Cannes 2012 : mon bilan
Premier constat, les 5 premiers films de mon classement (cf ci-dessous) sont réalisés par des Français. Tant mieux, d'autant que je parie sur un gros succès en salle de Camille redouble, tant le film est à la fois émouvant et drôle, un peu à l'image de La guerre est déclarée. L'accueil du public cannois semble d'ailleurs avoir été le même dans les deux cas.
Deuxième évidence, la sélection officielle était d'un faible niveau cette année. Trop de films US mainstream et peu originaux (Lawless en est l'exemple type, et sa présence en compétition est même choquante). Trop de ratages pour ceux qui tentent (Reygadas, Cronenberg, Kiarostami). Toute la sélection semble d'ailleurs marquée par un manque évident d'originalité (dans les scénarios, les sujets traités, la mise en scène), dont le symbole pourrait être La chasse, un film dont chaque plan annonce le suivant. Pas d'humour non plus, ni de films de genre. Tout cela fait à dire vrai un peu vieillot et triste. Le joyau Holy motors heureusement a sauvé la semaine, comme l'intelligence et l'audace du jeune Resnais (90 ans !). Mungiu et Losnitza sont deux grands réalisateurs, et leur propos, presque métaphysiques, ont une profondeur qui les démarquent des autres concurrents. Leur deux films, bien que trop longs, resteront dans les mémoires.
Troisième point : les sections parallèles sont apparues du coup comme des réservoirs d'excitation et de découvertes. La Quinzaine des réalisateurs en particulier a joué avec un franc succès la carte de l'humour avec des films à la fois amusants et profonds. Camille redouble, The we and the I, Rengaine, Sightseers et No font rire, sourire, et réfléchir à des degrés divers. De même, les films qui ont fait le buzz sur la Croisette se trouvaient plutôt à Un certain regard qu'en sélection (Les bêtes du Sud sauvage de Benth Zeitlin, Antiviral de Brandon Cronenberg, Laurence anyways de Xavier Dolan, Le grand soir de Délépine / Kervern). Si Thierry Frémeaux avaient mis ces quatre là en sélection, cette dernière aurait pris un bon coup de jeune.
Et maintenant mon classement, en attendant la Palme ce soir (qui devrait en toute logique aller à Carax, mais dont je crains qu'elle ne soit attribuée au clip promotionnel pour l'euthanasie d'Haneke) :
Holy motors, de Léos Carax
Camille redouble, de Noémie Lvovsky (QR)
The we and the I, de Michel Gondry (QR)
Vous n'avez encore rien vu, d'Alain Resnais
Rengaine, de Rachid Djaïdani (QR)
Au-delà des collines, de Christian Mungiu (prix du scénario et double prix d'interprétation féminine)
Dans la brume, de Serguei Losnitza
In another country, de Hong Sang-Soo
La part des anges, de Ken Loach (prix du jury)
The paperboy, de Lee Daniels
Sightseers, de Ben Wheatley (QR)
No, de Pablo Larrain (QR)
Io e te, de Bernardo Bertolucci (HC)
Le repenti, de Merzak Allouache (QR)
Gimme the loot, d'Adam Leon (UCR)
Gangs of Wasseypur, de Anurag Kashyap (QR)
For love's sake, de Takashi Miike (HC)
Noor, de Cagla Zencirci et Guillaume Giovanetti (ACID)
Mud, de Jeff Nichols
Trois mondes, de Catherine Corsini (UCR)
Amour, de Michael Haneke (Palme d'or)
Lawless, de John Hillcoat
Cosmopolis de David Cronenberg
Le goût de l'argent, de Im Sang-Soo
La chasse, de Thomas Vinterberg (prix d'interprétation masculine)
La Sirga, de William Vega (QR)
Sur la route, de Walter Salles
Miss lovely, de Ashim Ahluwalia (UCR)
3, de Pablo Stoll Ward (QR)
Post tenebras lux, de Carlos Reygadas (prix de la mise en scène)
Like someone in love, d'Abbas Kiarostami
HC : Hors compétition
UCR : Un certain regard
QR : Quinzaine des réalisateurs
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