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Articles avec #afghanistan

Nothingwood

Je suis prêt à parier que vous ne connaissez pas Salim Shaheen.

Il vous faut donc aller voir ce petit bijou documentaire découvert à la Quinzaine des Réalisateurs 2017. Salim est une gloire du cinéma afghan : sorte de mogul d'un cinéma de série Z, inspiré par Bollywood, mais tourné avec deux accessoires et beaucoup de bonne volonté (d'où le titre).

La réalisatrice Sonia Kronlund nous intrigue, nous émeut et nous amuse. L'enthousiasme de Salim Shaheen est à la fois risible et admirable : ce qu'il fait est en matière de cinéma en-dessous des minima de toutes les normes esthétiques connues chez nous, mais l'émotion qui nous étreint au vu de sa volonté farouche de tourner est à l'inverse supérieure à ce que la plupart des films peuvent nous procurer. Que Salim soit à la fois colérique, éruptif, démagogue, cabotin et caractériel ajoute au plaisir qu'on éprouve à le regarder travailler.

A travers ses portraits sobrement esquissés, ses coup d'oeil donnés dans l'intimité de la société afghane, son aspect de road movie improvisé, Nothingwood réussit ce qu'on demande à tout documentaire : donner à voir et émouvoir, notamment quand il apparaît clairement que Shaheen et ses collaborateurs jouent simplement leur vie pour faire du cinéma en Afghanistan.  

A ne pas rater.

 

3e

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Wajma, une fiancée afghane

http://fr.web.img2.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/pictures/210/040/21004019_20130507155753764.jpgIl n'est pas courant de voir un film afghan, et en ce qui me concerne, il s'agit même de la première fois.

Wajma est une adolescente éduquée d'une façon plutôt moderne par ses parents : elle poursuit des études de droit, ne porte qu'un simple voile et se déplace relativement à sa guise.

Wajma rencontre à un mariage un jeune homme dont elle tombe amoureux, Mustapha, et de rencontres en câlins... tombe enceinte.

Dès lors, l'honneur de la famille est souillé. La descente aux enfers de Wajma commence lorsque son père, qui travaille au déminage du pays, rentre au domicile familial.

Avec des moyens visiblement très réduits, le réalisateur Barmak Akram (qui vit à Paris et a déjà réalisé L'enfant de Kaboul) parvient à réaliser un film très maîtrisé, bien découpé et bien interprété. Dans un Kaboul gris et enneigé, on suit d'abord avec curiosité la naissance d'une relation amoureuse, puis avec une stupéfaction désespérée une tragédie implacable.

Le film est d'autant plus intéressant qu'il présente le poids des traditions non pas dans un milieu hyper-traditionnaliste, mais plutôt dans un milieu ouvert. Rigoureux, efficace, parfois éprouvant, Wajma impose l'Afghanistan dans le paysage du cinéma mondial. Il représente son pays dans la course aux Oscars.

 

2e

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Syngué sabour - pierre de patience

http://fr.web.img1.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/93/80/62/20302906.JPGSyngué sabour est un bon film, le tout est de savoir à quel point.

D'abord, je craignais qu'Atiq Rahimi, écrivain adaptant son propre roman Prix Goncourt 2008, soit réalisateur comme moi je suis blogueur. Mais non, il est vraiment doué, et le film propose une mise en scène soignée, bien qu'un peu trop sage.

Ensuite j'attendais beaucoup de l'actrice Golshifteh Farahani, qui crevait l'écran dans le très bon film de Farhadi, A propos d'Elly, et là, je dois le dire, le film est un enchantement. Il repose entièrement sur elle, et elle arrive à être sublime tout du long, en tant qu'actrice bien sûr, mais aussi en tant que tableau vivant. Belle comme une Madonne.

Rappelons brièvement le propos : une femme parle à son mari qui est totalement paralysé avec une balle dans la nuque, sur fond de guerre, en Afghanistan. Progressivement elle arrive à lui dire de bien lourds secrets, notamment d'ordre sexuel. Quelques micros évènements viennent interrompre le monologue (ou plutôt le dialogue avec le silence comme aime à le dire Rahimi). Des allers-retours entre le domicile de l'héroïne, austère et dévasté, et celui de sa tante, chaleureux et sensuel, rythment le récit.

C'est superbement photographié, relativement bien monté, franchement prenant à certains moments, notamment dans quelques flash-backs bien amenés. Mais c'est aussi un peu (beaucoup) prévisible et parfois maladroit, surtout vers la fin. A certains moments le film présente des longueurs.

Syngué sabour amène à considérer la place de la femme dans l'islam sous un angle une fois de plus extrêmement préoccupant, quelques jours après Wadjda.

Bon, comme j'ai décidé d'être gentil en 2013, je pousse la troisième étoile au forceps, pour les beaux yeux de Golshifteh, et donc en totale contradiction avec l'exigence cinéphilique qui me caractérise habituellement.

 

3e

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