Le mur invisible
Une sorte de nouvelle passion morbide pour le cinéma autrichien, que je ne partage avec personne de raisonnable, je dois bien le reconnaître, m'a poussé à aller découvrir le film de Julian Roman Pölsler : Le mur invisible. En réalité, je dois dire que c'est également le pitch du film, tiré d'un roman de Marlen Haushofer, Die Wand, qui m'a attiré.
Une femme se rend chez des amis, dans un chalet complètement isolé en montagne, et se trouve inexpliquablement séparé du reste du monde par un mur invisible, au-delà duquel le monde semble s'être figé. Elle doit apprendre à survivre dans les bois, accompagné de quelques animaux, sans savoir ce qui s'est passé au-delà du mur.
La première partie du film est très belle. Nous faisons d'abord connaissance avec le prersonnage de la femme, joué par l'excellente Martina Gedek, puis nous la suivons avec un ravissement perplexe dans sa découverte du mur. Le film réserve ici ses plus belles séquences, empreintes d'une sorte d'étrangeté très travaillée. Le mur en lui-même est réellement invisible, et les contacts de la femme ou des objets avec sa consistance froide et lisse donne lieu à des images surprenantes. Un très beau travail sur le son renforce le sentiment de bizarre. Pölsler montre la nature avec un brio assez étonnant qui évoque en vrac, Stephen King, Terence Malick ou Pascale Ferran.
Le film prend ensuite un tout autre tour qui le fait quitter complètement le rayon SF pour le faire entrer dans la catégorie introspection métaphysique. L'exploration méthodique du mur n'a donc pas lieu, ce qui a dérangé mon esprit d'explorateur de merveilles inexpliquées, et laisse place à de longs monologues sur la condition de l'être humain dans la nature, et de ses relations avec les animaux.
Du coup, bien que toujours très beau, le film m'a paru de plus en plus ennuyeux, jusqu' à un final qui m'a un peu désolé (mais je ne peux pas en dire grand-chose sans déflorer le film, ce que je ne fais habituellement pas, sauf en cas d'antipathie résolue ou de haine féroce envers le réalisateur).
Je résume donc pour les fainéants, qui ne lisent que le début et à la fin de mes articles : un début en fanfare, une nature magistralement filmée, un essouflement progressif, une fin ratée.
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