Les aventures de Tintin : le secret de la Licorne
N'étant pas tintinophile invétéré, mon avis sur la dernière production de Spielberg ne se résumera pas à répondre à la question : le film est-il fidèle à la BD ?
Sur ce point, je suppose qu'on pourra gloser quasiment à l'infini, autour du thème "Bien sûr que non". En résumé je dirais que sur la forme, l'américanisation est évidente (ajout de scènes de poursuite dignes d'Indiana Jones, gommage du contexte historique, perte d'éléments liés spécifiquement au langage), alors que le fond me semble assez bien intégrer l'esprit d'Hergé.
Le personnage de Tintin est aussi insipide que dans les livres et son animation en motion capture ne m'a pas paru entièrement satisfaisante. Son regard semble trop souvent perdu dans le vague, son grain de peau n'est pas très naturel et les gestes de ses mains sont parfois empruntés.
Le capitaine Haddock est par contre très réussi. Tout à fait politiquement incorrect (surtout pour les Américains) avec son alcoolisme invétéré, il donne une qualité spécifique à toutes les scènes dans lesquelles il figure, grâce au savant mélange d'états d'âme dépressifs et de fierté marine qui fait sa marque de fabrique.
La dynamique du scénario trouve d'ailleurs toute sa force dans la relation étroite (et somme toute incompréhensible) qui se noue entre ces deux personnages que tout oppose. Les seconds rôles sont bien utilisés (la Castafiore, Sakharine, les Dupondt). L'animation de Milou est particulièrement convaincante, même si ses poils sont comme d'habitude en animation peu réalistes. Il copie à la perfection les attitudes canines, tout en ayant l'intelligence d'un être humain.
Le film est émaillé de morceaux de bravoures très efficaces dont mes deux préférés sont le souvenir du combat de l'ancêtre de Haddock sur son bateau (le montage alterné est une splendeur) et la première poursuite qui mène aux docks, simple, amusante et originale. On parlera sûrement beaucoup de la poursuite dans la ville arabe, qui est éblouissante, mais presque trop pour mon goût.
Au final, une bonne soirée en famille et un divertissement haut de gamme.
Pour plus d'éléments de contexte je signale l'excellent article du Monde qui raconte l'histoire des rapports de Tintin et de l'Amérique en général, et de Spielberg et Hergé en particulier, qui se seront croisés fin 1982, début 1983.
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