filles entourant le beau garçon maquillé sont par exemple absolument ridicules. Le script est tiré d'un rêve que Coppola a fait à Istanbul, et on aurait souhaité qu'il soit un peu plus travaillé, d'autant plus que Van Kilmer propose un personnage attachant, sorte de Stephen King au rabais cherchant l'inspiration.

La présence d'Edgar Allan Poe finit par donner à Twixt un air de Minuit à Paris freak, ce qui sous ma plume, n'est pas un compliment. A éviter donc.

 

1e

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